Citations sur Les Allées sombres (90)
La lune est déjà basse derrière les arbres, mais aussi loin que porte mon regard, tout est clairement visible. Dans l'ombre transparente, tout ce bois de morts, de croix et de monuments est parsemé de mille teintes. Le vent est tombé à l'approche de l'aurore, les couleurs claires et sombres dorment sous les arbres.
Aucune lumière allumée, pas âme qui vive. Tout est immense et muet, paisible et triste, triste comme le sont, la nuit, les villes endormies de la steppe russe
Il vint en février alors qu'elle avait désormais fait son deuil de le revoir ne fusse qu'une fois dans sa vie .
C'était comme si tout le passé était revenu .
-Ah , comme tu étais jolie , dit -il en hochant la tête , si belle , si passionnée ! Quelle taille , quels yeux tu avais ! tu te souviens comme tout le monde te regardait ?
- Je m'en souviens , Monsieur . Mais vous aussi , vous étiez superbe et c'est à vous , à vous seul que j'ai offert ma beauté et ma passion . Cela peut -il s'oublier ?
-Ah , tout passe , on oublie tout .
-Tout passe mais on n'oublie pas tout .
Ah, comme c’était bien ! Partout des flaques d’eau, un air doux, printanier et dans le coeur, cette tendresse un peu triste toujours mêlée à l’idée de la terre natale, de son passé
Le goudron noir des cheveux que sa coiffure avait soulevés très haut jurait curieusement par sa rudesse sur la douceur de son visage d’enfant, des anneaux d’or se balançaient à ses petites oreilles. Elle avait des cils noirs, invraisemblablement immenses, d’une splendeur pareille à ces papillons de paradis dont le vol fragile est un tel enchantement sur les paradisiaques fleurs de l’Inde… la beauté, l’esprit, la bêtise aucun de ces mots ni rien qui fut humain, ne convenait à cet être qui vraiment semblait venu d’un autre monde.
Mais au souvenir de tout ce que j’ai connu depuis, je me demande toujours : mais finalement qu’y a-t-il eu dans ma vie ? Oui, tout de même. Et c’est la seule chose qui ait existé dans ma vie; le reste n’est qu’un rêve inutile. Et je crois, je crois avec ferveur qu’il m’attend quelque part là-bas, avec le même amour, la même jeunesse que ce soir là. « Fais ta vie, sois heureuse sur la terre, et viens me rejoindre ….». J’ai vécu, j’ai eu du bonheur, et maintenant je ne serai plus longue à venir.
Un automne froid
Et tant de choses, tant de choses furent vécues durant ces années, si longues en apparence, quand on s’attache à y penser, quand on rappelle à sa mémoire cette chose magique, incompréhensible, inconcevable à l’esprit et au cœur, qu’on appelle le passé
Puis, dans le ciel qui s’éclaircissait, des branches noires se dessinèrent, saupoudrées d’étoiles étincelantes comme des gemmes
Sur le ciel noir du jardin, des étoiles limpides et glacées brillaient d’une lueur vive et persistante