AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,4

sur 25 notes
5
4 avis
4
2 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
2 avis
Le rythme de ce texte fait qu'on le lit dans un état quasi hypnotique. Il y a du chamane chez cet auteur qui rappelle à lui tous les esprits des morts (sa mère, Babania sa grand-mère dont il sera séparé, son grand-père qui songe devant le feu aux neiges de Finlande où il s'est battu....), qui évoque des épisodes cruels de sa vie, des souvenirs plus ou moins lointains entre rêve et réalité, des animaux (Ami le chien, les chats, un renard, un faucon...) Surgissent par jets, par saccades des scènes qui l'ont marqué, qu'il éructe, vomit et d'autres qu'il murmure, empreintes d'une grande douceur et de tendresse. Il souffle le chaud et le froid. Brûlure à chaque fois, brûlure du chaud, brûlure du froid.

Je l'imagine se balançant tout en scandant son texte dans une sorte de transe. Captée par ce chant heurté, j'ai poursuivi cette lecture violente, envahie d'une infinie tristesse et d'une grande poésie, dans un mélange d'angoisse et de fascination. On en ressort étourdi, sonné, vidé.
Commenter  J’apprécie          320
Les premières phrases en rebuteront certainement plus d'un (« Je me masturbai quand mon père a appelé. J'avais pas la force e me lever pour baisser le son du porno. Il y avait même un chien joyeux comme un jeune ours et une femme qui avidement gobait son sperme »). Pourtant, derrière cette entrée trash se cache un long monologue où les morts se mettent à table et bousculent les paysages : de la steppe aux faubourgs parisiens, le narrateur convoque les fantômes de son univers familial, leurs pourritures, leurs blessures à vif.

Les tableaux s'enchaînent sur un rythme saccadé, syntaxe violée, vocabulaire craché, créant, à grand renfort d'ombres, un univers étrange où réel et cauchemars se culbutent joyeusement. Au lecteur de se le laisser guider, non par le fil du récit (il n'y en a pas), mais bel et bien par la langue qui l'entraîne, syncopée, haletante au plus loin de la folie et de l'enfance du narrateur. Une lecture difficile, donc, pour le plus grand nombre, mais qui propose une expérience stylistique intéressante qui ne pourra que saisir viscéralement ceux qui parviendront à s'y abandonner.
Lien : http://www.delitteris.com/in..
Commenter  J’apprécie          110
Après deux géants des lettres russes, Pouchkine et Soljenitsyne, je voulais faire un billet sur un auteur russe contemporain.
J'ai hésité entre deux auteurs Vladimir Sorokine qui m'avait estomaqué avec Roman et qui m'a énormément plu avec Tourmente son dernier roman chez Verdier mais je prends le risque de vous parler d'un auteur inconnu, ahurissant, russe mais écrivant en français et auteur d'un petit livre tout à fait stupéfiant.
Tout au long de ma lecture j'ai hésité, j'ai été tentée de fermer ce livre : illisible mais toujours je l'ai rouvert pour rattraper cet auteur sur sa route vers les steppes et le passé.

Premier avertissement les premières pages peuvent rebuter, mais allez y continuez cela vaut la peine
Un retour vers le passé et la famille :
la mère rongée par la culpabilité liée à son métier, elle a avorté des femmes et voit dans ses cauchemars les âmes des enfants jamais nés « Elle était faite pour soigner les morts. Son chef c'était la mort (...) et elle attendait que la mort vienne la soigner. »

L'auteur nous invite à un bal des revenants : le grand-père alcoolique qui a fait deux guerres « dans les forêts de Finlande » la grand-mère babouchka bienveillante « toi Babania ...Toi ma vieille vielle grand-mère. Tant de gens ne savent pas que tu as vécu. »
Le père violent et autour d'eux la steppe « dans la steppe en hiver - l'agonie. Dans ce blanc - l'agonie. »
Tout vient s'entrechoquer : les saisons, l'Arctique, les amis, la prison, la guerre et par là-dessus la poésie plane « Et puis l'odeur du coucher de soleil. L'odeur du soleil endormi. Et l'herbe presque bleue. »
On perçoit dans les phrases haletantes les cris de douleur jusqu'à l'intolérable, la rage absolue, les mots vidés de leur sens, et l'on se sent tanguer à la lecture de ce texte qui interpelle chacun

« Toute la vie on cherche... Quelqu'un. Qui nous vivra après. Qui après notre mort recueillera notre âme. Quelqu'un devant qui t'as pas honte de crever. Quelqu'un à qui tu feras confiance quand il te murmurera - t'es mort. »

A ce repas de funérailles nous sommes convié comme à une descente en enfer. C'est comme s'inviter à l'intérieur d'un tableau de Jérôme Bosch.
Un écrivain qui crache, qui vomit les mots, un récit autobiographique aux antipodes des textes nombrilistes, Dimitri Bortnikov torture notre langue, il invente avec lyrisme, il nous choque au point de ne pas pouvoir oublier sa prose fascinante.
A lui plus qu'à tout autre on peut appliquer les mots de Kafka :
« Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous » à cela je laisse répondre Bortnikov « Deux ans de pôle Nord. Deux ans sur les rives du Styx glacé. Blanc à perdre la vue. Glaces…Je transe. »

Lisez ce livre difficile d'accès certes mais dont la libre écriture explose ligne après ligne, Bortnikov l'insoumis qui nous emporte de la Steppe glaciale à un Paris de solitude dans un long monologue.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          100

Lecture compliquée, je devais être mal luné car dès que je touchais à ce livre j'étais pris d'une envie de le reposer.
Aucune structure, un langage parfois obscur, pas de chronologie précise, il est dur de s'y retrouver, et je ne sais même pas si l'auteur l'a pris en compte.
Le style est saccadé, la ponctuation surchargée de points de suspension, il ne s'agit pas d'un récit mais d'un assemblage de phrases jetées au visage du lecteur ou du monde de façon plus indéfinie.
Mais,
des émotions grandioses, un glauque dérangeant, une tristesse déchirante, des personnages écorchés vifs, des pensées désespérées et qui nous offrent un questionnement continuel sur la déchéance, le temps qui passe inéluctablement, notre perte de prise avec le réel progressivement pour idéaliser le malheur, l'universaliser.
En cela c'est une lecture réussie. Mais que ce fut dur, le lecteur finit aussi torturé que son auteur.
Commenter  J’apprécie          60
J'en suis encore sans mots....J'ai eu l'impression de voir des tableaux de Bosch tout au long de la lecture....Des mots crachés, violents et la réalité à cru...
Commenter  J’apprécie          40
C'est un roman long à lire malgré si peu de pages. Il faut dire que l'auteur a réinventé la ponctuation (vraiment.) Si au début on y entre comme un train dans un tunnel, à force, ça fatigue, on perd le fil, faut s'habituer à ce rythme haché. Essoufflé.
C'est vulgaire et tumultueux. On est perdu dans les pensées de l'auteur (ou du narrateur ? Est-ce biographique ? Disons autofiction ?) et ses idées ne sont pas très nettes. Est-il totalement défoncé ? Est-ce l'effet voulu, cette insaisissable impression ?

En tout cas, voilà, je tente de décrire un OVNI total. C'est assez gore, il ne recul pas pour nous montrer du sang, ou des choses baissements humaines. le narrateur nous trâce sa vie de manière très crue, si bien qu'on s'y perd en chronologie : il joue avec les associations d'idées, bien que le récit semble garder une cohérence temporelle. Parfois, on se demande s'il ne raconte pas des faits qui se sont produits avant lui, l'Histoire de son père ? Une histoire familiale ? On ne sait que trop, on saisi des premiers amours, la guerre, l'hôpital, sa grand mère… Une certaine peur de mourir, ou serait-ce l'inverse ? La peur de ne pas rejoindre assez vite ceux partis trop tôt ?
Dans toute cette vie qui semble pauvre et sale, on a du mal à comprendre comment il a réussi à sortir de son gourbi pour aller à Paris. On ne suit pas vraiment ce qu'il se passe, on suit le parcours brumeux, sans ce questionner, pas le temps, le rythme haché du roman nous presse.
Lorsqu'on le termine, on n'est pas sûr de l'avoir compris, c'est moins que sortir d'un rêve, plutôt ressortir d'un instant sous acide. Et ce narrateur, personnage principal dont on vient d'accompagner la vie, reste une ombre noire. Comme toutes les ombres qui l'entourent, ses morts, ses fantômes, ses souvenirs, et avec lesquels on a voyagé et à qui il semble rendre un certain hommage, seulement en écrivant ce livre, et racontant leurs histoires communes.
Commenter  J’apprécie          20
Je ne sais pas s'il faut crier "au génie" ou "à la folie !". Avertissement "Lecture pour adulte".

Ce roman puissant est difficile d'accès et j'ai failli abandonner dès les premières pages. Auparavant, j'avais lu "le syndrome de Fritz" traduit du russe. Cette fois-ci l'auteur écrit dans notre langue.

Nous sommes conviés à un repas de funérailles (en Russie) : c'est une véritable descente aux enfers. le style rappelle Céline et les évocations un tableau de Jérôme Bosch.
Le style est torturé, saccadé comme des convulsions. Dim (narrateur et auteur) crache ses souvenirs dans une écriture angoissante et fascinante et convoque tous ses morts : le grand-père alcoolique qui a fait deux guerres, la grand-mère babouchka aveugle et bienveillante, le père violent, les troufions morts dans le grand Nord ... et la steppe !
Commenter  J’apprécie          10
C'est le premier que Dmitri Bortnikov écrit directement en français (il habite en France depuis 2010), dans un style très très spécial, que ce soit dans la forme, le style ou la syntaxe : abondance de point de suspensions, de coupures avec des séries de ---, des phrases très courtes entrecoupées de plus longs passages... Un récit haché qui n'arrête pas de passer du coq à l'âne, du présent à un passé plus ou moins lointain, je n'ai pas du tout accroché...
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          10
Ce livre m'est complètement passé par dessus la tête. Je n'ai rien compris et le style saccadé, direct, en mode soliloque m'a horripilé.

Je lisais dans le train ce matin et j'étais au deux tiers du livre quand je suis arrivé en gare.
Signe qu'il était temps que j'arrête les frais, j'ai oublié le livre sur la banquette. Si ça peut servir à un lecteur plus tenace que moi...

31 janvier 2012
Commenter  J’apprécie          10
De ce long monologue on peut retenir que :
- Les premiers paragraphes trop virilo : « Je me masturbais quand mon père a appelé. J'avais la force de me lever pour baisser le son du porno. Il y avait même un chien joyeux comme un jeune ours et une femme qui avidement gobait son sperme »
- La quatrième de couv' qui n'en dit pas trop sur le livre : « J'ai rien à faire là »
- le prix relativement modique : 9€
Pour en savoir plus :
Lien : http://prixvirilo.com/2011/0..
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (53) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}