AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,65

sur 100 notes
5
5 avis
4
10 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« - Réfléchissez, dit Giuseppe. Vous êtes des flics, non ? Vous êtes censés protéger les gens comme moi.
C'est mal nous connaître, rétorque Donnie. »

Juillet 1991, au sud de Brooklyn. La quarantaine bien tassée, Donnie Parascandolo est un flic brutal, alcoolique et corrompu, qui vit seul depuis le suicide de son fils Gabe, alors élève en seconde. Accompagné de ses deux acolytes, Pags et Sottile, il joue les gros bras pour Big Time Tommy Ficalora, le chef de la mafia locale.

Cet après-midi-là, alors qu'il est en train de boire avec ses deux compères, il aperçoit Mickey Baldini, dix-neuf ans, ex-étudiant au look de « crust punk », avec ses écarteurs d'oreille et un trait tatoué sur le menton. Mickey est en train de fricoter sur le terrain de basket attenant avec la fille de la voisine de Donnie, Antonina Divino, quinze ans à peine et belle comme un ange. Donnie intervient, voit rouge et balance un coup de batte de baseball sur la tempe de Mickey.

Quelques bières plus tard, il décide d'accomplir une mission que leur a confiée Big Time Tommy. Il s'agit de rendre une visite « virile » à Giuseppe Baldini, père de Mickey et joueur impénitent lourdement endetté auprès de la mafia locale. Las. Donnie outrepasse les ordres et jette Giuseppe d'un pont. L'homme ne savait pas nager.

Bienvenue dans l'atmosphère toute particulière du sud de Brooklyn, le quartier où a grandi William Boyle. Dans cette « Little Italy » se côtoient depuis toujours des mafieux bas du front, des flics pourris, des veuves mélancoliques, des mammas italiennes aussi dévouées que possessives, des adolescents à la dérive.

« La cité des marges » multiplie les narrateurs dont les destinées sont inéluctablement appelées à s'entrechoquer. Les courts chapitres qui composent ce roman choral donnent ainsi successivement la parole à Donnie Parascandolo, Mickey Baldini, Antonina Divino, Ava Bifulco, une veuve bigote, Nick Bifulco, son fils velléitaire, Rosemarie Baldini, qui élève seule son fils Mickey depuis la mort de Giuseppe, et Donna Rotante, l'ex-femme de Donnie.

Ce découpage narratif confère au récit une forme de nervosité très cinématographique qui évoque « Short Cuts » de Robert Altman. Les narrateurs qui se succèdent constituent autant de focales sur une intrigue en forme de peinture virtuose du sud de Brooklyn.

William Boyle fait mouche en parvenant à créer une empathie quasi-instantanée pour ses personnages aussi cabossés qu'attachants. Il construit avec maestria un édifice narratif complexe, où s'entremêlent les destinées de ses protagonistes. Un exercice de funambule, un puzzle dont les pièces s'assemblent pour nous dessiner une fresque enlevée et foisonnante.

Et pourtant. Les ficelles qui tirent les marionnettes du théâtre new-yorkais imaginé par l'auteur sont un peu trop visibles. S'il excelle dans la construction de dialogues mordants, le style épuré de l'auteur n'offre que trop rarement ces phrases qui arrêtent le temps, ces moments de grâce propres à la littérature, ces instants où le roman délaisse son intrigue pour nous emmener dans un ailleurs inattendu, un lieu que l'on nomme poésie.

Lorsque l'on referme « La cité des marges », on a l'impression étrange d'avoir vu une saison entière des Sopranos. C'est sans doute la véritable réussite de William Boyle. Plonger son lecteur dans l'univers truculent et tragique de Donnie Parascandolo, le macho à l'état chimiquement pur, qui est paradoxalement le personnage le plus incarné du roman. Nous peindre un tableau virevoltant et teinté de la douce mélancolie qui traverse « This Is All I Ask ? », qu'interprète Sinatra dans « September Years ».

« Beautiful girls, walk slower when you walk by me.
Lingering sunsets, stay a little longer with the lonely sea
Children everywhere, when you shoot at bad men, shoot at me. »

« Vous les jolies filles, ralentissez le pas quand vous passez près de moi
Vous les couchers de soleil, tenez encore un peu compagnie à la mer.
Vous les enfants, quand vous tirez sur les méchants, tirez sur moi. »

Commenter  J’apprécie          6626
William Boyle fait flirter ses personnages avec les frontières, avec les marges du titre – limites de l'amour, du désir, de la justice, de la vendetta. Il crée une galerie de protagonistes qui fait osciller son nouveau roman entre mafia, flics corrompus et effluves suaves des foyers tenus par les mamas italiennes. Suspense et humour satirique se relaient pour faire de la cité des marges un thriller savoureux (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/09/12/la-cite-des-marges-william-boyle/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          290
Petite virée dans un Brooklyn à la fin des nineties quartier, on est si proches de Little Italy qu'on en sent clairement le parfum.

Casting composé de flics plus que pourris, de personnages au bout du roll's, de mamma comme n'en fait que l'Italie, de mafia aussi omnipotente que flippante et de personnages à la marge du rêve américain, y'a de quoi faire.

Composé d'abord comme un roman noir à la facture classique, William Boyle prend un temps précieux et un plaisir certain à implanter des personnages cabossés par la vie dans un décor pittoresque à en être palpable. Fin psychologue et observateur perspicace de ses contemporains il dresse des portraits convaincants humains, et de destinées tantôt branlantes tantôt obstinées et inamovibles.

Il a une patte et le coup de main qui va avec pour nous mitonner une sauce qui si elle sent bon l'Italie et rappelle le Gang des rêves de Lucia di Fulvio, avec un peu plus de lucidité car ici le rêve américain n'existe plus : il y a comme un petit relent empyreumatique, ce petit arrière-goût de noirceur qui bien qu'annoncé d'entrée s'atténue peu à peu pour revenir après un solide tiers du livre. Transformée la fresque colorée en roman noir à tendance dramatique.

Si j'ai admiré l'adresse avec laquelle l'auteur tisse l'écheveau des destinées de ses personnages via l'utilisation d'une langue simple et directe, et l'inclusion trop importante à mon goût de références cinématographiques et musicales, le name dropping ici est un peu fatiguant, et rappelle la manière d'Easton Ellis sans son intensité. L'auteur au final déploie un schéma narratif classique au service d'une intrigue un peu convenue même si elle réserve de belles surprises on sent qu'il manque un petit quelque chose pour exhausser la saveur de la lecture. La réflexion sur les thèmes abordés est uniquement laissée au lecteur et le roman semble un peu trop classique, ne sortant pas du lot par une plume racée, foisonnante ou lyrique je ressors de cette lecture avec de la curiosité sur le reste de l'oeuvre de l'auteur mais une petite réserve sur sa capacité à m'émerveiller.
Commenter  J’apprécie          235
La cité des marges est un polar très noir qui rentre bien dans la catégorie du dirty realism, courant littéraire paru Outre Atlantique dans les années 1980-90, un genre qui s'intéresse à la vie peu reluisante de petites gens, avec leur parler, qui peut être cru, dans une écriture dépourvue de toute joliesse. C'est curieux, mais j'ai constaté que plusieurs écrivains contemporains nord américains refusent cette étiquette qui pourtant colle bien à leur style.

En tout cas, en ce qui concerne ce roman, je trouve que l'étiquette lui va comme un gant. Voici un roman très fort situé dans le Brooklyn natal de l'auteur, dans les années 90 du siècle dernier, qui nous décrit Little Italy et ses gens sous forme de roman choral avec 7 personnages hauts en couleur, magnifiquement travaillés.

Au centre du récit et personnage autour duquel tourne l'intrigue : Donnie Parascandolo, ex-flic exclu du Corps après l'agression d'un supérieur, devenu gros bras d'un minable parrain du quartier; Donnie est alcoolique et passablement agressif et suite au décès de son fils unique, sa femme Donna l'a quitté. Malgré la noirceur et la violence de ce personnage, on ressent de l'empathie pour lui parce que c'est un paria et qu'il est en train de se suicider à petit feu, il est au bout de lui même.

Les autres personnages autour de Donnie sont : son ex femme, Donna, qui vit à quelques mètres, non remise de la perte de son fils; Rosemarie et Mikey Baldini, mère veuve et fils un peu déboussolé; Ava et Nick Bifulco, mère veuve, directrice d'EPHAD et fils nul, professeur de lycée, qui pense faire fortune en écrivant un livre sur Donnie, le flic ripou; Antonina Divino la Lolita du quartier qui a l'air de savoir ce qu'elle veut; Ralph Sottile, un autre ex flic ripou, un personnage émouvant qui va s'attacher à Antonina en souvenir de la fille qu'il a rêvé d'avoir un jour.

Tous ces personnages habitent le quartier, certains se connaissent, d'autres vont se croiser de façon fortuite ou provoquée. Tant d'interactions entre tous ces personnages, feront que l'atmosphère va s'envenimer et à partir de là le roman se transforme en tragédie grecque avec plein de mammas italiennes pleurant toutes les larmes de leurs corps.

La fin de ce roman noir est ouverte, c'est une satire assez féroce et très sociale, décrivant un milieu particulier. Et au coeur du livre, se trouvent la perte de l'innocence et la douleur qui suit la disparition d'êtres chers. Une lecture qui secoue.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
Commenter  J’apprécie          60
Une histoire construite comme une tragédie classique, hormis le prologue et l'épilogue, l'action se déroule sur 2 jours dans un quartier italien de New-York. Les flics sont véreux et travaillent pour un mafieux local. Les femmes plus âgées sont endeuillées et préparent des pâtes à la sauce à la viande ou écoutent des disques. Les jeunes hommes sans père sont perdus.
Le lecteur est omnicient par rapport aux personnages, ce qui ajoute au plaisir de la lecture de ce livre extrêmement bien construit et rythmé.
L'envie de raconter doit s'effacer devant le risque de divulgacher les multiples rebondissements, les couples qui se créent, les règlements de compte qui tournent mal.
L'amour, la vengeance, le désir de rédemption lient tous les nombreux personnages. Aucun n'est sacrifié par l'auteur mais nous aurons tous nos préférés.
J'aime beaucoup le duo composé de Ralph Sottile, un flic mélancolique et d' Antonina Divino, une belle lycéenne qui n'a peur de personne. Les scènes violentes alternent avec d'autres plus tristes comme celle bouleversante où Donnie Parascandolo parle à son fils derrière une porte.
L'auteur s'offre même une mise en abyme sur le métier d'écrivain via le personnage de loser de Nick Bifulco qui a l'idée du livre que nous sommes en train de lire ! En effet il pense avoir trouvé un excellent personnage en la personne de Donnie et un bon décor en utilisant le quartier italien où tous se côtoient et se croisent. L'épilogue laisse quelques personnages en suspens, au lecteur d'imaginer ce que les protagonistes survivants vont devenir.
Un beau roman noir.
Commenter  J’apprécie          30
Après avoir oublié ce roman dans ma PAL de septembre pour le Challenge Gallmeister, j'ai oublié d'en faire une critique… décidément !
Pourtant ça a été pour moi une super découverte de William Boyle. J'aime beaucoup cet univers italo - new-yorkais entre mafia et flics ripoux. Moi qui ne suis pas une grande connaisseuse de romans noirs j'ai complètement accrochée à cette lecture.
Comme son nom l'indique, l'histoire se déroule dans une ville « à la marge » (Brooklyn, dans le quartier de Gravesend si connu de Boyle puisqu'il y a grandi, Coney Island…) avec des personnages à la marge également, chacun dans leur genre … une galerie de portraits qui semblent vivre au tournant de leurs vies, là, juste devant nos yeux.
L'ex-flic bourru un peu trop porté sur la bouteille qui est finalement moins insensible qu'on pourrait le penser, le prof paumé qui a tout mais reste dans les jupes de maman, cette veuve qui a du mal à reprendre pied …

L'histoire commence par un règlement de compte qui dégénère… un « petit » débordement qui aurait pu passer inaperçu dans cet univers mafieux et corrompu. Mais c'était sans compter sur les rencontres du destin, qui, de fil en aiguille, vont changer le cours des événements…

J'ai beaucoup aimé l'écriture de William Boyle qui nous entraîne dans cet univers que l'on s'imagine fort bien. Jusqu'au bout, on se demande comment tout cela va se terminer … je vous laisse lire du coup !
Commenter  J’apprécie          20
La cité des marges - William Boyle
Traduction : Simon Baril @editions_gallmeister

Résumé :
Brooklyn, années 1990. Donnie Parascandolo, flic brutal et corrompu, rend des services à un truand local avec deux comparses. Décidé à donner une petite leçon à un joueur minable, il outrepasse quelque peu ses instructions et jette l'homme d'un pont. Malheureusement, le joueur minable ne savait pas nager. Ce qui n'empêchera jamais Donnie de dormir. Il sait bien que dans ce quartier les Italiens règlent leurs affaires entre eux, et que lui n'a rien à craindre de personne. Mais quelques années plus tard, un gamin que Donnie avait tabassé découvre une vérité qu'il n'avait jamais imaginée et prend une décision qui va changer sa vie. Et pas seulement la sienne, tant les destinées des habitants de ce quartier s'entremêlent de toutes les manières possibles.

C'est le portrait d'hommes et de femmes en marge dont les destins vont se recouper que nous offre William Boyle avec ce roman. La force du roman est dans ses personnages, qu'ils aient basculé du mauvais côté comme Donnie le flic ripou, qu'ils se pensent être ce qu'ils ne sont pas comme Nick l'écrivain qui n'a jamais écrit ou qu'ils souhaitent le meilleur à leur enfant même à leur détriment comme Rosemarie la mère étouffante, chacun des personnages raconte une histoire, son histoire. Ces personnages vont au fil du roman voir leurs routes se croiser et chacun en verra sa vie irrémédiablement changer. C'est un roman noir, où pourtant une lueur palpite laissant de la place à l'espoir.
Commenter  J’apprécie          20
Donnie Parascandolo, ancien ripou et truand de bas quartiers, est le point de conjonction des vies de plusieurs habitants du quartier, des personnages qui se croisent et dont les histoires s'entremêlent et s'entrechoquent mais dont Donnie constitue le point focal.
Dès le premier chapitre, nous sommes immédiatement immergés dans ce quartier poisseux de Brooklyn où l'on fait la rencontre des principaux protagonistes ayant en commun la misère, les fractures du passé et l'espoir, mais aussi l'alcool et la violence. Un roman sombre et captivant !
Commenter  J’apprécie          10
Cette fois-ci c'est une série de drames qui se déroulent dans Brooklyn en 1990. La mafia ritale, la pauvreté, les gens qui n'ont jamais quitté le quartier,… Chacun essaye de se faire une place au soleil. Donnie, flic véreux et violent qui assassine un jouer endetté, avec ses 2 collègues qui ne valent pas mieux. Son fils s'est suicidé, sa femme s'est barrée. Ralph son pote qui a perdu et un bébé fille et se prend d'affection pour une jeunette du quartier qui aurait son âge. Sauf que Donnie a violenté son petit ami. C'est croisée de destins chargés de malheurs.
Commenter  J’apprécie          00
Quel concept ingénieux ! Avec cette saga Matt Wesolowski renouvelle le genre du thriller, le lecteur se forge son opinion en entendant plusieurs versions d'un événement.

Car oui, le temps d'un podcast qui a lieu vingt ans plus tard, six personnes se retrouvant impliquées ou témoins d'un drame reviennent sur les événements. Six versions au cours desquelles nous espérons comprendre ce qui a bien pu se passer. Car un adolescent est bel et bien mort sans qu'aucune condamnation n'ait eu lieu.

Ce thriller est purement génial. Il se lit extrêmement bien, on a l'impression de mener notre propre enquête. Mais pour parvenir à quoi ? Elle est là la vraie question. Que vaut la parole de ces personnes après autant d'années ? Leurs souvenirs sont-ils corrects ? On pense avoir fait le tour quand le dernier podcast - et oui cela ne pouvait être que le dernier - vient chambouler et mettre à plat nos fondements.

Un polar efficace et original que j'ai beaucoup aimé. Je peux vous dire que j'ai hâte de lire le deuxième tome .
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (347) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2867 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}