Doit-elle attendre que leur père vienne lui asséner le coup de grâce, ou bien doit-elle préparer sa mère à cette blessure, pour ne pas ajouter à sa douleur celle de s'effondrer devant lui, auréolé de son bonheur tout neuf?
Certes, elle était la figure centrale et indispensable à l'épanouissement des autres, mais elle avait souvent l'impression que ses états d'âme, ses rêves et ses regrets avaient été relégués au second plan. Elle était juste devenue "maman".
...ils traversaient la France entière pour rejoindre Saint-Rémy, accablés par la chaleur dans l’odeur de cuir, coincés dans des embouteillages interminables qu’ils avaient fini par apprécier parce qu’ils étaient synonymes de l’été qui commençait, de retrouvailles dans cette maison du bonheur, des semaines où ils allaient vivre à moitié nus, sans se soucier de rien d’autre que du plaisir d’être ensemble.
Moi, je suis plate comme un iPhone, de face, de dos et même de profil.
On ferme les yeux, et la vie est passée.
Il a ajouté qu'il fallait bien réfléchir. Que la vie, ça tenait à ces choix minuscules qui pouvaient tout changer. Qu'il ne fallait pas se laisser enfermer dans la colère, l’entêtement, le doute. Parce qu’on n’a qu’une vie, et qu'on est finalement seuls à l’écrire.
Louise est hors d'elle. Elle a envie de hurler. Alors, dans le huis clos de sa vieille bagnole, elle crie à s'en briser la voix. Ça lui fait du bien. Elle tape sur le volant et elle gueule. Sur ces mensonges, ces secrets, ces petits arrangements avec la réalité. Sur ces repas de famille, ces coups de fil censément complices, ces anniversaires, ces vacances où tout le monde vient avec son masque, son beau sourire, ses petites conversations légères avant de repartir vers la réalité d'une existence que les autres ne connaîtront sans doute jamais. Finalement, chacune est dans son petit monde et avance en parallèle, sans jamais vraiment croiser les autres.
Il ne semblait pas triste. Seulement résigné. Il a ajouté qu'il fallait bien réfléchir. Que la vie, ça tenait à ces choix minuscules qui pouvaient tout changer. Qu'il ne fallait pas se laisser enfermer dans la colère, l'entêtement, le doute. Parce qu'on n'a qu'une vie, et qu'on est finalement seuls à l'écrire.
Rien ne change en fin de compte. On croit devenir adulte mais à part le corps et les soucis, on reste les mêmes qu'il y a trente ans.
- Et vous êtes jeune, profitez. On ferme les yeux et puis la vie est passée.