Imaginez que le matin au réveil vous ayez la possibilité de transférer votre personnalité dans des golems d'argile afin qu'ils accomplissent quelques taches pour vous. Un Ditto vert pour accomplir les taches ménagères, les courses et tondre la pelouse, un gris pour aller au boulot a votre place, un ébène pour les activités intellectuelles… ; pas besoin d'instruction ou de formation ils sont vous. Pas de risque que ces golems prennent la poudre d'escampette pour devenir libre de toute attache puisque leur seul espoir de survie se trouve être le transfert inverse dans le corps réel. Au bout de 24 heures l'argile qui les façonne se désagrège inexorablement.
Tel est le quotidien de Albert Morris, détective privé. Et des doubles d'argile il en a bien besoin, Albert. Ses différentes sorties pour traquer Beta – malfrat passer maître dans l'art de la copie illégale -, ne finisse pas toujours pour le mieux. Alors a quoi bon risquer sa peau (réel) dans des poursuites infernales ou des bonnes grosses bastons lorsque l'on peut y envoyer un Ditto. Mais jusqu'ici, Albert est loin de se douter que sa traque de Beta est de loin un problème mineur fasse a ce qu'il va rencontrer en acceptant de travailler pour Ritu Maharal. Héritière du numéro 2 de la multinationale fabriquant les golems neutres (ceux dans lesquels ils vous sera possible d'imprimer votre onde-stationaire), elle embauche Albert afin d'élucider la mort de son père.
Bienvenu dans un roman, où la schizophrénie est le pain quotidien des personnages. Seulement ici le dédoublement de personnalité n'est pas qu'un vague concept psychiatrique, mais une réalité bien tangible. Autre avantage par rapport à la maladie, la personnalité des personnages n'est pas sensée se modifier lors des transferts.
Suivre le périple de trois personnages s'exprimant à la première personne est pour le moins déroutant. Mais comment pourrait il en être autrement puisque les trois protagonistes en question ne sont en fait qu'une seule et même personne, Albert.
David Brin esquive la difficulté de l'emploi de la première personne du singulier pour ses trois/un protagonistes en donnant un petit titre rappel en chaque début de chapitre. Ainsi on sait toujours avant de se lancer dans un nouveau chapitre, à quel Ditto l'auteur fait référence.
Et au delà de l'intrigue dense, complexe et passionnante,
David Brin revisite les classiques golems, Frankenstein, fantômes et Dr Jekyll pour leur donner une consistance contemporaine. Et a travers ses anciens mythes remis au goût du jour, il nous entraîne sur les chemins de la réflexion sur l'individu et son droit a l'
existence.