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Ce que quasi tout le village savait -ou supposait plus ou moins clairement- se retrouvait consigné formellement mais... sous une forme étrange et cachée par le menuisier local en 1880,qui vécut sous le règne de Napoléon III donc.

Rentrant de Paris je profitai du journal laissé par un voyageur ,en rubriques livres ,était présentée cette étrange histoire constituée de récits et réflexions retranscrits au dos des lames de parquet . Lors de la restauration des salles de ce château sis à Crots dans les Hautes Alpes vers Embrun. L'auteur du livre relatant cette trouvaille Jacques Olivier BOUDON, éminent historien s'est donc attaché à étudier cette découverte et à la rendre accessible à tout un chacun.
Le livre s'efforce de retracer le parcours mental de cet artisan menuisier , de le réinscrire dans la mentalité de l' époque où ruralité et religion tissent l'arrière plan quotidien.
Le lecteur se prend vite au jeu ,mi voyeur mi sociologue ,un peu journaliste en somme .
Combien d'autres récits de ce Joachim dorment encore sous les parquets de vieilles demeures? Tout laisse supposer que ce château ne fut pas le seul réceptacle de ses histoires.
Passionnant!...
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A quelques kilometres d'Embrun dans les hautes alpes, sur les bords de la Durance, s'élève un château aux allures médiévales, le château de Picomtal. Au début des années 2000, les propriétaires découvrent au revers du plancher qu'ils sont en train de rénover, des inscriptions tracées à la mine de plomb. Ses confessions revêtent un caractère exceptionnel.
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L'Histoire m'intéresse depuis toujours (même si parfois je mélange les régimes politiques qui ont suivi la Révolution...). Je m'intéresse encore plus à la microhistoire. Avec cet ouvrage, j'ai été servie ! Qui est Joachim Martin, le menuisier qui a écrit un peu de sa vie et de celle de ses contemporains au dos des planches d'un parquet ? « Il n'a rien d'un héros. C'est un homme du peuple, un petit propriétaire, comme la France en a tant connu alors. Mais c'est surtout un homme qui a voulu transmettre un message à ses descendants. Il a une claire conscience du temps qui passe et veut s'inscrire dans l'histoire. » (p. 15) Sous ses brefs écrits et grâce au travail de recherche et de reconstitution de Jacques-Olivier Boudon, on voit revivre le petit village des Crottes et on suit le passage des saisons, au rythme de la vie quotidienne des habitants. « Quand il dit se contenter d'eau sucrée parce que la soirée précédente a été trop arrosée, il ne manque pas d'en faire part à son lecteur. » (p. 95)

Évidemment, on se délecte des jugements de Martin sur les turpitudes amoureuses et sexuelles de ses voisins. Il dénonce tout, de l'adultère à l'infanticide, en passant par des pratiques très déviantes. « Toujours à l'affût des entorses à la morale chrétienne, Joachim observe avec curiosité les moeurs de ses contemporains. Il a un avantage sur les autres habitants puisqu'il travaille pour l'essentiel à l'intérieur des maisons. » (p. 137) Cette supériorité, le menuisier la cultive en lisant le journal et en s'intéressant à ce qui se passe au-delà de son village. Il ne se laisse pas freiner par le labeur quotidien des petites gens de la campagne : il réfléchit sur les changements politiques et sur son époque et, ne pouvant en être véritablement acteur, s'en veut un témoin sagace et féroce. « Il a trouvé dans l'écriture un substitut à une existence qu'il juge médiocre parce qu'il ne se sent pas reconnu par ses contemporains comme un homme cultivé. Il veut de ce point de vue sortir de sa condition d'anonyme et démontrer à la postériorité ses talents d'écrivain, au risque, en choisissant l'improbable support du revers des planches, de n'être jamais lu. La chance lui a souri. Aujourd'hui, par le truchement d'un livre, Joachim connaît une forme de notoriété qu'il avait manquée de son vivant. » (p. 159)

Je déplore le caractère un peu encyclopédique du début de l'ouvrage, même si je comprends la nécessité d'inscrire le sujet dans son contexte et son environnement. La qualité littéraire du texte est en outre très limitée et la démonstration parfois aride. Mais le sujet est passionnant, ce qui rachète une forme un peu sèche. En fin d'ouvrage, les 72 planches sont transcrites, dans l'ordre où elles ont été trouvées, avec leurs fautes diverses. le plus fascinant est qu'il reste des salles à explorer dans le château de Picomtal : le menuisier des Crottes n'a peut-être pas fini de nous parler de son temps, au dos des lattes et des cales de planchers vieux de plus de 200 ans !
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Nous sommes dans les années 1880, Joachim Martin est menuisier dans les Hautes-Alpes. Il pose du plancher dans différentes pièces du château de Picomtal, et ponctue sa tâche en écrivant sur l'envers du bois. Il y décrit la société et les moeurs de l'époque, ses angoisses, les secrets des uns et des autres... Il sait que, s'il est lu un jour, ce sera après sa mort. Joachim s'exprime donc librement, nous confiant ainsi un témoignage totalement inédit.
Ses écrits ont été découverts, par hasard, dans les années 2000, lorsque les nouveaux propriétaires du château ont entamé des travaux.
Jacques-Olivier Boudon offre une analyse de l'époque à partir des écrits de Joachim, et des recherches très détaillées qu'il a effectuées. le livre est extrêment riche. C'est une véritable tranche d'histoire vue de l'intérieur qu'il nous livre.
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Une incroyable mine que ces écrits sous un plancher !
L'auteur, Jacques Olivier Boudon, historien spécialiste de Napoléon les découvre par le hasard d'un arrêt au château de Picomtal pour une nuit. En refaisant restaurer les planchers, les propriétaires ont mis à jour ces phrases écrites par le menuisier qui a réalisé les travaux en 1880-81.
Pour les propriétaires du château, c'est l'opportunité d'en faire un spectacle. Pour l'historien, c'est un matériau inestimable !
En effet, rares sont les écrits témoignages de 1ère main d'un homme du peuple. le menuisier ne cherche pas à faire oeuvre de littérature mais à laisser une trace. Il sait que cela ne sera pas lu avant au moins un siècle - il connait la valeur de son plancher ! - il se "lâche" sur ces contemporains, dit ce qui lui passe par la tête, ce qu'il pense des uns et des autres ... sur sa vie aussi car il a plus de 40 ans.
A partir de là, M. Boudon puise tout ce qu'il peut de ces écrits, croise avec d'autres archives, reconstitue la vie de Joachim, de sa famille, du village, des moeurs, bref, tire toutes les ficelles, déroule les pelotes de laine et dresse le portrait d'un village à un moment crucial de notre histoire, l'installation de la république, le début de la fin de la religion, bref, la fin d'un monde.
Certes par moment, je me suis perdue dans les noms, les filiations, les clans car il creuse toutes les galeries. C'est une vraie monographie et c'est passionnant, vraiment ! Il rend la vie de cet homme, de ce village extrêmement présente et attachante.
J'ai hâte de me rendre à Picomtal, aux Crottes - maintenant les Crots. Bientôt !
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Un plancher un peu comme un mur Facebook

J'ai acheté et lu ce livre après avoir assisté à une conférence de Jacques-Olivier Boudon, historien spécialiste de la Révolution et du Premier Empire. Il ouvrait sa communication en racontant que c'est en faisant la Route Napoléon, celle que cet empereur à emprunté pour se rendre à Paris à son retour le l'île d'Elbe, qu'on lui a montré les débris de ce plancher qui avait été déposé pour être remplacé.

C'est lors de cette dépose que le propriétaire du château de Picomtal, dans lequel ce plancher était posé, a constaté que l'envers des planches était couvert d'écriture au crayon.

Ce texte laisse imaginer le planchetier, pendant ses poses, écrivant ce qui lui passait par la tête, comme s'il le racontait à un collègue. Ça ressemble à une conversation de bistrot qui passe en revue la politique, les potins du village, les rancunes personnelles, les confidences que l'on lâche emporté par la vivacité du bavardage et le verre de trop. Et, simultanément, il sait que l'envers de ses planches ne pourra être visible qu'au moment où le plancher qu'il pose sera remplacé soit une centaine d'années plus tard. C'est un peu comme s'il se confiait à la mer du haut d'une falaise une nuit de tempête.

Boudon se passionne pour ce témoignage mystérieux et enquête pour replacer les fragments de récit dans un ordre logique et dans L Histoire, celle de la France, celle du lieu et celle de la famille de Joachim Martin Martin (1842-1897).

Cette enquête ce concrétise par ce livre : une oeuvre fouillée, riche d'informations et de précisions sur une réalité quotidienne sous la Révolution. Qui plus est le langage de Boudon est très agréable et accessible aux profanes.

Je me suis ré-ga-lée.
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L'aspect fascinant de cette affaire, au-delà du travail de recherche qui a été fait par Jacques-Olivier Boudon (travail fortement documenté comme l'attestent la liste des documents cités et la bibliographie), c'est de se dire qu'on n'a peut-être pas encore mis la main sur l'intégralité de ce matériau historique hors du commun : on sait que Joachim Martin a posé d'autres planchers pas encore restaurés dans le même château, et qu'il a aussi réalisé des planchers dans d'autres bâtiments... Qui sait ce qu'ils peuvent encore nous apprendre...!

Pour les amateurs d'Histoire, cet ouvrage me semble très intéressant, même si j'ai regretté quelques longueurs par moments, avec un foisonnement de détails sur certains protagonistes (dates de naissance, de mort, antécédents familiaux, voire arbre généalogique complet...) qui n'apportent pas un intérêt majeur à l'ouvrage. Un beau témoignage, et original de surcroît, sur la vie quotidienne de l'époque.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Voici un livre documentaire - témoignage que l'on m'a prêté , assez difficile à lire car pétri de dates, de noms , de nombreuses familles , de leurs ramifications de la fin du XIX ° siècle, mais très intéressant, un genre de puzzle décrypté et analysé remarquablement par l'historien Jacques - Olivier Boudon, ancien élève de l'Ecole Normale supérieure , professeur d'histoire contemporaine à La Sorbonne, les TRACES des Gens du Peuple à cette époque étant rares.

Tout part des travaux que les nouveaux propriétaires du château de Picomtal, sur les bords du lac de Serre- Ponçon, ont engagé au début des années 2000.
Cent vingt ans plus tôt , Joachim Martin , le menuisier qui a monté le parquet a laissé au verso des écrits découverts derrière les lattes .

L'auteur part donc sur les traces de Joachim Martin qui y livre ses pensées, et ses réflexions sans tabou car il sait qu'il ne sera pas lu avant la refonte du plancher avant soixante ou quatre - vingts ans ——«  Heureux mortel. Quand tu me liras, je ne serai plus » .
En fait , il faudra attendre cent vingt ans ...pour découvrir les fameuses planches.
Ces propos se présentent à partir de 72 textes de quelques mots à quelques lignes écrits au crayon par Joachim.

Ces bribes permettent à l'historien de reconstituer l'environnement quotidien,, c'est tout un village qui apparaît , Joachim n'a rien d'un héros .

C'est un silencieux qui perçoit les tiraillements qui traversent son monde: c'est «  la fin des terroirs » , le début de la mutation de la démographie de son village : déjà l'exode rural.

Il dénonce bassesses et corruption des uns et des autres, aussi bien entre notables ou au sein des familles , décrit les nombreuses querelles .
Il écrit en français et non en patois , se passionne pour les faits divers, dénonce l'influence du curé dans un langage cru, il se mêlait de tout , même des relations sexuelles de ses ouailles .

La confession était un moment privilégié de la vie religieuse pour les catholiques,en supposant que les révélations au curé seraient gardées secrètes ......
La forêt pour lui est un lieu mystérieux , propice à la dissimulation ( des centaines d'hectares de bois ) qui ont abrité maintes fois des réfugiés ...
Que sait Joachim des secrets enfouis - là ?
Par contre il éprouve un sentiment positif pour les avancées apportées par la République, s'attarde sur les pratiques sexuelles de ses contemporains .

L'auteur à partir de ce témoignage unique aborde des thématiques diverses : scolarité à l'école laïque et différences avec l'école religieuse ..., religion, politique , il décortique les us et coutumes de la population rurale à cette époque : nombreux petits métiers complètement disparus ,travaux des cultivateurs , normes et codes en partie refusés par la société villageoise que voudraient lui imposer la société et l'église très puissante ....

Un témoignage passionnant faisant revivre une société villageoise confrontée au progrès économique : arrivée du chemin de fer et avènement de la République , aussi une parcelle des moeurs souvent cachées de ce temps là .

Un décryptage unique , original , qui pourrait faire office de «  Reportage ».
L'histoire des gens du peuples , industrieux et méconnus , histoire , bien sûr qui n'apparaît pas dans les livres d'histoire avec un grand H.
Une époque revivant sous nos yeux , j'ai signalé le foisonnement des dates , des lieux , il faut être très attentif et prendre des notes si l'on veut comprendre et saisir ce message d'outre- tombe .
En tout cas l'historien a reçu le prix Georges Goyau
de l'académie française pour cet ouvrage .
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A l'occasion de travaux au Chateau de Picomtal, près du lac de Serre-Ponçon, les ouvriers ont découvert un trésor, laissé par un de leur prédécesseur, le menuisier Joachim Martin. Celui qui, 120 ans plus tôt, posa le parquet qu'ils sont en train de refaire, leur a laissé toute une série d'inscriptions au revers des lames. Il s'y livre sur sa vie, ses sentiments, les événements de son village et les travers de ses habitants.

Un témoignage historique rarissime : les témoignages de première main des gens du peuple sont quasi inexistants. de plus, le menuisier sait qu'il ne sera pas lu de son vivant. Il parle sans tabou, sans se préoccuper des personnes qui pourraient être affectées par ses propos, ni de risquer la censure ou quelque ennui avec ses contemporains.

L'historien Jacques Olivier Boudon se livre à un minutieux travail d'historien pour resituer ses écrits dans leur contexte historique. Cela donne parfois des développements un peu long sur la généalogie des protagonistes. D'autres sont plus intéressants : sur la montée des convictions républicaines, l'évolution de la place des curés dans les villages, la scolarisation, la sociabilité des petits villages. Joachim est républicain. Il se plaint du comportement du curé du village qu'il ne respecte guère. La vie est dure et l'argent difficile à gagner. Il participe à l'animation des fêtes de village. Il est témoin des comportements sexuels des villageois qu'il peut dénoncer sans risque
.
On découvre assez peu qui était Joachim : un romancier pourrait agréablement compléter le travail rigoureux de l'historien, pour inventer ce qui n'apparait pas dans ces écrits et imaginer Joachim. Qu'est-ce que le pousse à écrire? Un peu de colère et d'indignation certainement.
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L'histoire de ce livre est EXCEPTIONNELLE et vraiment romanesque.
C'est en effet incroyable qu'un "simple" menuisier ai pensé -à la fin du 19ème siècle- à laisser ces messages aux générations futures, "les invitant à ne pas oublier ce monde perdu qui fut le sien".

C'est un livre pour les amoureux du passé et de l'histoire en général car l'auteur, Jacques-Olivier Boudon, s'applique à replonger le lecteur dans l'existence de Joachim Martin et dans le milieu social, politique et religieux dans lequel il a vécu.

Le style est celui d'un historien, à savoir précis, détaillé, descriptif et exhaustif, ce qui contraste avec le caractère si romanesque de l'existence et de la découverte de ces fameuses planches écrites, mais cela ne le rend pas moins passionnant tant on sent les recherches sérieuses qu'à menées l'auteur pour comprendre la vie de Joachim.

C'est anecdotique au regard de tout le travail qui a été effectué pour ce livre, mais j'aurais juste aimé une petite photo du château de Picomtal, voire de vieilles images de la vie des paysans à cette époque. Mais, comme je le dis, c'est anecdotique, car on peut facilement compléter sa curiosité picturale avec internet...

A découvrir!
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