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4,2

sur 2962 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ça vous dirait d'être conviés à un bal avec Staline ? Sans quoi, n'hésitez pas, Mikhaïl Boulgakov a un petit carton d'invitation à vous donner. Cela s'appelle le Maître Et Marguerite. C'est plaisant à lire, tonique, fantasque et dépaysant.

L'auteur, aux prises avec l'atrocité de la dictature stalinienne, persécuté dans sa propre vie, muselé professionnellement et intellectuellement a essayé, via ce roman, de faire passer en fraude un s.o.s., à glisser un message dans une bouteille... Car comment critiquer ce régime de barbarie et de dénonciation sans tomber sous le joug des autorités ?

C'est le tour de force qu'a réalisé Mikhaïl Boulgakov en imaginant une histoire fantastique, pleine de diables loufoques et de suppôts de Satan risibles mais où, à chaque coin de page, on lit en transparence une critique du système qui sévissait à l'époque.

Alternant des situations quasi burlesques, des scènes de simili science-fiction kafkaïennes, des tableaux tragico-fantastiques, des moments pseudo-mystiques et de nombreux appels du pieds à la tradition démoniaque judéo-chrétienne, Boulgakov parvient à s'évader du réel pour embarquer le lecteur dans son univers à la fois déprimant et gorgé d'espoir (quand le présent est désespérant, l'imaginaire et l'espoir surnaturel sont le seul refuge de l'écrivain persécuté).

Vous aurez compris qu'il est difficile de lire ce roman sans rien connaître des éléments biographiques de l'auteur et des conditions de sa gestation et pourtant, pourtant, si l'on choisit de se laisser bercer par les seules forces de l'imaginaire, il y a moyen de trouver également beaucoup de plaisir à sa lecture sans forcément s'encombrer de trop de sens politique ou autobiographique.

L'ouvrage est d'une construction assez bizarre mais fort maîtrisée où rien n'est laissé au hasard et où les destins des différents protagonistes se croisent et s'enchevêtrent pour former une trame insolite où les méchants ne font pas peur et les gentils ne sont pas si gentils que cela. On y rencontre, dans une sorte de mascarade vénitienne, une foule de personnages dont fatalement, le maître, mais aussi un chat, un géant, des êtres avec ou sans tête, Ponce Pilate, — le Diable en personne — et, bien entendu, une certaine Marguerite...

Mais je m'en voudrais de vous en dire beaucoup plus. Laissez-vous embarqué dans ce " pays des merveilles " pour adulte et un tantinet cauchemardesque. Évidemment, comme tout écrit très typé, il ne peut pas plaire à tout le monde. Certains le trouveront génial, d'autres s'y ennuieront et certains encore trouveront que cela n'a ni queue ni tête. Personnellement, j'ai bien aimé sans toutefois adorer, mais, bien entendu, ce n'est là que mon petit diable d'avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.

N. B. : Gros bémol concernant l'édition Pocket, que je qualifierais d'assez mauvaise pour trois raisons : 1°) nombreuses coquilles, 2°) notes souvent utiles mais qui dévoilent des pans à venir de l'histoire (notamment au début) en les déflorant fatalement un peu au moment où on les rencontre dans la lecture, 3°) reliure de très mauvaise qualité où les pages prennent rapidement la poudre d'escampette. Donc, si vous avez l'occasion, essayez une autre édition.
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J'ai failli "zapper" la critique car il n'est pas aisé d'écrire sur une telle oeuvre. cependant je m'y risque et vous livre mes réflexions.

Pas d'unité de temps pour ce roman qui se déroule à Moscou mais aussi en Judée sous Ponce Pilate par le biais d'un écrit du Maître.
Dans ce récit Boulgakov nous entraine dans une ambiance surréaliste, loufoque et diablement rocambolesque, la lecture est facile, vivante, fluide, le ton est enjoué, plaisantin et farceur. Boulgakov nous bouscule et sait nous accrocher, nous intéresser dans ce fatras farfelu, il nous divertit avec son humour décalé, mais pas seulement, Boulgakov nous happe dans sa diabolique aventure, on est fascinée et éblouit, car, dans ces récits déjantés, il fait passer mille messages, religieux, politiques littéraires… L'action se passe à Moscou sous les terribles années Staliniennes, c'est sans nulle doute une satire de la toute puissance de l'état despotique et tyrannique qu'il dénonce. Il dénonce aussi, les bassesses, les mesquineries, la lâcheté, la cupidité par le truchement de scènes extravagantes mais toujours cohérentes. Ce récit fantaisiste, tous ces « amusements sadiques » cachent une cruelle réalité. Boulgakov éveille les consciences et assène des vérités : il hait lâcheté, la cupidité et les faux-semblants.
le personnage de Marguerite est étonnant, sa conduite crédule parfois naïve est dominée par son amour passion pour le Maître. le récit devient alors touchant et émouvant : l'amante veut sauver l'écrivain et son oeuvre ! Etonnant « ce diable » qui nous assène cette belle phrase : « Les manuscrits ne brulent pas » ! Dans ce récit rocambolesque Dieu et Satan se croisent et interagissent, seraient-ils si proches ?
Au final le feu de l'enfer se déchaine, c'est la rage de l'impuissance qui entraine Boulgakov à une destruction « de tout ce qui doit l'être », la maison du critique, la maison de l'écrivain, et par l'orage toute la ville de Moscou, les palais, les ponts… si jamais une telle ville a existé !
Cependant Marguerite et le Maître seront sauvés par Yeshoua qui envoie Matthieu Levi en messager vers Woland « l'esprit du mal, le seigneur des ombres ». La scène est ici magnifique, Levi demande à Woland de prendre le Maître et Marguerite avec lui et de leur accorder le repos car ils n'ont pas mérité la lumière ? Marguerite et le Maître sont réunis et bien sûr, dit le Maître « quand des gens, comme toi et moi, sont dépouillés de tout, quand on leur a tout pris, ils cherchent leur salut auprès des forces de l'au-delà ! » Ainsi donc le bien triomphe du mal ou alors peut-on sauver avec les forces du mal ?
Dans ce fou récit Boulgakov nous fait souvent festoyer, au menu, esturgeon, caviar, saumon, les plats défilent succulents ! Nous buvons du vin de l'ancienne Rome, le « Cécube » et le « falerne », nous sirotons du Cognac qui « fait bourdonner les oreilles ». Des choeurs chantent, des voix alto, baryton, graves, aigus scandent ce récit hallucinant. On est entrainé dans une lecture criblée de références littéraires et musicales (les notes aident) le tout est assez gouleyant !
Un autre élément, la lune a une présence obsédante, élément de poésie ainsi « Les rennes de rayon de lune tressés en chaînes » elle participe aussi à la beauté des paysages, au décor de mise en scène qu'elle révèle et met en valeur. Pleine, la lune devient inquiétante, elle orchestre le bal de Satan, où rodent des fantômes coupables. Mais aussi elle est ce chemin qui mène à Ha-Nozri, ce symbole du passage des ténèbres à la lumière. Ce chemin que Ponce Pilate emprunte libéré par le Maître qui lui crie : « Tu es libre ! Libre ! Il t'attend ! »
N'en doutons pas, cette oeuvre est un monument, non seulement par le temps qu'il a fallu à Boulgakov pour l'écrire mais aussi par le foisonnement d'images, de symboles, de références d'interrogations qu'elle nous livre et l'effervescence intellectuelle qu'elle fait jaillir en nous.




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Le Maître et Marguerite, c'est un livre d'une folie incroyable, le livre de toute une vie pour son auteur, Mikhaïl Boulgakov, dont l'écriture l'a accompagné presque jusqu'à la mort. Ne comptez pas sur moi pour tenter de vous en résumer l'histoire ou esquisser l'intrigue ; je suis ressorti de ce texte lessivé, essoré, comme démembré, revenant d'une autre planète, d'un ailleurs sidéral, d'un endroit invisible pour le regard du commun des mortels, quelque chose qui vous échappe, vous dépasse complètement, et cela presque à chaque page.
Si je commence à vous raconter, ne serait-ce que le début du récit, vous aurez du mal à me croire et je risque de subir le même sort que l'un des personnages du roman, un certain Ivan Nikolaïevitch Ponerief qui finit à l'hôpital psychiatrique, pour la simple raison que ce qu'il vient de vivre en cette fin de journée printanière des années trente à Moscou, relève de la pure folie et qu'il a le malheur de vouloir le raconter autour de lui tel qu'il vient de le vivre.
Imaginez un récit où brusquement viennent se mêler comme dans un capharnaüm insensé : un étranger capable de lire l'avenir, un personnage maléfique qui se transforme en chat amateur de Cognac et de thé et qui, plus tard, arrachera la tête d'un animateur de spectacles, des femmes rousses qui s'envolent nues dans la nuit étoilée chevauchant un balai, des roubles qui se transforment en dollars et qu'on dissimule aussitôt dans des gaines d'aération de toilettes, un homme transformé en pourceau... De temps en temps, un autre texte surgit, d'un temps ancien se situant à Jérusalem, le procès d'un certain Yeshoua mené par le procurateur Ponce Pilate, homme lâche, soucieux de sa carrière plutôt que de l'équité de la justice. L'ombre de Jules César plane au loin, pour un peu on lui devinerait une sorte de moustache à la Groucho Marx et on le surnommerait le Petit Père des peuples... Les deux récits vont se faire écho, finir par s'entremêler, donnant sens peu à peu à l'ensemble du roman...
Et puis, brusquement, comme un tournant du récit, tournant les pages du récit comme les ailes d'un moulin à vent, il y a ce bal éperdu, échevelé, enivré par le trouble de la pleine lune...
Ce n'est pourtant pas ce genre de littérature qui m'attire habituellement...
Si le récit est enlevé, il n'en demeure pas moins complexe comme un puzzle où il nous faut rassembler quelques morceaux éparpillés pour tenter de reconstituer une tentative de compréhension, convoquant l'étonnement et l'imaginaire du lecteur que je suis, me transformant peut-être à mon tour dans l'effervescence des mots.
Au début de ma lecture, j'ai avancé à tâtons dans ce texte multiple, un peu comme Alice au Pays des Merveilles, sauf qu'ici le pays que j'ai découvert était semé de figures démoniaques. C'est un texte fait de chausse-trappes, se jouant du temps et le façonnant à sa manière, les chapitres se succèdent dans un tourbillon vertigineux, sans logique apparente, chaque personnage entre en scène et tire sa révérence pour laisser d'autres apparaître ; un fil semble pourtant se tisser entre eux, à peine perceptible au regard du lecteur. Le Maître tarde à venir, comme un héros attendu, guetté par le lecteur, j'y ai vu ici comme une sorte de double de Boulgakov, le Maître, celui-ci n'étant plus nommé que de cette manière, écrivain ayant perdu son nom, peut-être son identité, mais pas son âme, son nom est effacé, comme figurant déjà les prémices d'une violente répression à l'égard de l'art, des artistes, de la culture, celle qui existait avant...
Dans cette étrange féérie macabre et gothique, se dégage un texte dont la fluidité de la lecture peut surprendre, il n'en demeure pas moins que l'architecture du récit est complexe, vertigineuse, abyssale, déroutante. Mais au final, contre toute attente, je suis parvenu à retomber sur mes pieds, à avec nettement moins de désagréments que certains des personnages du livre. Au final, tournant les dernières pages du roman, se dessinait dans mes yeux comme le soupçon d'une harmonie.
Au coeur du récit, il y a aussi une passion amoureuse, celle de Marguerite et du Maître, Marguerite convoque le mythe de Faust, invitée à vendre son âme au diable en devenant reine du fameux bal, pour retrouver le Maître et son amour.
Et si tout ceci était bien réel finalement... En effet, il y a quelque chose qui ressemble à une farce pitoyable et ubuesque, comme le fut le régime stalinien, aussi cruel fut-il. Ce livre est une sorte de parodie grotesque de tout cela, un pamphlet politique, une satire diluée dans un conte fantastique et cauchemardesque. Les gardiens de la censure n'y aurait-il alors vu que du feu ? Auraient-ils été nigauds à ce point ? Sans doute que oui, mais des nigauds cruels à la botte d'un dictateur fou qui tirait les marionnettes, sorte de réincarnation diabolique...
Et c'est là que nous sommes invités à lire d'une tout autre manière ce roman qui a subi la censure sous le régime soviétique et la dictature stalinienne. Des notes de bas de page invitent à décrypter le texte, à en dévoiler les zones souterraines, la façon dont certaines phrases censurées jusque-là, furent réhabilitées au récit, en 1966.
J'ai rencontré Mikhaïl Boulgakov, si je peux m'exprimer ainsi, en découvrant sa statue à l'allure fière et austère, tout près de sa maison natale devenue le musée qui lui est dédié, à Kiev, dans la fameuse et très belle descente de Saint-André. La veille, je venais de faire connaissance avec celle qui allait devenir mon épouse. Nous étions en fin décembre 2014, quelques mois après les événements de la place Maïdan, la capitale commençait à respirer tout en se souvenant des cent neuf manifestants abattus dix mois plus tôt sous les balles des snipers pro-russes embusqués sur les toits et dans les chambres des deux grands hôtels qui dominaient la place. Le lendemain, je découvrais une horreur dans l'histoire de l'Ukraine, en visitant le mémorial consacré à cet événement, cette gigantesque famine des années trente appelée Holodomor, restée presque inconnue des manuels d'histoire très longtemps, voulue par Staline, un véritable génocide pour faire plier la paysannerie ukrainienne sous le joug du régime soviétique. Le roman, le Maître et Marguerite se situe précisément à cette période où des millions d'ukrainiens ont péri. J'ai pensé que Mikhaïl Boulgakov avait sans doute aussi le dessein de vouloir dénoncer le mal fait à son pays d'origine. Au moment où j'achève l'écriture de cette chronique, je découvre cette mise en abyme et qui fait écho aussi à l'Ukraine que j'ai appris à découvrir il y a cinq ans maintenant...
Le Maître et Marguerite est un texte difficile, mais magnifique à plus d'un titre, qui mérite le détour.
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Avec le Maître et Marguerite, je replonge avec délice dans la littérature classique.
Publié pour la première fois en 1966, ce récit a pourtant été entamé en 1928 par son auteur, Mikhaïl Boulgakov, et terminé seulement en 1940, peu de temps avant sa mort.
La plus grande partie de son oeuvre ayant été victime de la censure, l'écrivain incompris et souffrant de ne pouvoir écrire, se venge en quelque sorte à travers cette satire de la société russe dans laquelle le diable et sa suite font des ravages en s'en prenant à l'intelligetsia moscovite.
Un conte fantastique , onirique, cynique, dans lequel prend forme un deuxième récit qui se déroule en Judée, sous l'hégémonie de Ponce Pilate et qui relate, de façon gnostique, la comparution de Yeshoua, ainsi que son exécution.
Boulgakov met l'accent sur la lâcheté du procurateur romain qui préfère exécuter un innocent plutôt que ruiner sa carrière, et par la même occasion, fait un parrallèle avec ce qu'il considère comme sa propre lâcheté intellectuelle.
Marguerite n'apparaît que dans la deuxième partie du roman et semble être celle qui, par son amour, soutient l'écrivain dans son entreprise et va jusqu'à pactiser avec le diable pour que l'homme qu'elle aime puisse retrouver sa liberté d'écriture.
Une très belle plume, riche et complexe, qui interpelle régulièrement le lecteur, le bousculant dans sa lecture ou le prenant à témoin.
Une histoire qu'il est difficile de résumer tant elle est empreinte d'imaginaire, de situations surnaturelles et cocasses et sous l'humour desquelles pointe la révolte, la dénonciation de tout un régime et de sa milice pervertie.
Je ne peux m'empêcher d'admirer ces auteurs qui s'obstinent, dans d'énormes souffrances, à faire passer leurs idées à tout prix au risque de se voir sanctionner et dont le talent consiste à "ruser" avec le pouvoir, fabulant pour mieux critiquer.
Difficile mais superbe...un peu long quand même.
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Woland, diabolique magicien noir, son interprète Koroviev et l'humanoïde chat Béhémoth causant un sacré bordel dans le petit théatre moscovite des Variétés.

Confronté aux incroyables tours du magicien, le personnel finissant par échoir à la clinique psychiatrique du Dr Stravinski.

S'ennuyant dans son couple, Marguerite, élue reine des sorcières nues au bal de la pleine lune, à la recherche de son amant, le 'Maître' puni pour son étonnant manuscrit relatant la 'Passion selon Boulgakov'.

Et le plus magique dans tout ça, l'écriture de Boulgakov qui ferait presque passer pour naturel ce petit monde farfelu!
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C'est sûr, on a immédiatement l'impression de lire un monument de la littérature. Et combien lisible. le style est rythmé et entraînant.
Histoire un peu folle et onirique de l'intervention de Satan en terre de Russie, Satan dont les sbires font des rafles et des crimes sans beaucoup de sélection, ce qui rend l'ombre de Staline omniprésente, et version revue et corrigée, ou plutôt vision gnostique du martyre de Jésus, le tout accompagné de l'histoire d'amour entre le Maître et Marguerite. Et c'est cette histoire d'amour qui m'est apparue improbable et ne m'a pas séduite, entre celui que Marguerite appelle Maître et cette femme qui a surtout pour elle d'être très belle, qui me fait dire très bon livre mais pas le coup de coeur que, sans doute, je rêvais d'avoir.
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Ce livre est, aux premiers abords, difficile. J'avoue qu'il faut un peu de temps pour s'y attacher tant la multitude de personnages aux noms russes rallongés porte à confusion. Mais, une fois conquis, il devient difficile de le lâcher !
L'oeuvre est divisée en 3 parties : l'une à Moscou dans les années 1920-30 où le diable lui-même rend visite aux Moscovites et sème le trouble dans la ville, une autre propose l'histoire de Ponce Pilate et enfin la troisième raconte celle du Maître et Marguerite, ma partie favorite. Un écrivain, le Maître, s'est vu refuser la publication de son récit sur Ponce Pilate et sombre dans la folie, malgré l'amour de Marguerite qui fera tout pour le sauver.

L'histoire se veut originale, fantastique (l'auteur déborde d'imagination !) et fait naturellement la satire sociale de l'époque, sous l'ère de la dictature stalinienne. On y voit combien l'espionnage y est omniprésent et les nombreuses disparitions et apparitions magiques rappellent ici les fréquentes disparitions et arrestations soviétiques mystérieuses qui avaient lieu sans que nul ne sache pourquoi. La terreur y est donc légion, la folie aussi, provoqués essentiellement par le Mal alias Woland, le diable en personne accompagné de ses étranges acolytes Béhémoth, Azzazello et Koroviev. Boulgakov nous offre sa propre version de l'histoire de Ponce Pilate dans laquelle il dévie de l'histoire biblique traditionnelle sur plusieurs points.

Enfin, j'ai beaucoup apprécié le vol de Marguerite, le bal de Satan et ses traditions originales, la fameuse crème d'Azzazello aux pouvoirs ô combien miraculeux, l'histoire d'amour du Maitre et Marguerite, l'appartement maudit n°50 de la rue Sadovaïa, le côté loufoque et drôle des personnages (Satan n'est pas dépourvu d'humour !) et j'en passe…

Bref, un concentré d'aventures, de drôleries et de clins d'oeil qui résument bien la société de l'époque.
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Comment oser poster une critique sur ce monument de la littérature soviétique du début du XXème siècle? Tâche à mes yeux quasi insurmontable!
Il ne reste pour lire ce roman foisonnant, alternativement burlesque, loufoque, caricatural, dénonciateur, philosophique et j'en passe qu'à avoir en mémoire que Boulgakov a commencé la rédaction de ce roman en 1930 pour ne l'achever qu'en 1940 quelques petites semaines avant sa mort.Staline régnait en tyran sur cet état communiste, bureaucratique à souhait où la délation était quotidienne, l'envie de l'appartement du voisin inéluctable...
Deux grands univers se côtoient : Moscou,la nuit au clair de lune envahie par le diable Woland et ses acolytes Koroviev, Azazello et le bon gros chat noir Behemot.
C'est le lieu de la magie, de la sorcellerie du loufoque, des courses poursuites, c'est souvent hilarant même si tout le drame quotidien de la vie de Boulgakov est presque à chaque ligne sous-jacent.
Jérusalem , les Pâques juives ce quatorzième jour du mois de Nizan jour de l'exécution de trois bandits et d'un doux illuminé Yeshoua.Ponce Pilate, le procurateur va sceller sa mort,s'en repentir. Par opposition à l'univers de Woland sur Jérusalem, il fait très beau, la lumière est omniprésente...
Et puis il y a ce couple intemporel le Maître et Marguerite.Que ne donnerait elle pas pour être à ses côtés? Que ne donnerait il pas pour l'éloigner afin qu'elle ne partage pas sa vie de misère?
Au final un texte magistral, que je vous conseille de découvrir très vite si vous ne l'avez pas déjà fait et un grand merci à tous et à toutes pour vos différents ressentis qui sont venus éclairer positivement ma lecture, j'avoue que j'ai eu parfois besoin d'une lanterne pour guider mes pas mais quelle récompense la dernière page tournée!
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Foisonnant, original, impertinent, politique, sarcastique, poétique, mélancolique, tant de qualificatifs pour ce roman qui a une histoire puisqu'il a été achevé alors que Boulgakov était sur son lit de mort et qu'il a fallu attendre encore des années avant qu'il ne soit reconnu.
Le Maître et Marguerite fait partie de ces ovnis littéraires, prenant des virages inattendus, complexe par le fond et par la forme. D'autres lecteurs fins connaisseurs de la littérature russe développeront largement mieux que moi, donc je me bornerai à donner quelques impressions supplémentaires. J'avoue avoir attendu longtemps l'arrivée de Marguerite, puisqu'elle est dans le titre; une foule de personnages se présentent bien avant elle, tous attachants et un peu ridicules, dans une Russie sclérosée par les non-dits.
Mais personnellement, c'est bien à l'apparition tardive de Marguerite que j'ai vraiment pris mon pied à la lecture car avec elle c'est la vie qui éclate dans toute son exubérance, et ça fait un bien fou! S'il y a un souvenir que je garderai de ce roman, c'est ce vol au-dessus du pays sur un balai dans le ciel étoilé, un pur moment de bonheur et de folie.
Rien que pour ce passage, je conseille ce classique!
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C'est une bien bizarre chose que la façon dont les livres vous tombent entre les mains.
Pas tous évidemment !
Mais il y a livres et livres.

Je sors de la lecture de ce dernier décontenancé, pour le moins.
Sonné, en tous les cas.
Et dire qu'il y a une semaine je ne connaissais rien de l'existence de l'auteur.
Heureusement que l'ignorance ne tue pas !
Ce serait même plutôt le contraire, à mon humble avis.

Qu'est ce que ce récit ?
Une bouffonnerie diabolique ?
Un plaidoyer de l'absurde ?
Une critique amère et désespérée de la tartufferie bolchevik, et de toute machinerie de la gouvernance en général ?

Tout à la fois, et bien plus encore, serai-je tenté d'écrire.
Galimatias !
C'est un mot qui revient souvent dans le récit.
En tous les cas, moi, je suis au regret de vous dire que je n'ai rien capito.
Et ce malgré les innombrables annotations au bas de page qui dans bien des cas en occupaient la moitié.
Cela ne m'a pas empêché de jouir comme un nain tout au long de ma lecture.

Le style est précieux et quelque peu désuet, théâtral, mais c'est voulu.
Burlesque, ironique, précis et tranchant comme la lame d'un sabre japonais.
À travers les tribulations du diable descendu sur Moscou, histoire de prendre un peu l'air, accompagné d'une bande de 4 acolytes, rivalisant de bouffonnerie et de cruauté, Boulgakov nous prophétise une Russie qui n'a rien de drôle. L'histoire se chargera de lui donner raison.

Mais Dieu que cet homme a du souffrir et s'ingénier pour créer un tel récit dans lequel les écrivains, les dirigeants politique et administratifs, Pilate, Jésus et le diable lui-même, s'entrecroisent entre réalité et 5ème dimension et dans lequel Woland, le démon, nous est décrit presque comme un être cool, sympa, droit, triste, solitaire, sage et même, si j'ose : juste.
Jésus est faible, un peu abruti, craintif tout en faisant preuve d'une témérité candide et innocente.
Entre deux, Pilate, le coupable. Se trouvant là où il n'aurait jamais voulu être. Prenant des décisions injustes bien malgré lui et avec très peu de capacités pour les assumer. Un peu comme tous ces membres de l'intelligentsia russe, vaquant à leurs responsabilités de façon machinale sans se soucier des conséquences de leurs décisions.

C'est un livre qu'il faut relire car sous ses atours burlesques, une profonde réflexion sur la société ainsi que sur les forces occultes qui la gouvernent y est décrétée.

Pour l'instant, je reste encore sous le choc, et il n'est pas impossible que je revienne sur ma critique après une lecture renouvelée car s'il est un bouquin qui mérite d'être lu et relu, c'est bien celui-là.
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