Malicroix

On accède à la vie par le silence.

Ce que nous sommes se fond à ce qui est en nous au-delà de ce que nous sommes.

Tout est loin sur ces étendues monotones et graves qui se prolongent et se perdent à l'horizon. A peine çà et là une plaque de sel qui étincelle; quelques arbres fuyant vers des lagunes très mélancoliques ; une maigre végétation, des lentisques, des tamaris, des oléastres, juste ce qu'il faut pour rendre plus tristes ces espaces illimités où s'enfonce et s'évanouit la pensée de l'homme.

Dromiols

" Ce pays est hostile à l'homme. Voyez-le bien, monsieur : des terres plates et, au bout, des lointains, rien que des lointains, le désert ! Où s'arrêter ? où prendre vie ? L'uniformité des étangs sur l'immensité des cailloux jusqu'aux sables de la mer..."

Dromiols

Je ne sortis guère de la maison. J'y vivais de feu et de songes. Le feu ne s'éteignit jamais; jamais les songes ne m'abandonnèrent.

Dromiols

Cependant, je sentais en moi la lente ascension d'une force impersonnelle, comme si la puissance et la grandeur fluviales m'eussent pénétré à leur tour de leur sauvagerie, jusqu'à faire de moi une créature du fleuve.

Mégremut

Quelquefois la vie mystérieuse de ces fonds montait à la surface, qui s'agitait, et une ondulation soulevait les eaux hautes qui la propageaient jusqu'aux bords en bourrelets puissants.

Mégremut

On devinait sous la nappe visible un invisible fleuve aux allures sournoises qui, plus lourd et plus lent, traînait les eaux compactes des plus lourdes pluies sur son lit gluant d'alluvions lentement animées par le courant caché et l'aspiration des gouffres perfides.

Mégremut

D'habitude, chez nous, dans les collines, quand le vent souffle c'est par les bruits crées de sa fureur à travers la bâtisse que la maison nous semble vivre.

Mégremut

La pluie tomba avec violence jusqu'à midi. Je passai ma matinée près du feu. d'abord je pensais m'ennuyer et je regrettait un moment de ne pas avoir emporté de livres. Car la maison n'en contenait pas. J'eus beau chercher. Etant grand amateur de lecture je m'en étonnai un peu. Par mauvais temps, à l'époque des nuits précoces, comment affronter les soirées sans un livre dans cet ermitage ? Réfléchir ? et sur quoi ? rêver, peut-être et s'assoupir...Mais le pouvait-on dans ces murs d'une blancheur implacable ? Ils vous obligeaient à l'éveil. Tout en offrant leurs surfaces magiques aux levées du songe, n'entretenaient-ils pas la lucidité ?

Mégremut