Sauf dans les pages sévères de l'Histoire, les faits mémorables se passent de phrases mémorables ... Notre situation était unique, et, à vrai dire, nous n'y étions pas préparés. Nous avons, fatalement, parlé de littérature ...
Le livre de sable
… thy rope of sands…
George Herbert (1593-1633)
Il ouvrit sa valise et posa l’objet sur la table.
C’était un volume in-octavo, relié en toile. Il
était sans aucun doute passé par bien des
mains. Je l’examinai ; son poids insolite me
surprit. En haut du dos je lus Holy Writ et en
bas Bombay.
— Il doit dater du dix-neuvième siècle,
observai-je.
— Je ne sais pas. Je ne l’ai jamais su, me
fut la réponse.
Je l’ouvris au hasard. Les caractères
m’étaient inconnus. Les pages, qui me paru-
rent assez abîmées et d’une pauvre typogra-
phie, étaient imprimées sur deux colonnes à la
façon d’une bible. Le texte était serré et disposé
en versets. À l’angle supérieur des pages figu-
raient des chiffres arabes. Mon attention fut
attirée sur le fait qu’une page paire portait, par
exemple, le numéro 40514 et l’impaire, qui
suivait, le numéro 999. Je tournai cette page ;
au verso la pagination comportait huit chiffres.
Elle était ornée d’une petite illustration,
comme on en trouve dans les dictionnaires :
une ancre dessinée à la plume, comme par la
main malhabile d’un enfant….
p.138-139
Il était intelligent mais il avait tendance à prendre les choses au sérieux, y compris les congrès et l'univers, qui n'est peut-être lui-même qu'une plaisanterie cosmique
Je suis féministe, dit-elle. Je ne veux pas imiter les hommes. Je n'aime ni leur tabac ni leur alcool.
L'oubli et la mémoire sont également inventifs.
L'Angleterre nous appartenait et nous l'avons perdue, si tant est qu'on puisse posséder quelque chose ou que quelque chose puisse se perdre.
Inglaterra fue nuestra y la perdimos. Si alguien puede tener algo o algo puede perderse.
Après un quart d'heure de marche, nous prîmes à gauche. J'aperçus au loin une sorte de tour, surmontée d'une coupole.
- C'est le crématoire, dit quelqu'un. A l'intérieur se trouve la chambre de mort. On dit qu'elle a été inventée par un philanthrope qui s'appelait, je crois, Adolf Hitler.
Je pensai au feu ,mais je craignis que la combustion d'un livre infini ne soit pareillement infinie et n'asphyxie la planète par sa fumée.
Cependant de nombreux adeptes professent que, s'il n'y a pas sous le soleil un seul homme qui n'ait regardé une femme au point de la désirer, nous sommes tous adultères. Et si le désir n'est pas moins coupable que l'acte, les justes peuvent se livrer sans risque à l'exercice de la luxure la plus effrénée.
Les mots sont des symboles qui postulent une mémoire partagée.