"Sur toutes les chaînes passait des images de fourmilières en gris, en noir, en blanc point pour le punir de ces mauvais programmes mon père l'avait chapeauté d'un bonnet d'âne point parfois il me disait :
- Si tu n'es pas sage, j'allume la télévision !
C'était l'horreur de regarder le téléviseur pendant des heures. Mais il le faisait rarement, il n'était pas vraiment méchant." p25-26
J'avais très bien compris qu'elle voulait s'endormir pour toujours, car il n'y avait qu'en dormant qu'elle pouvait éloigner ses démons et nous épargner ses moments de démence. Elle voulait être tranquille tout le temps, tout simplement.
Chaque matin, après avoir reçu son prénom quotidien, elle me confiait un de ses gants en velours fraîchement parfumé pour que toute la journée sa main puisse me guider.
Le temps d'un cocktail,d'une danse,une femme folle et chapeautée d'ailes,m'avait rendu fou d'elle en m'invitant à partager sa démence.
Mais enfin, dans quel monde vivons nous ? On ne vend pas des fleurs, les fleurs c’est joli et c’est gratuit, il suffit de se pencher pour les ramasser. Les fleurs c’est la vie, et à ce que je sache on ne vend pas la vie !
Les médecins nous avaient expliqué qu il fallait la protéger d elle même pour protéger les autres. Papa m avait dit qu il n'y avait que des médecins pour sortir des phrases pareilles. Maman était installée au 2me étage de la clinique, celui des déménages du ciboulot. Pour la plupart, le déménagement était en cours, leur esprit partait petit à petit, alors ils attendaient calmement la fin du nettoyage, en mangeant des médicaments.
Dans le couloir, il y avait beaucoup de gens qui semblaient pleins et normaux à l extérieur, mais qui en fait étaient presque vides à l intérieur. Le 2me étage était une salle d attente géante pour accéder au 3ème étage, celui des décapités mentaux. A cet étage là, les patients étaient beaucoup plus marrant s. Pour eux le déménagement était terminé, les médicaments avaient tout enlevé, il ne restait que de la folie et du vent.
"Mon petit, dans la vie, il y a deux catégories de personnes qu’il faut éviter à tout prix. Les végétariens et les cyclistes professionnels. Les premiers, parce qu’un homme qui refuse de manger une entrecôte a certainement dû être cannibale dans une autre vie. Et les seconds, parce qu’un homme chapeauté d’un suppositoire qui moule grossièrement ses bourses dans un collant fluorescent pour gravir une côte à bicyclette n’a certainement plus toute sa tête. Alors, si un jour tu croises un cycliste végétarien, un conseil mon bonhomme, pousse-le très fort pour gagner du temps et cours très vite et très longtemps !"
D'elle, mon père disait qu'elle tutoyait les étoiles, ce qui me semblait étrange car elle vouvoyait tout le monde, y compris moi.
Elle avait réussi à donner un sens à ma vie en la transformant en un bordel perpétuel.
Le temps d'un cocktail, d'une danse, une femme folle et chapeautée d'ailes, m'avait rendu fou d'elle en m'invitant à partager sa démence.