J'ai longuement hésité quant à la notation de ce roman. Et je dois dire que j'ai été finalement plutôt généreuse.
Le thème et le contexte étaient pourtant très intéressants. Nick, le petit ami de Valérie, tue plusieurs de leurs camarades et professeurs en tirant de manière réfléchie : il suit les noms que Valérie a noté sur sa liste de la haine. Une liste qu'elle a créée pour se libérer des multiples humiliations subies chaque jour au lycée et que Nick alimente également par la suite.
L'auteur se réfère sans aucun doute à la fusillade de Columbine : aspect gothique des adolescents-tueurs, motif de la fusillade à chercher dans les humiliations subies, existence d'une liste de la haine...
Même si l'événement en lui-même est très important (il nous est rapporté par des articles de journaux reproduits tout au long du récit de manière un peu (trop) aléatoire), ce qui compte vraiment ici c'est le sentiment de culpabilité que ressent Valérie : comment peut-elle vivre avec ? doit-elle être pardonnée ? doit-on considérer qu'elle a incité Nick à perpétrer cette tuerie ? Autant de questions soulevées par
Jennifer Brown.
Tout cela était très alléchant mais, malheureusement, plusieurs points sont venus assombrir ma lecture.
Tout d'abord l'écriture de
Jennifer Brown, trop manifestement tournée vers les adolescents, comme s'ils n'étaient pas tout à fait finis. Les tournures de phrases et le langage utilisés ne me semblent pas représenter correctement cette génération (problème de traduction ?). Et en même temps elle n'assume pas jusqu'au bout et n'écrit pas en entier les "gros mots" qu'elle utilise ! Par exemple : "Si j'étais toi j'ajouterais les devoirs de la journée à la liste. Ça fait trop ch...". C'est ridicule ! Chier n'est même pas un gros mot ! Si ?
Deuxième point négatif, et pas des moindres : les nombreux clichés qui jalonnent le récit. Cliché des services psychiatriques (hurlements des patients, médecins déshumanisés, membres du personnel faisant des avances sexuelles au patientes...), rédemption à travers l'art, tueur incompris, sportifs hautains, les ennemies deviennent les meilleures amies, parents divorcés...
Troisième point négatif : le traitement des personnages, leur absence de consistance psychologique. Valérie est tour à tour complètement immature ou trop mature, les adolescents sont dépeints comme s'ils étaient tous un peu neuneu, les parents de Valérie la rejettent complètement (je rappelle qu'elle n'a tué personne et n'était pas au courant du projet de son ami), le psychiatre qui la suit n'a aucune consistance et se contente d'être l'exacte représentation que l'on peut avoir d'un bon psychologue. Chacun est à sa place, fait ce qu'il doit faire. Les personnages sont d'une platitude aberrante.
Un récit très prometteur qui sonne faux et se contente de suivre les atermoiements d'une jeune fille démunie. Un récit convenu qui a toutefois le mérite d'aborder des thèmes intéressants dans un contexte qui interroge. Bref, une lecture très mitigée qui ne m'a nullement transportée.