La lune brillait comme un soleil sur fond noir, un soleil femelle qui aurait accouché de petits éclats brillants éparpillés un peu partout autour de lui, comme un immense troupeau d’enfants veillés par une mère immobile incapable d’amour.
Ce sont des odeurs de printemps suspendues dans l’air frais du matin, des odeurs d’abord, toujours, des odeurs maculées de couleurs, en dégradé de vert, en anarchie florale confinant à l’explosion. Puis il y a les sons, les bruits, les cris, qui expriment, divulguent, agitent, déglinguent. Il y a du bleu dans le ciel et des ombres au sol, qui étirent la forêt et étendent l’horizon. Et ce n’est pas grand-chose, parce qu’il y a aussi tout ce qui ne peut se nommer, s’exprimer, sans risquer de laisser en route la substance d’une émotion, la grâce d’un sentiment. Les mots ne sont rien face à cela ils sont des habits de tous les jours, qui s’endimanchent parfois, afin de masquer la géographie profonde et intime des peaux ; les mots, une invention des hommes pour mesurer le monde.
Les âmes. les Pères m'ont enseigné qu'elles ne se vernissent pas, qu'elles se traitent en profondeur, qu'il est bien plus charitable de pardonner l'homme balloté par le malheur que de courtiser celui qui par naissance et fortune en est préservé. La vertu sans mérite n'est rien d'autre qu'un déguisement de carnaval.
Y a qu'une chose que je veux jamais avoir à faire dans ce qui me reste de vie, une seule que je supporterai pas ...
La vieille femme s'interrompit, saisit le poignet libre de sa fille, le sera en le secouant nerveusement. Sa voix ne trembla pas :
Devoir un jour emmener ma fille au cimetière, avant que j,y sois rendue, ça je pourrai jamais le supporter.
C'était rien qu'un stupide accident, tout va bien maintenant.
Une mère c'est fabriqué pour s'inquiéter, y a rien à faire contre.
Il sera ton fils jusqu'a ta mort, mais tu ne seras jamais une mère pour lui, plus jamais
Je sens bien que j'ai fini de vider mon sac de mots, qu'il m'en a manqué pour vraiment dire les choses comme je les ressentais au moment où je les ressentais, que des fois ceux que j'utilise collent pas exactement, que j'aurais besoin d'en connaître d'autres, plus savants, des mots avec plus de choses dedans.
- C"est si compliqué de dire ce qu'y a vraiment dans ta tête, dit-il.
Elle le tança du regard, et de nouveaux traits durcirent son visage.
- Je fais comme on m'a appris.
- Des fois, on nous apprend pas bien.
- C'est trop tard pour changer ça.
La seule chose qui me rattache à la vie, c'est de continuer à écrire, ou plutôt à écrier, même si je crois pas que ce mot existe il me convient.
Inspirer la pitié à quelqu’un, c’est faire naître une souffrance pas vécue dans un cœur pas préparé à la recevoir, mais qui voudrait pourtant bien en prendre une part, sans en être vraiment capable. La pitié, c’est le pire des sentiments qu’on peut inspirer aux autres. La pitié, c’est la défaite du cœur.
je savais qu'on pouvait pas avoir deux familles dans une seule vie, que les rêves sont rien plus que des rêves, et ceux qu'on nous vend sans qu'on les rêve soi-même, il faut les fuir à tout prix
je savais qu'on pouvait p