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Citations sur Les jeux de l'esprit (25)

La passion pour les questions scientifiques n’existe pas. Le simple intérêt reste faible ; la soif de connaissance ne se manifeste pas encore. Le peuple vient au centre. Il écoute les conférences. Il va s’asseoir dans les bibliothèques et feuillette des livres. Il assiste à des projections. Il place son œil devant un télescope, mais il semble agir ainsi comme s’il exécutait une consigne, comme s’il craignait sans cela de se faire remarquer ou même de s’attirer des remontrances, plutôt que poussé par un ardent désir de s’instruire. Plusieurs des maîtres ont eu la même impression que moi. J’ai alors interrogé des étudiants et me suis aperçu que l’esprit des leçons n’était pas bien assimilé. Certains réussissent à retenir par cœur des sections entières de l’enseignement, sans paraître en évaluer la portée et la haute signification. La simple curiosité fait souvent défaut…
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Jusqu’à ce passage, en effet, malgré leur bonne volonté évidente, leur désir de collaborer, les littéraires avaient dû se borner à quelques rares interventions, des suggestions souvent repoussées avec humeur, pour que fût respecté l’idéal esthétique commun qu’ils s’étaient forgé au cours d’une vie de recherches. Celui-ci reposait tout entier sur la suppression de la plupart des adjectifs épithètes, sur l’insertion de quelques élégants passé simples là où le lecteur attendait un passé composé et, par-dessus tout, sur le remplacement de tous les adverbes se terminant en ment, tels que harmonieusement ou exclusivement, par des expressions beaucoup plus satisfaisantes telles que d’une façon harmonieuse ou d’une manière exclusive. Les esprits novateurs dans ce domaine poussaient la hardiesse jusqu’à suggérer la substitution de à une allure de colimaçon à l’atroce lentement, mais ils n’étaient généralement pas suivis jusque-là par leurs collègues.
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"...Nous vous avons apporté le feu. C'était pour vous chauffer l'hiver et cuire vos aliments. Vous vous en êtes servi pour forger des épées et incendier des villes.
Nous avons inventé des machines pour soulager l'humanité. Vous les avez transformées en engins de mort sur terre, sur mer et dans les airs.
Nous vous avons donné l'énergie sous toutes ses formes. Vous l'avez utilisé pour raser des cités entières...
En conclusion de ce préambule, messieurs les présidents, nous tenons pour démontré que vous êtes les derniers qualifiés pour tenir les rênes de ce monde ou de quelqu'une de ses parties. Le résultat désolant de vos règnes est de vous épuiser vous-même en jalousies puériles, en discussions stériles et en querelles misérables, avant de consumer des peuples entiers en guerres meurtrières et contraires à l'esprit scientifique, guerres que vous reconnaissez être incapables d'éviter, après avoir tout fait pour les provoquer par votre aveuglement, votre ignorance et votre inconscience.
Nous en arrivons ainsi à l'objet de ce message...
(extrait du chapitre 8)
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Les problèmes politiques d’autrefois, capitalisme, fascisme, prolétariat, lutte des classes, communisme, démocratie, socialisme même les laissaient tous indifférents ; mais pas la question de savoir si l’Univers doit être considéré et étudié indépendamment de l’homme, point de vue implicite ou avoué des physiciens comme O’Kearn ou Fawell lui-même, ou au contraire en fonction de l’homme, thèse que soutenaient tous les biologistes. Ceux-ci avaient beau jeu pour prétendre que les présents échecs étaient causés par l’inhumanité des premiers.
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Des savants, des cerveaux précieux devaient interrompre ou ralentir leurs travaux de recherche fondamentale, dirigés vers le vrai progrès, pour se mettre au service du monde et satisfaire ses désirs immodérés de confort, de luxe et de raffinements matériels.
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Si ces galaxies s’écartent ainsi aujourd’hui les unes des autres, il est évident qu’à une époque antérieure à la nôtre, elles étaient plus rapprochées. Remontons loin dans le passé, nous découvrons un corps dont les molécules ne sont plus séparées par des gouffres d’espace. Eloignons-nous encore dans le temps aussi loin que notre imagination puisse le faire, et nous voyons ces archipels très près les uns des autres, serrés les uns contre les autres, les étoiles s’écrasant sur les étoiles, les atomes sur les atomes, en un univers singulièrement restreint, d’une concentration de matière prodigieuse, d’une densité telle qu’un centimètre cube de ce magma primitif pouvait peser quelque cent millions de tonnes !
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Car il pensait plus que jamais que la collaboration du monde entier était nécessaire pour atteindre le but final, la pénétration par la science de tous les mystères de l’Univers. Plus que jamais, il tenait à éviter l’écueil dangereux, autrefois sarcastiquement signalé par les romanciers d’anticipation : le partage de l’humanité en deux classes, les savants et les autres, ceux-ci condamnés aux travaux grossiers et utilitaires, ceux-là enfermés dans une tour d’ivoire, bien trop exigüe pour permettre l’épanouissement total de l’esprit.
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Les premiers objectaient que si les combinaisons d’atomes ayant abouti au cerveau et à la conscience étaient effectivement quasi impossibles, toute autre combinaison eût présenté le même caractère de quasi impossibilité. De même, dans une loterie comportant des milliards de milliards de milliards de numéros, il faut bien qu’un de ces numéros sorte, portant un certain nombre, le tirage de ce numéro particulier présentant alors a priori un caractère aussi miraculeux que l’organisation du cerveau humain.
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Les progrès matériels, les techniques ne les intéressaient guère en eux-mêmes. Ils avaient juré de toujours maintenir ordinateurs et autres machines au rang d’outils, commodes et ingénieux sans plus. Si Fawell admettait, s’il considérait même indispensable le développement des applications pratiques de la science, c’est seulement parce que celui-ci permettrait de décharger l’humanité de travaux grossiers et abêtissants, la mettant ainsi à même de consacrer une partie de plus en plus importante de son temps au seul véritable progrès reconnu par lui : l’acquisition de la connaissance sacrée. Tel était l’esprit des savants de ce siècle.
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Les physiciens n’avaient dans l’esprit que les progrès de leur science, c’est-à-dire l’accès à la connaissance complète de la matière inogarnique par l’analyse des particules infinitésimales. Ils s’étaient entendu sèchement rappeler par leurs collègues physiologistes et médecins que la planète Terre était un élément non négligeable du monde, ce qu’ils avaient tendance à oublier, que celle-ci était habitée par des êtres possédant une qualité appelée la Vie, en particulier des hommes possédant un organisme animal sujet à toutes sortes de besoins et de misères, que la science aurait tort de mépriser. Si les cellules de cet organisme pouvaient, en dernière analyse, se résoudre en atomes et en électrons, ce n’était pas une raison pour en négliger la structure propre, ainsi que l’étude biologique, en vue de l’amélioration et de l’évolution harmonieuse de notre espèce. Contre son inclination instinctive, Fawell décida donc de s’occuper d’abord des hommes et de leur vie matérielle.
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