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sur 316 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Morphine de Mikhaïl Boulgakov
Hiver 1917, le docteur Bomgard vient de quitter son travail à Gorielovo un à plus tôt, un district perdu, pour l'hôpital du chef lieu de canton, il en est très heureux et quelques temps plus tard repense avec émotion mais sans regret aux mois qu'il y a passé. Or justement, au même moment il reçoit une lettre, datée du 11 février 1918, de celui qui l'a remplacé, le docteur Poliakov, une lettre aux tonalités dramatiques, il parle d'une »mauvaise, grave »maladie. Bomgard se prépare à partir, il connaissait bien Poliakov, il avait été son condisciple en médecine. Mais le temps qu'il se prépare une infirmière le prévient qu'un homme vient d'arriver en piteux état, il vient de se tirer une ballé dans la tête, c'est Poliakov qui meure quelques instants plus tard. L'infirmière remet alors un cahier à Bomgard, accompagné d'une lettre datée du 13 février 1918, c'est Poliakov qui a consigné l'évolution de son mal au fil des jours.
Bomgard va alors étudier ce qui a amené Poliakov à calmer ses douleurs morales et physiques par des injections de morphine et leur terrible résultat.
Très beau et très court récit plein d'émotions dans une Russie en pleine révolution. Boulgakov a sûrement tiré de ses expériences personnelles des éléments de cette nouvelle, il était médecin( et morphinomane)avant de devenir écrivain.
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80 pages.
Une plongée tranchante dans la psyché d'un morphinomane.

Le génie de Boulgakov, c'est d'arriver à rendre un texte si court aussi haletant, dévorant et sidérant.

Des mots dans l'urgence, une lecture désespérée et exaltante.
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L'écrivain (et médecin) russe Mikhaïl Boulgakov nous met sous perfusion avec cette nouvelle addictive.

“Il serait très bon que les médecins aient la possibilité d'essayer sur eux-mêmes de nombreux médicaments. Ils auraient une tout autre idée de leur mode d'agir”

Ce journal d'un morphinomane nous renseigne sur le fait que les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés. Les soignants eux-mêmes cèdent à la drogue, si facilement accessible, de nos jours le soupçon pèse encore sur les narines de nos étudiants en médecine comme de nos éminents chirurgiens…

L'auteur met en exergue un des ressorts psychologiques les plus déroutants de l'addiction, c'est la facilité avec laquelle on préjuge de nos propres forces, n'avez vous jamais entendu quelqu'un vous dire à propos de la cigarette par exemple “ah mais MOUA j'arrête quand j'veux”… de la même manière, le morphinomane se ment, ment aux autres, toujours demain sera la fin, encore un instant monsieur le bourreau pourrait-on presque l'entendre implorer. Tantôt pris d'un espoir et d'une résolution ferme de pouvoir s'en sortir, tantôt se complaisant dans une situation qu'il ne voudrait quitter pour rien au monde, comme chantait Amy “They tried to make me go to Rehab But I said no, no, no…”

Le lecteur se retrouve pris dans la seringue glaciale d'un talent littéraire total, empreint d'ironie et de suspense, une atmosphère tout à fait séduisante et efficace concourent à l'intensité de cette expérience de lecture.

Qu'en pensez-vous ?
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Le temps s'est arrêté durant cette nouvelle de Boulgakov. Véritable descente aux enfers d'un médecin morphinomane durant cette cruciale année 1917. Si la lecture d'autres oeuvres de cet auteur russe ma laissé quelque peu sur ma faim, cette fois, c'est une autre chanson. Impossible d'en lâcher la lecture. Puissance des mots et des images. Décidément , les paradis artificiels ne sont qu' hallucinations.
Aux enfants de la chance... comme le chantait Gainsbourg.
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Morphine est une courte nouvelle de Mikhaïl Boulgakov, publiée en 1927. Les faits se déroulent entre 1917 et 1918, en campagne isolée.
Le court bonheur du Docteur Bomgard s'éteint quand lui parvient l'appel au secours énigmatique d'un ancien camarade de classe. Celui-ci lui cédera le témoignage (l'anamnèse) des Enfers qui l'auront rongé pendant 12 mois. (La morphine, vous l'aurez compris)
Les dégâts de cet antidouleur si communément utilisé en médecine, et dont l'idée de réglementation n'en était qu'à de vagues balbutiements et débats, ne saurait laisser un médecin indifférent.

J'ai peu d'intérêt pour les troubles addictifs lourds. J'avais donc un apriori évident sur cette lecture.
Je l'ai choisie pourtant parce que Boulgakov est un auteur que j'apprécie beaucoup.
Je ne le regrette pas. Cette nouvelle très intime (l'auteur a lui-même été victime de morphinomanie en 1917) m'aura aspirée quelques heures dans un univers qui m'était inconnu et qu'on ne peut quitter sans compassion.

Le travail des descriptions est riche et atypique. On reconnaît nettement le regard d'un médecin sur les corps et leurs manifestations, transmis par un esprit naturellement doué pour la littérature ; et l'âme profonde d'un mal que l'auteur a partagé avec son personnage.
À travers les mots de Boulgakov, on ne voit pas seulement ce que l'on lit. On le ressent. Chaque atmosphère trouve ses mots.

L'auteur brille là encore par sa plume, imprégnée comme toujours de ses personnages - et toujours aussi d'un morceau de lui-même.

Pourtant, je dois bien avouer que le style particulier de cette nouvelle a légèrement perturbé ma lecture sur les 30 premières pages (peut-être parce qu'il est aux antipodes de mes lectures précédentes et que je suis quelqu'un qui a besoin de temps pour s'imprégner).
J'ai préféré reprendre depuis le début pour l'apprécier avec la fluidité qu'elle mérite. Une fois rentrée dedans, la lecture m'a été fluide et facile ; trépignante - fiévreuse parfois.

Je recommande vivement pour qui sait ce qu'il veut y trouver.
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Encore un Folio 2e perdu dans ma bibliothèque, d'un auteur que je ne connais malheureusement pas. On va pallier cette lacune avec Morphine donc, une nouvelle dont le sujet ne nous aura pas échappé.

Dans la Russie de 1917, on suit un médecin de campagne sollicité par un camarade de faculté, afin de lui porter secours face à un mal mystérieux.
Le récit prend rapidement la forme d'un journal, nous précipitant dans les affres de la morphinomanie. Brut et glacant, l'auteur nous décrit avec une précision troublante la déchéance progressive de ce médecin, ses tourments et sa maladie.
De par un vécu personnel assez proche, Boulgakov retranscrit ici une expérience tendant à l'autobiographie, ce qui contribue évidemment à rendre les souffrances du personnage palpables.

On conçoit aisément l'impact qu'a pu provoquer ce type de récit à une époque où la toxicomanie n'était pas aussi bien soignée, ni même documentée, que maintenant. Un peu réchauffé à lire de nos jours, après de nombreuses oeuvres ultérieures traitant du même sujet, l'effet désiré est malgré tout au rendez vous, et on sort assez meurtri de cette lecture.
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"La cocaïne c'est le diable dans un flacon."
Le docteur Bomgard sait de quoi il parle, il est médecin de campagne. Il a été muté là, dans un district perdu après avoir travaillé sur le front où il amputait. Il n'est plus jamais dérangé la nuit. Pour combien de temps est-il là? Il n'en sait rien, il a obéit, en bon militaire, en cet hiver 1917 aux ordres de la Révolution.
Il reçoit une lettre de Poliakov, son ami, lui demandant de venir le voir...trop tard ! quand il arrive il apprend que son ami s'est tiré une balle dans la tête, lui laissant un cahier, son journal intime.
Ennui et solitude, tristesse et douleur de cette perte...heureusement un de ses flacons de médecin lui tend les bras, et lui permet d'oublier ses idées noires, cette solitude, cette tristesse. "Je ne peux m'empêcher de faire mes compliments à celui qui, le premier a extrait de la morphine d'une fleur de pavot. Un authentique bienfaiteur de l'humanité."
Oublier pour un temps, car, les idées noires, la solitude, viennent à nouveau l'agresser. Alors il reprend quelques cristaux...cercle infernal...
Quelle est la part de roman, quelle est la part de journal intime ? Médecin lui-même, Boulgakov, a fait des centaines d'amputations entre 1916 et 1919
On ne peut s'empêcher de s'interroger face à cette douleur, à cette dépendance et à cette solitude, et surtout face à cette précision des mots.
Dans tous les cas, je reparlerai de cet auteur. C'est certain.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Premier roman de Mikhaïl Boulgakov pour moi.

J'ai apprécié être plongée dans la lecture du journal intime d'un jeune médecin qui se retrouve catapulté dans une campagne de Russie, loin de tout et à disposition de tous à toute heure du jour et de la nuit. Souvent amené à pratiquer des actes médicaux seul, la morphine devient alors pour le jeune médecin une alternative assez attirante, l'éloignant de ses responsabilités quotidiennes...

Un récit poignant que je vous conseil et que j'ai beaucoup aimé. Il était alors évident pour moi de poursuivre la découverte de cette profession à cette époque en Russie à travers les "Carnets d'un jeune médecin" du même auteur.

Lien : https://passionlecture1204.b..
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Belle histoire d'amitié et de folie. L'addiction que l'on sent poindre au fur et à mesure de la lecture, décrite avec beaucoup de justesse confère à ce petit livre une ambiance particulière, la descente au fond du sceau est progressive comme le manque subit par le Dr Poliakov sous les yeux de son assistante Anna, impuissante face à cette destruction qui mènera le docteur au suicide.

Un livre noir, qui se lit rapidement et qui m'a fait passer un bon moment.
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Il n'y a pas plus addictif que la consommation de substances psychoactives, nous a-t-on expliqué maintes et maintes fois. Pour autant, à tout non-consommateur, une question se pose : qu'est-ce que l'on ressent lorsqu'on est addict ? le tabac, la cocaïne, l'alcool, les jeux d'argent ou même … la Morphine. L'addiction est omniprésente. Pourtant, on ne la remarque parfois pas. L'ignorons-nous ? La subissons-nous au quotidien ? Sommes-nous déjà tous addicts ?

Grisé, exalté, libéré par cette substance fantastique qu'est la Morphine, le docteur Sergueï Poliakov délivre ce qu'il éprouve lorsqu'il vainc sa douleur persistante, grâce à ses injections, dans son journal. Il nous expose ses craintes, son soulagement, ses faiblesses, ses moments d'ivresse, puis son addiction dans ce carnet. Brusquement, l'intrigue s'associe avec l'impuissance que l'on ressent. Va-t-il nous quitter ? S'arrêter ? Nul autre n'a la réponse que le lecteur, ainsi que Vladimir Mikhaïlovitch, destinataire imprévu de ce précieux journal.

Jamais il n'aurait pu imaginer ce qu'il venait de lire. La lettre pourtant reçue quelques nuits avant sa lecture ne témoignait d'aucun saut d'humeur ou de manière, hormis la présence du mot morphini. On pouvait aussi ressentir l'inquiétude dans cette lettre, l'invitant à le rejoindre et ainsi attester son état maladif. Malheureusement, Vladimir ne pu jamais le rejoindre car quelque temps après cette missive, Poliakov fut retrouvé mort.

On aurait pu le croire guérit par la Morphine, sauvé de ses maux. Pourtant, celle-ci ne faisait que les aggraver tout en les dissimulant. Sa femme, médecin elle-aussi, le savait déjà. Après la première injection, commencerait une descente aux Enfers inévitable. Poliakov le savait aussi, et malgré ses efforts pour arrêter, il ne le put. le lecteur est mis en garde. L'addiction est dangereuse, mortelle et inéluctable. Néanmoins, des remèdes existent ?
Lien : https://lethesaurex.wordpres..
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