Citations sur Mémoires sauvés du vent (36)
Il avait de longs cheveux comme le général Custer dans un hospice de vieillards, à qui l'on aurait refusé la dignité et le cérémonial d'une rencontre avec quelques milliers d'Indiens à la bataille de Little Big Horn.
Le soleil avait inversé son ennui ; l'intérêt qu'il présentait avait monté au moment où il amorçait la descente qui allait bientôt ouvrir les portes commerçantes de la nuit, et le vent s'était éteint, faisant de l'étang une surface aussi lisse et calme que du verre endormi.
Il avait installé son télescope au grenier et il mélangeait toujours les constellations. Il n’arrivait jamais à se faire une idée précise de ce qu’était Orion et de ce qu’était la Grande Ourse. Pour une raison mystérieuse, il ne put jamais accepter le fait que la Grande Ourse avait l’air d’une grande ourse, mais au moins il n’était pas tout le temps en prison pour vol de voiture.
Il travaillait dur et donnait tout son argent à sa femme ; elle, elle couchait avec le facteur à la moindre occasion. Cela ne faisait pas vraiment une vie, mais le fait d’être toujours interloqué par la Grande Ourse permettait quand même de lui donner une toute petite particule, grosse comme une rognure d’ongle, de continuité et de sens.
Le croque-mort avait une femme et une petite fille. Ils vivaient dans la maison funéraire, avec les morts. La petite fille était un an plus âgée que moi. Elle avait six ans et des mains très froides. Je suppose que de vivre dans une maison funéraire, cela donne aux gens les mains froides.
Je me demandais à quoi ressemblait sa vie là-dedans, avec tous ces gens morts qui allaient et venaient comme un grand vent obscur. Lorsque nous jouions ensemble, c’était toujours dehors. Je ne lui demandais pas si elle voulait venir jouer chez moi parce que j’avais peur qu’elle me demande de venir jouer chez elle.
Eh oui, tout se serait passé autrement si Superman m'avait dit d'aller chercher un hamburger. Au lieu de quoi, je traversai la rue et me dirigeai vers l'armurerie pour m'acheter une boîte de cartouches de 22. Le hamburger avait perdu. Le bruit de la compote instantanée avait gagné.
Pour une raison bizarre, je suis convaincu que seule une connaissance exhaustive de tout ce qui touche aux hamburgers me permettra de sauver mon âme. Si j'avais acheté un hamburger ce jour de février, au lieu d'acheter des balles, tout se serait passé autrement ; c'est pourquoi il est indispensable que je découvre tout ce qu'il est possible de trouver sur les hamburgers.
Le soleil avait inversé son ennui ; l'intérêt qu'il présentait avait monté au moment où il amorçait la descente qui allait bientôt ouvrir les portes commençantes de la nuit, et le vent s'était éteint, faisant de l'étang une surface aussi lisse et calme que du verre endormi.
"J'attends, tout simplement, et c'est une façon d'attendre qui vaut bien n'importe quelle autre façon d'attendre si l'on considère, selon toute attente, que toutes les attentes se valent."
Je me suis rejoué bien des fois cette journée dans ma tête, comme si je faisais le montage d'un film dont j'aurais été le metteur en scène, le monteur, le scénariste, les acteurs, la musique, enfin, tout quoi!
J'ai un studio de cinéma gigantesque dans la tête et je n'ai cessé d'y travailler depuis le 17 février 1948. Cela fait maintenant trente et un ans que je travaille sur le même film. Je crois qu'il s'agit d'un record. Je ne pense pas arriver à le finir un jour.
Le petit garçon d'à côté prenait toujours grand soin de ses vêtements. Mes habits à moi, la plupart du temps, vous n'auriez pas pu dire si j'étais en train de les mettre ou de les enlever. Ils se situaient simultanément quelque part entre à moitié arrivés et à moitié partis