Un cas extrêmement curieux et qui prêta à rire fut celui d’un écrivain célèbre qui, ayant terminé un livre important, un roman fleuve de près de mille pages, se trouva empêché de signer le contrat que lui présentait son éditeur. Il avait travaillé pendant des années avec un dictaphone, se fiant uniquement à celui-ci et à une secrétaire dactylo. Il avait ainsi perdu toute confiance dans ses capacités d’écrire. Son éditeur dut se contenter de son accord verbal et d’une croix.
Le moment viendra, il doit nécessairement venir, où l’Homme… reconnaîtra que la Science n’est pas pour lui une occupation accessoire, mais une forme essentielle de l’action, dérivatif naturel, en fait, ouvert au trop-plein des énergies constamment libérées par la Machine.
Une Terre dont les loisirs toujours accrus et l’intérêt toujours plus en suspens trouveront leur issue vitale dans l’acte de tout approfondir, de tout essayer, de tout prolonger… une Terre où, non seulement pour l’armée groupée et subventionnée des chercheurs, mais pour l’homme de la rue, le problème du jour sera la conquête d’un secret et d’un pouvoir de plus arrachés aux corpuscules, aux astres ou à la matière organisée.
- Parbleu, interrompit Zarratoff. J’ai eu, une fois dans ma vie, un entretien avec un ministre. Je me suis aperçu au bout de deux minutes qu’il était très fier de savoir que la Terre tourne autour du soleil. Sa connaissance du monde n’allait pas plus loin. Il ignorait que le soleil est une étoile, quant à la Galaxie, c’était pour lui un mot poétique sans aucune signification réelle.
- In-to-lé-ra-ble, nous sommes tous d’accord. Quelqu’un me contredira-t-il si j’affirme que ce qui est intolérable ne doit pas être toléré ?
[...] le monde, s’il ne cherchait pas à s’enrichir l’esprit en pénétrant les secrets de la science, était de plus en plus intéressé par les conséquences matérielles des découvertes faites par celle-ci, au point de réclamer à chaque instant des résultats pratiques plus importants et plus raffinés.