Un comptable en vacances à La Baule, se pend après avoir violé et tué une ado de 15 ans. Les analyses montrent que le criminel et sa victime ont été drogués. Corentin est envoyé pour enquêter sur ce crime surprenant. Une bonne histoire et quelques scènes osées (pour l'époque…).
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Il n’avait encore jamais trompé sa femme à trente-huit ans. Non pas par manque d’envie. Il y avait longtemps que Françoise, son épouse, avait cessé de l’exciter vraiment. L’amour avec une fréquence toute conjugale. Autrement dit de moins en moins souvent. La vérité était que Françoise se conduisait avec lui d’une façon désespérément bégueule. Un problème qu’il avait bien essayé de résoudre, comme tous les maris. Mais comment faire comprendre à une mère de famille qu’il y a certaines gentillesses dont un homme a besoin ? Du genre qui pimente la routine… Françoise Marinier n’aimait qu’une chose : soulever le drap pour faciliter à son mari l’introduction dans le lit à deux places, et puis s’ouvrir, souriant béatement dans l’attente d’un bon coït solide et prudent, dans le plus pur respect de la décence et des bonnes manières.
Une fixation érotique d’autrefois, au temps des revues interdites, au lycée, lui remontait à la mémoire. Une de ses premières émotions violentes : un modèle à demi-déshabillé, culotte rabattue sous les fesses, seins jaillissant du soutien-gorge, et avec une cravate d’homme autour du cou. Exactement comme cette fille. Et aussi gracile et blond qu’elle. Avec le même air enfantin. Par la suite, dans les revues de nus, qu’il s’achetait en cachette pour les jeter à la poubelle en petits morceaux quand elles s’accumulaient trop au milieu de ses dossiers, il avait toujours retrouvé la même émotion quand une fille posait avec un nœud autour du cou, ou un collier serré haut.
Il n’était pas joueur, trouvant que la vie est assez excitante en soi pour ne pas avoir besoin de solutions de remplacement. Mais c’était prodigieusement instructif pour l’étude de l’âme humaine de voir les mains, sèches, moites, nerveuses ou molles, toutes trahissaient leur propriétaire. L’avidité du gain. La palpation bienheureuse des billets chez ceux qui gagnaient, les crispations fébriles des articulations chez les perdants.
Sheila avait assez d’expérience pour savoir que le pire, c’est de paraître pute. La décence, toujours la décence. Règle immuable de la femme en chasse. Sauf qu’il s’agit de savoir donner envie de guérir à tout prix la malheureuse affligée de ce grave défaut.
Les vacances, la dinguerie, tout est possible. Les gens sortent de leurs gonds. Adieu les préjugés, en avant la libido secrète, l’ivresse de l’Océan additionnée à celle des congés payés, ça peut faire mal, tu sais ? Autant se méfier.