Du matin au soir, il y avait toujours quelque chose à faire au parc, une décision à prendre, un animal à soigner. Malgré l’usage des voitures de service, il fallait beaucoup marcher, et surtout rester vigilant en permanence. Lorenzo répétait que, au milieu d’animaux sauvages, tout pouvait arriver, et qu’en conséquence il n’était pas question de céder à la routine, aux habitudes.
Voir un lion ou un tigre de très près, à l’abri d’un tunnel de verre blindé ou sur une passerelle sécurisée, rouler en voiture au milieu des ours bruns, caresser un chevreau, regarder les éléphants s’asperger, donner à manger aux singes, tout cela valait bien mieux qu’une balançoire ou un trampoline. Certains esprits chagrins lui prédisaient qu’il allait perdre des clients, mais il n’en démordait pas : il refusait de mélanger les genres. La visite du parc procurait assez de sensations et d’émotions, nul besoin d’avoir recours à des jeux. D’autant moins qu’il espérait des enfants comme de leurs parents une prise de conscience devant la menace de disparition pesant sur certaines espèces.
— Il n’est pas agressif ? s’enquit Julia.
— Non ! Ni agressif ni perdu, mais vraiment bizarre. Et nous ne savons jamais de quoi les gens sont capables.