Citations sur Né d'aucune femme (818)
Inspirer la pitié à quelqu'un, c'est faire naître une souffrance pas vécue dans un cœur pas préparé à le recevoir, mais qui voudrait pourtant bien en prendre une part, sans en être vraiment capable. La pitié, c'est le pire des sentiments qu'on peut inspirer aux autres. La pitié, c'est la défaite du cœur.
En vrai, j'existe pour personne. Il y a que ce qu'on partage qui existe vraiment, ce qu'on représente pour les autres, même si c'est que ça, parce qu'un simple souvenir vaut rien, qu'il se déforme toujours, se plie de façon à être rangé dans un coin. Les souvenirs, surtout les bons, c'est rien que de la douleur qu'on engrange sans le savoir.
Mettre bas, c'est à la portée d'une vache, d'une brebis, de n'importe quel animal, pourquoi j'y arriverais pas, vu que je me considère pas plus qu'une bête, je me dis pour me rassurer. Et même si j'y arrive pas, je mourrai, comme des fois les animaux. Ça s'arrêtera alors pour moi et sûrement pour le quelqu'un aussi. La belle affaire. Il y a bien longtemps que je suis convaincue que personne est maître de son destin, et les gens de rien encore moins que les autres.
C'est sûrement pas confortable de se sentir coupable d'une chose qu'on n'a pas commise. C'est l'idée que je me fais de la pitié, et la pitié a jamais aidé personne à se sentir mieux, surtout pas celui à qui on la destine.
C'est tout le problème des bonnes gens, ils savent pas quoi faire du malheur des autres. S'ils pouvaient en prendre un bout en douce, ils le feraient, mais ça fonctionne pas comme ça, personne peut attraper le malheur de quelqu'un, même pas un bout, juste imaginer le mal à sa propre mesure, c'est tout.
Je peux pas m'arrêter quand je suis lancée. Les mots, ils me font me sentir autrement, même enfermée dans cette chambre. Ils représentent la seule liberté à laquelle j'ai droit, une liberté qu'on ne peut pas me retirer, puisque personne [...] sait qu'ils existent.
nul ne peut vouloir avec ferveur ce qu'on ne lui a pas appris à désirer.
C'est cette nuit-là que j'ai compris que ça voulait rien dire, dormir, que c'étaient rien que des petits galops plus ou moins réussis, que la vraie course qui s'arrête jamais, c'est la mort.
la vie était une marche consciente vers le néant d'après, pendant que flottait l'odeur aigre du vin en train de pourrir sous la mère ; ce que recèle tout enfantement, l'idée que ce n'est pas la vie que l'on offre au final, mais une mort en germe.
Parce que sortir un petit être du néant d'avant pour lui offrir celui d'après est une immense responsabilité, et en sortir quatre, une pure folie.