Citations sur Les Allées sombres (90)
Et dans ses beaux atouts elle partit d’un pas dansant, traversa la salle et le salon dans la lumière jaune du crépuscule d’hiver qui tombait des fenêtres et, insouciante, entonna avec le soulagement d’une vie achevée
Vinrent de gros nuages blanchâtres aux reflets de plomb; le jardin, complètement dénudé, retentissait de bruits pressés et inquiets, comme s’il évanouissait et, la nuit, une moitié la lune blanche plongeait à chaque instant dans les tourbillons des nuages
l'obscurité était chaude, le silence plein de douceur, le ciel blanc comme du lait à force d'innombrables et minuscules étoiles... Il fit quelques pas, s'arrêta encore et leva la tête: un tapis d'étoiles s'élevait toujours plus profond dans le firmament, percé là-bas d'effrayantes ténèbres bleues et noires, béantes sur l'inconnu... Paix et silence, inintelligible et grandiose désert, vaine et vide beauté du monde, sainteté de la nuit, éternelle et muette... Et lui, tout seul en face, dans un abîme entre ciel et terre... Il se mit à prier le ciel en silence pour qu'on l'épargne, qu'on ait pitié de lui, et avec une joie amère il se sentait fondre dans l'univers et déjà comme prêt à renoncer à soi, à son corps...
oui, c'est bien elle. Il s'arrête et la regarde s'élancer de bas en haut à toute volée, tendant la corde de plus en plus fort pour s'élever jusqu'à la dernière limite, en faisant mine de ne pas le remarquer. Les anneaux grincent et elle s'envole à une hauteur terrifiante, disparaît dans les branches et, comme fauchée par une balle, retombe en une chute vertigineuse, en se tassant sur le siège, la jupe à tous les vents.
Bonheur paisible de toute chose - de ce crépuscule et de ces odeurs - et toujours encore comme une promesse confuse, le tourment de son existence, de sa présence à ses côtés, ce tourment d’amour qui lui déchire le cœur
Une mouette solitaire accompagnait le bateau de son vol triste et vagabond, tantôt elle suivait la poupe en gitant, arquée sur ses ailes pointues, tantôt allait de sa course penchée se fondre au loin, sur le côté, comme si elle se fut sentie perdue dans l’étendue vide qu’étaient le fleuve immense et le ciel gris de l’automne
Alors le petit garçon qui n’avait plus personne au monde, s’enferma dans une vie complètement indépendante, entièrement isolée du reste de la maison, une vie silencieuse, imperceptible, chaque jour plus solitaire
Par dessus ce mur, l’admirable gemme d’une étoile verte me regarde, basse dans le ciel et lumineuse comme celle d’autrefois mais celle-ci, et immobile
Qu'est-ce donc? La chose est passée en coup de vent avant de disparaître. Mais mon cœur, lui, s'est arrêté de battre dans ma poitrine. Et c'est ainsi, avec ce coeur défaillant que je porte en moi comme un calice trop lourd, que j’avance.
Cette nuit, quelque part, là-bas, comme au ciel, peut-on s’en souvenir ?