Refermer un tel récit de voyage me laisse à la fois rêveuse et dépourvue de mots. Tant de beauté dans ce récit qui restera un classique dans son genre, devient une gageure pour vous exposer mon ressenti.
Certes, si
Nicolas Bouvier revenait sur Terre pour constater l'état de ce Monde d'avant, il serait certainement bien déçu.
Il nous conte avec tant de modestie et tant d'authenticité tous ces peuples diversifiés, ces coutumes, et les prémices d'un mal qui n'a fait que gonfler et gangréner avec le temps. Mais c'est un autre débat.
Il a eu la chance non sans peine car ce n'est pas un voyage de tout repos, de vivre au sein d'un monde qui était encore Monde avec sa palette de couleurs, de saveurs...
Lire "
L'usage du Monde" nous propulse dans
L Histoire et la Géographie.
On dit encore la Perse par exemple et non l'IRan, la Yougoslavie est encore en vie, et on croise un tas de peuplade aux sonorités bien étranges pour nous occidentaux qui pour ma part je n'avais jamais entendu parler.
Voilà, un dépaysement total à la lecture de ce récit.
Mais ce qui m'a le plus touché c'est évidemment la plume de
Nicolas Bouvier et sa réflexion sur ce cheminement vers un ailleurs.
J'ai relevé beaucoup de phrases que ne pourrait malheureusement pas retranscrire ici mais je sais que j'irai à l'envi me replonger dans
l'usage du monde par pur plaisir de lire et se sentir se détacher de notre monde actuel, ce monde devenu Mondialisation, ce monde en perdition.
Heureusement il reste par les écrits, un coin de paradis à lire, découvrir, savourer et laisser pendant quelques heures notre impuissance à retenir ce radeau "Monde" à la dérive.
Pour tous ceux qui aiment les voyages mais pas au sens "guide touristique" non le vrai voyage, c'est à dire, vous laissez votre confort à la maison, vous oubliez tout de vos habitudes et vous emportez dans votre valise que votre courage, curiosité, votre envie de mordre la vie crue, telle qu'elle se présente ; alors oui lisez "
l'usage du monde" ça vous donnera une idée concrète d'un vrai voyage.
Je finirais par cette phrase de
Nicolas Bouvier : Comme une eau, le monde nous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu' il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui paradoxalement, est peu-être notre moteur le plus sûr.
Bon voyage à vous futurs lecteurs de "
l'usage du monde" faites en bon usage et tirez-en la leçon qui s'impose.