AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,06

sur 154 notes
5
7 avis
4
7 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En 1985, Bouvier est envoyé sur Inishmore, la plus grande des trois îles d'Aran qui se trouvent au large de Galway, quelques kilomètres au sud du fameux Connemara.
Inishmore, j'en reviens justement: août 2022, un ferry transporte une cinquantaine de familles pour quelques heures sur l'île où l'on se dépêche, une fois débarqués, d'en voir le plus possible de ce paysage sauvage et pierreux traversé de toute part de minibus et de calèches. L'horreur.
20 ans plus tôt, en plein hiver, nous n'étions qu'un petit nombre, un seul pub était ouvert, il ventait, pleuvait, et le patron du pub nous racontait des histoires comme à de petits enfants.
En 85, Bouvier débarque sur une île attirant surtout ornithologues, naturalistes et Américains à la recherche de leurs origines. Bref, en 40 ans le tourisme y a bien changé.
Bouvier n'y va pas à la meilleure période. L'année vient de commencer, les tempêtes empêchent toute activité, le ciel est plus gris encore que ces kilomètres de plaques pierreuses qui habillent les trois îles. Son hôte est vexé: il y a tant à voir au printemps, quand tout refleurit!
Entre légendes et Histoire, Bouvier, qui se débat contre une dysenterie, parcourt l'île comme il peut, écoute les récits des plus âgés, dont ceux qui sont revenus de la côte Est américaine après des années d'exil, raconte l'accueil pas toujours accueillant réservé au réalisateur Robert Flaherty quand il est venu tourner son documentaire, en faisant prendre des risques inconsidérés et irréfléchis à ses habitants.
Tout, jusqu'à la moindre souche morte, recèle de bons ou mauvais sorts et l'île vit au rythme de croyances populaires que Bouvier ne renie pas.
Lorsque le séjour se termine, on ne sait pas ce qu'il en a vraiment pensé... l'Asie lui est sans doute plus familière que ces terres à l'extrême ouest de l'Europe.
Quant à moi, j'y ai redécouvert une Galway encore très rurale très différente de celle que je connais, et un paysage battu par les vents et l'écume qui m'ont ravie.
Commenter  J’apprécie          282
Partir... Il y a l'errance, le dépassement physique et mental, l'aventure et les découvertes.
Puis il y a partir en vagabond sédentaire grâce à la lecture.
Partir avec Nicolas Bouvier, c'est perdre ses repères et pénétrer d'autres mondes.
L'auteur s'y entend pour décrire lieux et paysages, faune et flore, rappels historiques, portraits humains, rencontres, conditions de voyage.
Une lucidité tranchante notamment sur les conditions religieuses et superstitieuses à travers siècle jusqu'aux jours qui le virent en Irlande, en Corée et en Chine dans ce petit livre relatant ces expériences.
Un regard tranchant sur la folie humaine et les sites bafoués par la crasse déposée par l'homme (Corée), Nicolas Bouvier ne cache en rien sa révolte et son écoeurement.
Il s'avère intéressant d'effectuer quelques recherches sur l'évolution de ces lieux et des hommes au regard de la date d'édition.
L'Île d'Aran et sa sauvagerie naturelle, ses îliens aux regards tournés vers New-York, ses croyances « celtiques » qui évoluent vers un folklore touristique n'empêchent pas d'être fascinés par ce coin de terre isolé et aride.
La Corée où l'homme pleure pour se nettoyer, où la corruption émanant d'années d'occupation et d'horrible guerre nous est décrite avec tout le réalisme de l'époque.
Et enfin la Chine, à Xian, quelques feuillets d'une émotion rare qui donne à espérer en l'homme.

Considéré comme l'un des grands écrivains voyageurs, son écriture reste contemporaine malgré le temps qui s'est écoulé, dit les choses et les faits dans une langue forte, sans concessions et c'est en cela que son expérience nous enrichit, faite de constats pertinents et lucides qui amènent à réfléchir.
Commenter  J’apprécie          130
Les livres de Nicolas Bouvier sont toujours une invitation au voyage introspectif. La description des paysages désolés des îles d'Aran en sont une nouvelle illustration. Il nous fait part de son ressenti face à cette nature violente, à ces gens qui ont choisi cet exil volontaire. On se croirai dans un tableau de Friedrich. L'Homme face aux éléments telluriques qu'il ne maîtrise pas.
Les récits asiatiques qui terminent le livre ont peut-être moins de prégnance.
Un excellent livre de voyage.
Commenter  J’apprécie          120
Des trois récits de voyages qui constituent ce journal, j'ai surtout été marqué par la ballade irlandaise. Sans doute parce que ce pays, et surtout sa musique, tient de la place dans ma vie.
Comme revenant à ses premiers voyages financés par des journaux suisses (Finlande, Maroc,…), Nicolas Bouvier part en reportage pour un magazine dans les années 80. Fidèle à lui-même, il débarque sans plan ni préparation. le voyage devient une petite errance sur cette île d'émigrants. de ses tribulations, il ramène (encore une fois) un récit limpide, un documentaire à la force d'évocation stupéfiante.
Sur les îles d'Aran, Nicolas Bouvier suit la piste des saints irlandais exaltés et délirants. Il découvre une frugalité qui sans doute le fascine, lui pour qui le voyageur s'allège quand le sédentaire s'alourdit.
En quelques rencontres de lieux et d'hommes, et à travers des histoires recueillies, de grands thèmes du pays prennent corps. Voici ceux qui me restent en mémoire : la force des paysages, l'âpreté de la nature, la prégnance de l'histoire, la présence en filigrane de l'arrière monde (celui des sidh et des êtres fées), l'émigration, la pauvreté, le goût de la parole, la force de caractères des irlandais.
J'ai découvert Aran à travers ce livre. Avant cela, ces trois îles étaient de simples taches sur une carte, auxquelles j'associais une réputation de rudesse et de sauvagerie. Bien après avoir lu ce journal, j'ai visité l'Irlande. Mes souvenirs de 6 semaines passées aux portes de l'hiver le long de la côté ouest, et particulièrement quelques journées sur Inismore à Aran à la veille de Noël, me font dire que cette chronique de Nicolas Bouvier est d'une justesse étonnante – sans parler de la beauté du texte.

Étrangement, je ne garde quasiment aucun souvenir des deux autres récits du livre. Ils parlent de l'Asie, je crois. Comme si les îles Aran et leurs côtes battues par l'Atlantique les avaient englouties. C'est bien ma seule raison de ne pas mettre cinq étoiles à ce livre.
Commenter  J’apprécie          110
Ça fait trois jours que je m'agrippe à Nicolas pour parcourir de fond en comble quelques îlots pierreux battus par des vents de folie, au large de Galway, côte ouest de l'Irlande. C'est surtout la nuit que la fièvre nous ouvre les lucarnes de toutes les croyances: car un monde parallèle s'agite ici, issu des contrées du dessous, grottes, tombes, sources, d'où, quand bon leur semble, surgissent les créatures du "Side". Simples, directes, elles viennent à vous sous forme éthérée, humaine ou animale, pour vous aimer ou peut-être pour vous tuer. Toutes sortes de récits se tricotent sans retenue au coin du feu, les nuits de vent cinglant. Nicolas et moi nous observons, regardons, écoutons. Et sans doute rencontrons-nous un de ces visiteurs de l'au-delà projeté par une bourrasque dans une encoignure de muret: un cheval blanc , immobile, fantômatique ... Nicolas me souffle à l'âme ses frissons, sa fièvre tenace, dans un récit précis, érudit et sauvage, d'une jubilatoire liberté. Aran d'Irlande et d'autres lieux saupoudrés sur terres et mers d'Asie racontent chacun leur tour l'âme humaine dans toutes ses diversités.
Commenter  J’apprécie          71
Trois destinations (Irlande, Corée et Chine) unies par le folklore. Nous suivons Nicolas Bouvier dans les îles d'Aran, où vivent d'irréductibles irlandais attachants et surtout des moutons à la laine épaisse. le vent, le froid, les prés à l'herbe rase. Une vie simple, rude et frugale.
La Corée après plusieurs conflits affreux et meurtriers. Des familles décimées réapprenant à vivre. Pays s'ouvrant peu à peu au tourisme. Et une Chine complexe et surprenante.
Nicolas Bouvier est truculent. L'écriture est rythmée par quelques expressions et mots argotiques. Je me suis régalée.
Commenter  J’apprécie          60
Nicolas Bouvier a un oeil particulier. C'est l'écrivain voyageur dans toute sa splendeur.
Il va à la rencontre des habitants plus que des lieux.
Ses récits de voyages sont drôles, vivants. il se débrouille pour toujours ou presque loger chez l'habitant.
On sent une véritable curiosité et un véritable amour de son prochain chez Bouvier
Commenter  J’apprécie          40


Lecteurs (362) Voir plus



Quiz Voir plus

L'usage du monde - Nicolas Bouvier

En juin 1953 débute l’aventure. Nicolas et Thierry partent-ils à pied, en voiture ou à dos d’âne ?

à pied
en voiture
à dos d’âne

10 questions
155 lecteurs ont répondu
Thème : L'usage du monde de Nicolas BouvierCréer un quiz sur ce livre

{* *}