... je me prends à douter du pouvoir de Dieu à forger les destins sans quelque préférence.
L'âme, c'est pas ce qui reste quand on est mort, c'est ce qui s'en va quand il reste plus rien à ranger.
Trois filles arrachées au néant, au motif qu’un homme et une femme se doivent de fabriquer un peu plus qu’eux-même pour échapper au temps, sans penser ni même imaginer un seul instant les malheurs à venir et le cadeau empoisonné que peut devenir une vie. Un cadeau pouvant se révéler bien pire que le néant préalable, qui n’est rien d’autre qu’une absence jamais considérée par les hommes, et pas plus par un dieu. Parce que sortir un petit être du néant d’avant pour lui offrir celui d’après est une immense responsabilité, et en sortir quatre, une pure folie.
Toute ma vie, j'ai failli être un homme.
C'est tout le problème des bonnes gens, ils savent pas quoi faire du malheur des autres. S'ils pouvaient en prendre un bout en douce, ils le feraient, mais ça fonctionne pas comme ça, personne peut attraper le malheur de quelqu'un, même pas un bout, juste imaginer le mal à sa propre mesure, c'est tout.
Tout le monde souhaite la mort de quelqu’un, à un moment ou à un autre de sa vie, elle a dit, sans presque détacher les mots, comme s’ils s’appuyaient les uns sur les autres pour prendre leur élan, et qu’elle arrive au bout de ce qui avait tout l’air d’une vérité fondamentale à ses yeux.
Les mots ne sont rien face à cela ils sont des habits de tous les jours, qui s’endimanchent parfois, afin de masquer la géographie profonde et intime des peaux ; les mots, une invention des hommes pour mesurer le monde…
J'ai appris que seules les questions importent, que les réponses ne sont que des certitudes mises à mal par le temps qui passe, que les questions sont du ressort de l'âme, et les réponses du ressort de la chair périssable.
C'est là que j'ai compris, que le diable, lui, il vient sans qu'on ait besoin de l'appeler.
La seule chose qui me rattache à la vie, c'est de continuer à écrire, ou plutôt à écrier, même si je crois pas que ce mot existe il me convient. Au moins, les mots, eux, ils me laissent pas tomber. Je les respire, les mots-monstres et tous les autres.