Un nom qui fait frémir, indissociable de celui de
Jean Moulin… le parcours de Klaus Barbie après la guerre est retracé dans ce roman graphique dense et complet.
Au fil des pages, nous découvrons ou redécouvrons un personnage brutal, un nazi convaincu qui n'a jamais exprimé le moindre remords pour les atrocités commises et qui a vécu dans l'impunité totale pendant plusieurs décennies.
Je connais assez bien les conditions de sa traque et de son procès et j'ai été agréablement surprise de les retrouver dans ce livre de manière si franche et détaillée.
Ce roman est dense parce qu'il aborde le parcours de Klaus Barbie sous les angles historique, politique (dans quelles conditions un bourreau nazi peut-il être protégé par les plus hautes autorités d'un pays ?), et juridique (Quels faits et sur quelle base juger Klaus Barbie ?).
Il aura fallu le courage du journaliste Ladislas de Hoyos et la pugnacité des époux Klarsfeld soit extradé d'Amérique du Sud et jugé.
Même si l'évidence de la culpabilité de Klaus Barbie saute aux yeux, il a fallu filtrer et sélectionner les actes pour lesquels il pouvait être jugé. Sur ce point, le récit est clair, même pour des non juristes et l'interview de
Pierre Truche à l fin du livre est éclairante.
Le procès est la partie qui m'a le plus touchée du livre. Les témoignages, même si je les avais déjà entendus (le procès a été filmé, j'en ai vu de larges extraits), m'ont bouleversée. Sous le trait de crayon, j'ai reconnu tous les personnages et j'avais l'impression qu'ils allaient s'animer sous mes yeux.
Au fil des pages, j'ai ressenti les mêmes émotions que devant le film. Les témoignages insoutenables. La dignité des témoins.
Et alors que je lis les mots exacts prononcés par
Sabine Zlatin lorsqu'elle témoigne de la rafle des enfants d'Izieu, sa voix puissante de révolte résonne à mes oreilles « Je demande alors… Les enfants, les 44 enfants, c'était quoi ? C'était des résistants ? C'était des maquisards ? C'était quoi ? C'était des innocents ! » Impossible de ne pas manquer d'air alors.
Les auteurs ont eu l'excellente idée de consacrer plusieurs pages à la parole limpide de
Pierre Truche au moment de son réquisitoire, mais de ne pas la donner à
Jacques Vergès, avocat de Barbie, dont j'avais trouvé la défense immorale.