Ai-je lu ce classique jeunesse lorsque j'étais enfant ? Je n'en suis pas si sûre, mais il me semble bien, comme beaucoup d'écolières de ma génération, avoir peiné sur des dictées qui en étaient extraites. Et gare aux fautes d'orthographe !
Roman d'apprentissage, livre d'aventures, ode à la nature et à la Provence chère à
Henri Bosco, ce récit, un peu désuet, semble être d'un autre temps, une époque où les gens vivaient simplement et où les saisons rythmaient leur quotidien.
C'est l'histoire de Pascalet, qui vit paisiblement avec ses parents et sa vieille
tante Martine, à la campagne dans une petite métairie isolée au milieu des champs.
« Autour de nous » précise le narrateur, « on ne voyait que champs, longues haies de cyprès, petites cultures et deux ou trois métairies solitaires".
Un paysage monotone et un peu tristounet pour un enfant de l'âge de Pascalet. « Mais au-delà coulait une rivière » : la Durance puissante, large, tourbillonnante et mère de tous les dangers. Un interdit absolu pour l'enfant. Son père l'avait prévenu. « Je te défends de courir du côté de la rivière » ; et sa mère avait ajouté : « A la rivière mon enfant, il y a des trous morts où l'on se noie, des serpents parmi les roseaux et des bohémiens sur les rives. » de quoi attiser la curiosité et l'imagination de l'enfant et lui donner une envie insoutenable de braver l'interdit… et c'est bientôt ce qui va advenir.
Le narrateur « devenu presque un vieil homme » va nous conter avec nostalgie son aventure incroyable sur la rivière, il n'a rien oublié, et ces quelques jours de sa jeunesse resteront à jamais gravés dans sa mémoire : d'abord la peur liée à son isolement et à la découverte de bohémiens menaçants, puis sa rencontre avec Gatzo cet adolescent mystérieux et débrouillard qui va lui apprendre les rudiments de la vie en pleine nature tels pêcher, faire du feu pour cuire ses aliments, observer, se repérer, naviguer prudemment sans se faire voir...
Une amitié naissante mais sincère et un environnement naturel idyllique sublimé par les fines et délicates illustrations (hélas en noir et blanc) de Georges
Lemoine et surtout par la belle écriture d'
Henri Bosco tout en sobriété, précision et poésie. Toutefois le texte très contemplatif abonde de termes techniques et scientifiques, de longues descriptions ; s'il séduit un public adulte, je ne suis pas certaine qu'il soit adapté aux jeunes lecteurs de notre époque (habitués aux bandes dessinées et aux jeux vidéo) Ne risquent- ils pas d'être rebutés et de se lasser de l'histoire, d'autant plus que le rythme du récit est lent et qu'il se passe peu de choses ? Il reste pour tous les publics une part de fascination devant les interdits et les rêves inaccessibles.
#Challenge Riquiqui 2023