Il y a des légendes qui survivent au-delà des siècles. La légende arthurienne en fait partie. Nombreuses ont été les interprétations scénaristiques sur toutes plates-formes confondues. Bien évidemment, étant un assidu de la série Kaamelott, j'ai mon cerveau imbibé d'incohérence narrative, mais ô combien jouissive dans l'humour décalé.
J'avais très envie de lire au moins une fois dans ma vie l'un de ces livres qui nous narre cette fabuleuse odyssée – la quête du Graal. C'est ainsi que je me suis immédiatement proposé pour cette masse critique spéciale imaginaire et c'est avec une immense joie, mais aussi par chance, que les Éditions Pygmalion et Babelio m'ont proposée ce livre. Je les remercie beaucoup.
La réédition (2016) du premier tome « Les Dames du lac » est en fait associer à son second. Ainsi dans ce beau pavé de 760 pages, ce livre est composé par « Les Dames du lac », mais aussi par « Les brumes d'Avalon ». En couverture, on assiste à une très belle illustration de Grégoire Hénon.
Si les personnages arthuriens ont réellement existé (aux Vème et VIème siècle), les véracités autour de leurs faits historiques ne sont que légende ou tout du moins des mythes.
L'histoire narrée par
Marion Zimmer Bradley commence à la mort Ambrosius Aurelianus qui fut un parent proche de Uther Pendragon (qui deviendra le père d'Arthur).
Marion Zimmer Bradley oriente son récit du point de vue féminin. Ainsi, on suit à tour de rôle les personnages de Igerne (la femme de Uther Pendragon), Morgane (fille de Uther Pendragon et soeur du roi Arthur), Maurgause (soeur d'Igerne, tante de Morgane et Arthur), la tête à claque Guenièvre (femme d'Arthur).
J'ai beaucoup aimé le premier tome « Les Dames du lac ». On suit sur une longue période l'arrivée sur le trône de Uther Pendragon, puis l'enfance d'Arthur et de Morgane, l'éducation de Morgane par Viviane (qui est la Dame du lac), la bataille des saxons. Bref, le récit est riche et très intéressant.
On y découvre l'Île mystérieuse d'Avalon, un berceau de mythe, de mystère et de magie – un endroit parfois sombre, mais nous laisse rêver.
On y découvre déjà les prémices d'une vie torturée, celle de Morgane. En toile de fond, on assiste déjà à une guerre entre deux religions – celle de l'ancien monde et celle du christianisme. On découvre le pays en pleine mutation.
Si le premier tome était très bon, le second intitulé « Les brumes d'Avalon » est juste excellent. Pourtant rien ne laissait présager d'une telle puissance littéraire lorsque l'on tourne les premières pages. Lent à démarrer, avec un récit tourné vers l'Amour et les intrigues sentimentales ainsi que les retrouvailles, la suite n'est que pure délectation. Et la maîtrise de
Marion Zimmer Bradley est parfaite. Les personnages sans saveur – à l'exception de Morgane – dans le premier tome, prennent ici une dimension supérieure. Comment ne pas rester de marbre avec la jouvencelle Nimue, le barde Kevin ou bien encore la vie de souffrance de Morgane.
La plume est attendrissante voire émotive et on s'en prend plein la tronche. L'histoire d'un amour impossible entre Lancelot et Guenièvre – le beau Lancelot qui hypnotise toute la gent féminine. Comment ne pas être jaloux d'un tel pouvoir séducteur. Pourtant Lancelot est un être torturé – tout comme l'ensemble des protagonistes.
Il y a bien quelques longueurs ici ou là, mais au final c'est un récit qui frappe en plein coeur. Il est vrai que j'aurais aimé découvrir les faits héroïques des chevaliers de la table ronde, d'en savoir davantage sur Uther Pendragon, d'avoir plus d'effets magiques. Pourtant, la plume sensible de l'auteure m'a sustenté.
J'ai été un peu déçu de voir si tardivement Camelot et si peu détaillé, tout comme l'absence de Perceval. Ce livre si bon, m'a donné l'envie de poursuivre dans les légendes arthuriennes et celle de Pendragon.
Merci encore une fois pour cette magnifique odyssée. Un roman à lire. On notera la présence salvatrice d'un descriptif (un peu trop détaillé) sur les principaux personnages. Il est vrai que l'on se perd facilement avec tous ces protagonistes.