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Citations sur La Vallée des ambitions (13)

La cabine est un monde. La cabine est une île. Le jour y est la nuit, la nuit y est le jour. Des mains, deux corps se sont jetés l'un sur l'autre. Sans attendre. La retenue avait été trop longue. Le fleuve, puis la mer, la houle ont permis la vague, le déchaînement sur l'étroite couchette. Les sueurs mêlées, l'étreinte renouvelée. Impossible d'assouvir la faim de l'autre. Hors du temps. La découverte à n'en plus finir, les courbes entre les draps, les jambes ouvertes. L'épicentre.
Folie d'où la lucidité n'émerge pas, étouffée par l'envie insatiable. Passionnelle.
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Joséfina danse et ses pas improvisés, mais précis, dessinent un cercle autour de Frédéric. Elle est loin de lui, mais il la sent. En lui. Il ne fait que la regarder depuis tout à l'heure, il aime le port de tête, la rondeur du visage, la sauvagerie, les plis de la robe qui dévoilent et cachent les contours des jambes, la fierté provocante de Joséfina, son instinct.
Frédéric Kerviller s'incarne soudain dans l'espace qui les sépare. La danse de Josefina l'enserre, le traverse, le fait naître. Soudain, il n'est plus ce grand homme, cérébral et froid, sans consistance ni sentiments. Il n'est plus cet ambitieux, ignorant de l'amour, mal marié. Celui là s'est perdu. Noyé dans l'océan ?
Se regardent t-ils ? Ils se transpercent. Leurs corps s'apprennent, se déchiffrent, se reconnaissent. De loin, Frédéric n'a pas bougé. Leurs regards se suffisent. Pour le moment.
Ils semble à Frédéric, dans ce tournoiement de la fête, dans le vertige qu'il ressent, qu'il a déjà vécu il y a huit ans un moment semblable.
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Longtemps, les carnets de mon père se sont tus. Si plusieurs étaient depuis venus s'ajouter au tout premier qui disait ses espoirs, le silence qui a suivi ma naissance parlait de lui-même ; le bonheur se raconte si mal. Puis quelques semaines plus tard, après cette épisode qui aurait dû constituer la fin de mon existence - mais j'étais robuste, ou ma mère très aimante -, l'écriture a repris. Intense. Brouillonne. Colérique. Les pages se sont noircies à nouveau. Sans ratures, comme un cri de rage prolongé. L'encre de Chine a remplacé la mine de plomb. Apparaissaient d'inquiétantes aquarelles de femme oiseau d'une laideur appuyée, au bec tordu, aux yeux effrayants, qu'il légendait de quatre lettres : Rose.
Rose, oiseau de malheur.
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Je dois courir plus vite encore. Il reste peu de temps. J'aime ce paysage. J'entend le bruit des meules qui va s'amplifiant.
Un jour, je serai à La Vallée. Je serai importante pour mon père et ma mère dansera.
Dans sa robe rouge. Sa belle robe pourpre. Sa robe oubliée.
La table me l'a dit. Je n'ai pas eu peur. Au contraire, j'étais apaisée : ma mère n'était pas de l'autre côté.
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Damien déteste qu'on évoque leur ressemblance. Non, ils ne sont pas semblables. Lui est de la race des vainqueurs. Grand-père Louis le lui dit tous les jours. C'est donc que c'est la vérité. Tandis qu'AloÏs appartient à un autre monde. Un monde où on se raconte des histoires, où on joue tout le temps à faire semblant, où on reste à lire sous les tables pendant des heures, où on parle tout haut à des guerriers fantômes. Un monde où on n'aime pas les bagarres à poings nus. Un monde où on refuse de se battre pour gagner sa place. Lui, Damien aura toujours la première place. Grand-père Louis, grand-mère l'affirment. Il aime la fierté dans leurs yeux. Il aime quand ils reprennent son frère : " Mon pauvre Aloïs, tu ne feras décidément jamais rien de bien..."
Damien ne sera jamais " pauvre Damien ". Il fera honneur à la famille.
Pas Aloïs.
Alors le pire aujourd'hui, c'est cette sensation si désagréable qu'Aloïs mène le jeu, qu'il a pris la main, le pouvoir sur lui.
Damien se sent tétanisé sur sa chaise, genou sérrés l'un contre l"autre pour qu'on ne les entende pas cogner. Il regrette mille fois d'avoir surpris son jumeau sur le chemin de la rivière avec la fille.
- Qu'est ce que tu fais avec elle ?
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Le destin ne se dompte pas, ne s'apprivoise pas. Je l'avais appris à mes dépens, ne pouvait rien pour les autres, encore moins pour les déplaisants. Et puis c'était la première fois qu'une telle chose m'arrivait, la possibilité de me tromper existait bien que l'instinct, ou mon jeune âge, ne pouvait pas en douter. La vie était ainsi.
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Rose ne veut pas être tenue pour responsable de ce qui pourrait arriver. Voila pourquoi elle chaperonne sa patiente comme on le ferait d'une petite fille. En même temps, elle peut surveiller tout ce qui se passe dans la maison. Et il s'en passe des choses, à la Vallée. Tout comme en dehors. Elle se dit qu'un jour ou l'autre ce qu'elle voit lui servira. Comme ça que l'on tient son monde. Elle n'est pas dupe. Quand Mme Guédriant l'a engagée, la rosse ne s'est pas gênée pour l'inspecter sous toutes les coutures. Rose sait pourquoi. Dans toutes les maisons où les hommes sont "sanguins", les gouvernantes sont choisies parce qu'elles sont vilaines, sous entendues pas dangereuses. Il suffit d'un rien pour s'enlaidir.[...]
[...] Rose a tout son temps pour fouiner partout. Discrètement. Apprendre des tas de choses. Qu'on ne pourrait pas soupçonner derrière la façade d'une si belle maison.
Ça l'a étonnée que M. Frédéric se laisse si facilement "prendre", la nuit de la promenade nocturne de Mme Elisabeth dans les couloirs ... Peut-être qu'il pensait à l'autre. Celle qui est dans les bois. Rose ne comprend pas pourquoi personne ne se rend compte de ce qui se passe. Depuis le temps, comment ces deux-là ont-ils réussi à ne pas se faire prendre ?
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Je suis née de deux cultures opposées. Celle de ma mère est de soleil. L'autre, faite de mauvais temps, de bourrasques, me vient de mon père. Ma mère fut ce feu, cette fièvre, cette chaleur vive, colorée, et mon père, à lui seul, les nuances infinies de la tristesse.Mais l'un sans l'autre n'aurait été que moitié d'eux-mêmes. Ma mère n'a eu besoin que d'un regard pour le comprendre. Une vie aura été nécessaire à mon père.
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Elle attend avant d'en parler à Conception. Ce ne sont pas les affaires de la yaya. Quoique Conception devine tout. Elle a une façon de rôder derrière vous. Mais on sait toujours qu'elle est là. Rien ne peut effacer son odeur d'oignons hachés toujours menus et sans pleurer.
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Dès le début, chacune de ses " apparitions " a été curieusement liée au tintement de la clochette. Le pire comme le meilleur. Je l'entends encore. Le rituel demeure le même : les images passent devant mes yeux, s'immobilisent quelques secondes, comme si elles voulaient me laisser le temps de les appréhender. Pas de comprendre. Clairvoyance ne signifie pas compréhension. Je les fixe. Après cela, à moi de me débrouiller. De les ranger dans un coin obscur de ma tête. Car comme je ne peux rien dire, rien partager, elles viennent s'ajouter au fatras. Quand ces visions sont insoutenables, je m'en débarrasse comme je peux. Ainsi la toute première. Bien désagréable entrée en matière dans ce monde particulier. Je m'en serais passée. La Luna de ce temps s'en serait bien passée.
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