J'ai découvert
Juan Branco à travers des interviews qu'il a donné, en particulier une sur Sud Radio et l'autre sur l'excellente chaine youtube Thinkerview. J'y avais trouvé, un peu comme dans le livre, un garçon très intéressant sur le fond malgré une forme désagréable.
A l'oral c'était : débit rapide, logorrhée, comme si le gars avait tellement peur qu'on l'empêche de parler qu'il déballait tout. Mais le fond était piquant, intéressant, même surprenant : se présentant comme un traitre issu de la Grande Bourgeoisie parisienne (le « Petit Paris d'où sont issus nombre de personnalités politiques, de patrons millionnaires aux noms connus, de quelques stars de la culture, et plein de gens de la finance, ou haut poste de l'Etat), un traitre donc en ce qu'il dévoile les relations, rapports et entraides d'une véritable caste.
« Ils ne sont pas corrompus, ils sont la corruption », dit-il quelque part. C'est la thèse principale du livre. Ces gens très bien nés se serrent les coudes et se constituent grâce à l'Etat – en s'en servant et en le pillant – un patrimoine, une fortune, des réseaux de pouvoir. Si le livre tourne parfois en rond, notamment dans la 2e partie sur Macron, il abonde d'exemples pertinents. le Petit Paris mérite bien son surnom : tout le monde semble se connaître, et on croirait voir une cour sous la monarchie, avec ses coups bas, ses alliances, ses guerres et ses retournements de situation.
Branco conte cette caste à un moment particulier de son histoire – aujourd'hui – en ce qu'elle est, d'après lui, en décomposition. D'où le crépuscules du titre. le « en même temps » de Macron, qu'avait initiée « l'ouverture » de
Sarkozy (la fin de l'opposition PS/UMP), c'est la fusion de camps ennemis, aux pratiques proches, dans le même milieu. Mais qui, en mettant fin au jeu d'alternance, court à sa propre perte en étouffant ce qu'il restait de la démocratie.
En bref Branco nous montre comment cette démocratie, en apparence, est instrumentalisée pour le compte de quelques uns qui se servent de l'Etat pour s'en mettre plein les poches. Macron n'est qu'un candidat placé par ce système qui mêle argent, népotisme et contrôle des médias. Mais un candidat finalement caricatural : ceci existe depuis longtemps, mais le pillage atteint des sommets si hauts que cela se voit, se ressent.
Dommage pour la forme. J'ai trouvé ce court livre assez pénible à lire. Une plume un peu snob par moments, avec des tournures de phrases un peu vieillies. le livre tourne en rond dans la dernière partie avec trop souvent des indignations à rallonge sous forme de questions rhétoriques. C'est quand il donne des exemples de la corruption généralisée que Branco est le plus intéressant.