INTIMITÉ
L’accordéon déplie pour eux
Les moisissures de l’espace
Comme aux lèvres le sel
Et le soleil aux plantes
La nuit leur est offerte
Leurs yeux prolongent la terre
Ils ont la montagne et le ciel
À portée de la main
Et quand ils se regardent
Le jour s’engouffre dans leur tombe
LUMIÈRES ET CHEMINS
Extrait 2
C'est vrai que son costume religieux
Lui faisait comme à l'historiographe
Une main de safran
Mais j'ai appris à mourir avec la Tour Eiffel
Avec les grands blés mûrs issus des bouches de métro
Si j'avais retenu le dur silence de la terre
Je ne graverais plus sur la glace
Mes amours de fil de fer barbelé
J'irais vers le Soleil
Je porterais en mon regard
Un temps fidèle aux origines
Ah ! jette au feu la clé du soir
Le parquet du bon Dieu
Entrouvre les fleurs vives
Très belles
De tes poignets
Je me souviens de la mer grise
Un jour de joie rituelle.
LUMIÈRES ET CHEMINS
Extrait 1
Rue de Turenne
Si je me souvenais de la lumière
Je n'irais pas vers cette chambre d'hôtel
Où trois arbres dépareillés m'attendent
Je ne découperais pas mes poèmes
Dans la toile cirée du langage des sages
Je ne parlerais pas de luzerne de cerfeuil
de framboisiers de cendriers de léopards
Je ne dirais pas la putain rue Nicolas-Flamel
Ni la rivière de son cou
Ni ses cheveux mêlés à l'odeur de la Seine
Si lente
Depuis la nuit toute blanche du premier jour
…