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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est dans une Irlande traditionnellement catholique qu'Odran Yates est devenu prêtre. Durant les années 70, Odran rentre au séminaire, faisant même une année au Vatican (qui ne lui portera pas bonheur…). Il est alors respecté, au point d'en être gêné parfois. Quarante ans plus tard, les choses ont bien changé, les gens le regardent avec suspicion, mépris, haine. Il faut dire que plusieurs affaires sont passées par là : les Magdalen Sisters d'abord (des foyers pour jeunes filles "perdues" qui vont devenir de véritables prisons, exploitées par des bonnes soeurs cupides), mais surtout les scandales de pédophilie à répétition qui ont touché l'église irlandaise, celle-ci ayant caché l'ampleur du phénomène et protégé les prêtres coupables.

Odran pourtant n'a rien à voir avec tout ça. L'homme déteste faire des vagues : devenu prêtre sous la pression de sa mère, sans ambition dans la hiérarchie romaine, sa seule volonté est de travailler dans la bibliothèque du collège où les autorités ecclésiastiques semblent l'avoir oublié. Jusqu'au jour où on lui demande de remplacer son vieil ami de séminaire Tom Cardle dans sa paroisse. Mais ne prêche-t-il pas par excès de naïveté, d'aveuglement coupable ? Car le mal est plus proche qu'il n'y parait.

John Boyne, dans ce somptueux roman, fait un inventaire de son pays, de son évolution et de son rapport intime avec la religion catholique. Quasi religion d'État il y a quelques années (pour des raisons politiques aussi, face au voisin anglican), le catholicisme est devenu suspect. Mais les dérives de l'église semblent montrer la pourriture qui ronge le pays tout entier. Une sombre vision de l'Irlande contemporaine.

Le portrait d'un homme juste, aveugle au mal qui l'entoure et donc aussi complice par cécité. Une réussite totale.
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En Irlande, dans les années 70, Odran Yates, issu d'une famille pauvre, entre au séminaire. L'Eglise est alors considérablement respectée et le jeune séminariste s'y intègre plein de confiance, d'espoir et de foi. Au fil des années, des soupçons grandissants l'assaillent sur des actes de pédophilie perpétrés au sein de l'Eglise. Magnifique portrait d'un homme tiraillé entre ses croyances et sa conscience
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John Boyne, je le lis depuis des années, d'abord en littérature jeunesse avec « le garçon en pyjama rayé » ensuite j'ai lu le garçon au sommet de la montagne, en littérature adulte j'ai eu en 2018 un coup de coeur pour les fureurs invisibles du coeur.
Dans ma pile à lire, j'ai le mystère de Tristan Sadler.
John Boyne, dans chacun de ses romans, écrit avec finesse, détaille la psychologie de ses personnages. Tous sont habilement esquissés à tel point qu'ils se dessinent devant toi.
C'est un merveilleux portraitiste.
Outre cette qualité, il y a son écriture qui est, pour moi, superbe.
Les sujets de ses livres sont difficiles, sombres, mais il y met toujours de l'espoir et de la lumière. de l'émotion.
Ici, il met en exergue les scandales de pédophilie au sein de l'église catholique en Irlande.
Un pays où la religion très conservatrice domine la vie des familles.
La mère d'Odran, notre narrateur, devient une fervente catholique depuis un drame familial.
Odran n'a alors que 9 ans quand elle est certaine que son fils a la vocation. Sa voie est toute tracée.
Une école de garçons puis le séminaire.

Le parcours d'Odran de son plus jeune jusqu'à ce qu'il ait la soixantaine est retracé de manière fragmentée ; les chapitres alternent les époques, mais cette façon de construire son récit est intelligente, car tu peux lire les questions que se pose Odran ou justement les questions qu'il ne se pose pas.

J'aime le titre choisi pour la version française, car ne dit-on pas :

Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

« Je sus avec une certitude absolue que le monde tel que je l'avais toujours connu, tout comme la foi que j'avais placée en lui était sur le point de toucher à sa fin, et qui sait ce qui allait le remplacer ?

Odran est un personnage attachant qui idéalise son monde, qui ne voit pas le mal chez les autres.
Il cultive la nostalgie aimant retrouver le bien-être de son enfance ou plus tard se souvenant des étudiants de Trinity Collège ; paressant devant de grandes tasses de café.
Naïf certainement, mais pas bête. Il aime sa famille et son meilleur ami Tom, rencontre lors du séminaire.
Les lecteurs pourraient penser qu'il est indifférent au sort des victimes, mais ce n'est pas le cas. Il idéalise son monde. Un monde qu'il ne voit qu'à travers les murs du collège où il enseigne.
Un monde réduit à la bibliothèque de l'établissement.
C'est uniquement quand il sera envoyé dans une église qu'il se posera certaines questions.
J'ai aimé ce personnage doux et sensible.
Il n'a pas voulu voir.
Certaines de ses décisions ou certains de ses choix m'ont parfois agacée, mais j'ai aimé ce narrateur.
Ses failles et ses secrets que tu explores au fil de la chronologie que John Boyne te propose de suivre.
Il aime profondément sa famille. Sa soeur Hannah et Jonas et Aidan, ses neveux.
Même de ça il se rend coupable : n'être pas plus présent pour eux depuis le décès de leur père. Ni davantage présent pour sa soeur.

À travers les yeux d'Ordan, tu lis les dommages causés aux victimes d'abus sexuels.
Tu lis le silence de la hiérarchie qui savait, mais qui a préféré étouffer l'affaire.

John Boyne examine de nombreux aspects des scandales du clergé outre la pédophilie. Une église corrompue où les luttes de pouvoir se jouent à tous les niveaux.

Tu lis ce scandale qui a mis dans la tourmente tous les prêtres. Eux qui étaient traités comme des princes sont maintenant pointés du doigt, insultés et surveillés.
Auraient-ils dû le savoir ?
Où ont-ils regardé de l'autre côté et ignoré les preuves pour épargner l'église ? C'est une des nombreuses réflexions que te permet John Boyne.

D'autres thèmes sont abordés, j'ai eu le coeur serré. Aucun de ces sujets n'est simple ni joyeux, mais tous montrent l'amour que Odran voue à sa soeur et ses neveux.

L'intrigue avance doucement, tu te doutes de certaines choses, mais pas de tout. Des questions te tourmentent, l'auteur te les délivre petit à petit.
L'univers est feutré comme dans une église. Les informations sont nombreuses.
Je me suis parfois retrouvée à chercher des explications supplémentaires notamment sur les différents papes qui se succèdent dans le roman.

John Boyne comme pour tous les romans que j'ai lu de lui garde la fluidité. Ce livre se dévore même si j'ai trouvé certains passages un peu longs, car répétitifs.

C'est un roman passionnant, que tu ne pourras lâcher. Il est très addictif.
La plume est splendide. On retrouve des thèmes qui lui sont chers, je ne te les dévoile pas si tu ne l'as jamais lu.

Une histoire de solitude, de foi, de tendresse, d'épreuves et de culpabilité.
C'est poignant à lire.

Le livre couvre les années du narrateur entre 1964 et 2013. Tu le suis avant et après les scandales.
Tu le suis avant et après son ordination.
Tu le suis dans ses pérégrinations pour comprendre sa vie et ceux qui l'entourent.
Au fur et à mesure que la conscience se déploie en lui, il se rend responsable des péchés des autres.

John Boyne nous emmène dans cette histoire sombre et troublée de l'église avec une histoire captivante, toujours avec beaucoup de profondeur, de la tristesse, mais aussi une certaine forme de paix.

John Boyne dénonce, mais ne se pose pas en juge. Lui-même a été victime, c'est sans doute un roman catharsis pour lui ; même si je ne peux pas trop m'avancer sur ce point.
En tout cas, j'ai trouvé que tout son propos était maitrisé, dans la justesse.
Ni trop dans le détail sordide ni pour faire pleurer dans les chaumières.
Il donne une légitimité aux victimes qui jusqu'à présent n'en ont que très peu.
Ces scandales éclatés depuis des années de par le monde, les prêtres sont parfois jugés parfois simplement déplacés, les victimes, elles, sont condamnées à perpétuité

Tragique et dramatique, passionnant “Il n'est pas pire aveugle” est une fiction avec le regard très réaliste sur une période honteuse de l'histoire irlandaise.

Je connais mal l'histoire de la politique irlandaise ; je n'ai donc certainement pas saisi toutes les subtilités du pouvoir, mais j'ai compris l'essentiel. La corruption de l'église… et de l'état. L'économie difficile et le poids des traditions.

Lien : https://unesourisetdeslivres..
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- Il n'est pire aveugle -
de John Boyne

« ᴀ ɴᴏᴛʀᴇ éᴘᴏǫᴜᴇ, ᴜɴ ᴊᴇᴜɴᴇ ǫᴜɪ ᴠᴏᴜᴅʀᴀɪᴛ ᴇxᴇʀᴄᴇʀ ʟᴇ ᴍêᴍᴇ ᴍéᴛɪᴇʀ ǫᴜᴇ ᴍᴏɪ s'ᴀᴛᴛɪʀᴇʀᴀɪᴛ ʟᴇs ᴍᴏǫᴜᴇʀɪᴇs ᴅᴇ sᴇs ᴀᴍɪs, ᴊᴇ sᴜᴘᴘᴏsᴇ. »

Dans ce roman, John Boyne dénonce les travers de l'Eglise, les abus et la loi du silence qui règne au sein même de la hiérarchie religieuse. Déplacer le problème pour éviter les scandales, voilà toute la puissance du milieu… Un sujet fort et difficile que nous découvrons aux côtés d'Odran Yates, revêtu de son habit noir et de son col blanc qui selon les époques inspireront le respect ou l'aversion.
De son enfance dans les années 70 - lorsque Mme Yates découvre la Vocation de son fils - à ses premières années de séminaires jusqu'au Vatican, notre protagoniste parcourt le monde religieux. ɪʟ ɴ'ᴇsᴛ ᴘɪʀᴇ ᴀᴠᴇᴜɢʟᴇ ǫᴜᴇ ᴄᴇʟᴜɪ ǫᴜɪ ɴᴇ ᴠᴇᴜᴛ ᴘᴀs ᴠᴏɪʀ. Odran, innoncent. Odran, naïf. Odran, aveugle et complice silencieux des crimes de ses pairs. ᴀᴜᴄᴜɴ ᴅᴇ ɴᴏᴜs ɴ'ᴇsᴛ ɪɴɴᴏᴄᴇɴᴛ, finit-il par comprendre, trop tard.

De nouveau, l'auteur explore avec brio la psychologie et les tourments de ses personnages. John est un portraitiste de talent, je ne cesserais de vous le répéter ! ɪʟ ɴ'ᴇsᴛ ᴘɪʀᴇ ᴀᴠᴇᴜɢʟᴇ est un témoignage intime et bouleversant, rédigé avec une sensibilité vibrante. Je n'avais jamais lu de récit abordant ces thèmes, mais je suis ravie de l'avoir fait à travers la plume de Boyne.

à lire absolument !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Un choc que ces 400 pages rédigées par John Boyne, irlandais contemporain dont je découvre la plume.. mais ne vais pas tarder à aller voir d'autres récits.
L'Irlande éternelle avec ses pubs, ses prairies, ses plages et la pluie .. mais surtout sa religion, le catholicisme qui règne en maître chez eux, depuis Saint Patrick. Des prêtres, formés dans les années 70, donc nés vers 1950, juste après la guerre, au sein de familles plutôt nombreuses qui s'enorgueillissaient plutôt d'avoir un prêtre et une nonne au moins.
C'est le cas de la famille Yates, ébranlée par la mort simultanée du père et du petit dernier. La mère déclare que son fils Odran a la foi et deviendra prêtre, formé dans un séminaire dès l'age de 17 ans.
Il y fait ses classes en compagnie de Tom Cardle, forcé de s'engager dans cette voie comme tant d'autres, vers une vie qu'ils n'ont pas choisie en toute connaissance de cause.
Ce livre est lourd, parfois choquant, il nous secoue des pieds à la tête, nous fait réfléchir aux révélations sur les prêtres pédophiles en France, à cet engrenage explicité à longueur d'enquêtes : pourquoi ? Comment ? Qui savait ? Qui a caché et quoi ? le mille feuille des responsables pas coupables monte en épaisseur, jusqu'où ?
La structure du livre, dans le désordre selon le narrateur, nous aide à construire les quarante années de son engagement, les questionnements, le peu de réponses apportées à ses questions non formulées , les rebondissements dont l'un particulièrement étonnant met le doute sur un des grands papes du XX eme siècle.
Parce que je connais quelqu'un qui a subi cette violence ultime, que j'en connais les répercussions psychologiques et physiques, ce livre était une nécessité. Comme d'habitude le roman dit fictionnel apporte ses réponses personnelles et nous aide à avancer vers l'humanité. Enfin espérons le.
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Plus je découvre l'oeuvre de John Boyne, plus je l'aime. Il est vraiment génial dans la construction de ses romans, qu'il met magistralement au service de ses sujets. Ses romans sont impossibles à quitter et résonnent longtemps. Ses dialogues ont un ton d'authenticité incroyable et il est virtuose dans la méchanceté grinçante, qu'elle soit au premier degré, émanant du personnage et au second degré, émanant de l'auteur : il faut voir comment parlent les archevêques, par exemple. le dialogue entre Cordington et Odran est une merveille de méchanceté, d'hypocrisie et de cynisme de la part de l'archevêque pourtant (?) bientôt fait cardinal, et celui entre le même Cordington et le journaliste de la RTE est un chef-d'oeuvre de cruauté de la part de l'auteur, vu comment il fait s'enfoncer l'archevêque, bien loin des fleurets mouchetés qu'il employait avec Odran.
Même s'il dénonce irrémédiablement les impardonnables errances de l'Eglise d'Irlande, John Boyne ne le fait pas sans nuances, et son personnage de prêtre narrateur, Odran Yates, est d'une complexité il est vrai un peu mise à mal par la fin du roman que j'aurais préférée autre pour laisser toute sa positivité au personnage.
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John Boyne décide d'aborder un sujet brulant, celui de la pédophilie au sein de l'église Irlandaise. Il fait le choix d'en parler à travers le personnage d'Odran Yates, un homme simple, ordonné prêtre dans les années 70. Il fait le portrait de la complicité silencieuse,le portrait de ceux qui voyaient sans voir,ceux qui n'osaient pas intervenir et qui se voilaient la face à tel point qu'ils passaient à côté des évidences. La qualité de l'écrit dans ce roman est bluffante . On est happé par une narration bien menée entassant des dizaines de souvenirs donné morceau par morceau et dans un désordre chronologique mais réussissant néanmoins l'exploit de donner la sensation que chaque chose est à sa place et vient à être énoncée au bon moment. L'auteur monte le portrait d'un personnage prisonnier de sa vie, incapable de se confronter à la réalité. On recréer avec lui, lentement, le puzzle de ses souvenirs qui vont nous mener à l'aveux de sa complicité. On s'attache à cet homme pour qui on éprouve des sentiment ambiguë et qu'on apprend à connaître si bien, à l'enfance compliqué, à la vie de famille tourmentée, au coeur toujours porté vers les autres mais recherchant finalement à tout prix à les éviter. Son incroyable lâcheté et sa naïveté qui ne le quitte jamais font de lui un personnage profondément pathétique mais aussi touchant.
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Un livre qui ne laisse pas indemne, traitant de la complicité des membres du clergé irlandais de pédocriminalité.

. Culpabilité pour avoir refusé de voir, s'être aveuglé lui même alors que la vérité était sous ses yeux pendant toutes ces années.

Je continuerai à lire John Boyne c'est certain.
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