Et puis, ne pas en parler, c'était aussi faire en sorte que ça n'existe pas. C'était rangé dans un petit monde parallèle auquel j'ai refusé d'appartenir. (p 288)
Il fait vraiment chaud. L'atmosphère est comme saturée par cet air de fin du monde qu'ont les milieux de journée en Provence, lorsque tout le monde fait la sieste et que tout se tait, sauf les cigales qui se dandinent ou le vent qui se plaint. (p 145)
Parce que, chez les Carpentier, c'est ainsi depuis toujours ; ce moment doux où l'on se plonge dans des romans qui passent ensuite de main en main, qu'on commente aux repas, et qui pour certains sont le témoin d'une année particulière, liée à tout jamais à une couverture flétrie par les ans. (p 85)
La vie d'adulte a des obligations que Louise ne comprend guère. A quoi sert d'avancer tant bien que mal dans l' existence, de travailler comme une forcenée si ce n'est pas pour vivre tout ça avec sa famille. (p 79)
Maman répète qu'avec des sœurs on peut dire les choses, parce qu'une sœur ça reste toujours là.
(p. 184)
Elle entre dans la cabane que Lisa appelle la "pool house" - décidément, les bourgeois adorent donner des noms anglais à tout et n'importe quoi.
Je ne vois pas à quoi ça sert d’avoir des sœurs si c’est pour se tortiller du cul.
Qu'est-ce que ça signifie d'être sœurs, si ce n'est pas pour confier ses malheurs, demander de l'aide, reconnaître ses souffrances, sa peur ? Louise est hors d'elle. Alors, dans le huis clos de sa vieille bagnole, elle crie à s'en briser la voix. Ça lui fait du bien. Elle tape sur le volant et elle gueule. Sur ces mensonges, ces secrets, ces petits arrangements avec la réalité. Sur ces repas de famille, ces coups de fils censément complices, ces anniversaires, ces vacances où tout le monde vient avec son masque, son beau sourire, ses petites conversations légères avant de repartir vers la réalité d'une existence que les autres ne connaîtront sans doute jamais. Finalement, chacune est dans son petit monde et avance en parallèle, sans jamais vraiment croiser les autres.
Les bonnes femmes le rendent dingue. Il ne les comprendra jamais. Elles compliquent tout. Pour faire chier. Pour quoi d'autre, sinon ?
Les amoureux sont cruels ; Violette a fini par l'oublier. Seuls au monde et indifférents au sort des autres.