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♫ Hey Joe ... ♫

Quand tu as rencontré la famille Jones (les hommes ) , tu n'as pas aimé Wade, le père parce que c'est une feignasse, un égoïste , une enflure , une raclure , (et tous les mots en ure...), une vraie saloperie et je pèse mes mots ...
Par contre , tu t'es pris d'affection pour le fils , Gary .
Un petit gars sérieux de 15 ans qui bosse dur pour nourrir sa famille .
Tu t'es inquiété pour lui parce qu'il ne mangeait pas à sa faim, tu lui as fait des courses et fourni un travail . Tu lui as presque servi de père de substitution parce que le sien ... et sa mère c'est pas génial non plus.
Ils ont trouvé refuge dans une cabane en rondin au fond de la forêt, ils sont analphabètes, ils ne se lavent pas , n'ont que les vêtements qu'ils portent . Les gamins ne sont pas déclarés, et n'ont jamais vu un médecin de leur vie , ni une brosse à dent ...
D'ailleurs, il y a combien d'enfants au juste ?
Oui, c'est un peu Zola , version Américaine/années 90...
♫ Hey Joe ♫... toi non plus , tu n'es pas parfait..
Divorcé, parce que ta femme et tes gosses en avaient marre que tu craques ton pognon dans le jeu , tu vis seul avec ton clébard . Un furieux ce clébard .
Tu joues encore, tu bois trop, tu castagnes trop, tu ne respectes pas assez les flics pour ton propre bien, tu conduis trop vite . Ouais , tout ça ...
Mais, t'es un vrai pote ! Et Gary , tu l'as pris sous ton aile ,et les potes, on les soutient, même quand leurs vies c'est de la merde, même quand c'est dégueu, poisseux, sale, pourri , dégueu …
Surtout quand leur père est une raclure, une pourriture, une enflure...Oui, t'es un bon pote Joe ...
♫ Hey Joe ! Ton bouquin, c'est un chef-d'oeuvre du roman noir . J'avais déjà connu la petite soeur de Gary, Fay . Elle m'avait déjà troué le coeur , là aussi ...
Ames sensibles s'abstenir !
♫Hey Joe, il parait que c'est Nicolas Cage qui joue ton personnage au cinéma, je vais voir s'il est à la hauteur .
♫ Hey Joe ♫, arrête de boire s'il te plait , tu vas mal finir ...
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Joe le taxi, C'est sa vie, le rhum au mambo… C'est l'Paradis !

Vas y Joe, Vas-y Joe, Vas-y fonce !

Oui, oui, regarde le conduire tous ces mecs dans son pick-up matin et soir. Petit détail tout de même, uniquement les jours où il ne pleut pas !

Et puis, bien que les flics soient toujours à ses basques, Joe ne peut s'empêcher de boire comme un trou même au volant, la radio toujours allumée !

Mais les apparences sont trompeuses. Joe Ramson engage en fait des noirs à la journée pour « empoisonner » des arbres dans la région dans le but de les remplacer l'année d'après par des jeunes pins beaucoup plus lucratifs à l'abattage. Et seulement lorsqu'il fait beau temps !

Question alcool et musique, Joe sirote plutôt du Bourbon et vide les canettes de bière fraîches plus vite que son ombre en écoutant volontiers de la country dans son vieux pick-up.

Vivant sans sa femme et ses enfants, Joe se complaît dans cette vie solitaire, profitant des femmes plus jeunes et des parties de jeu privées entre amis.

Et puis, un jour, il rencontre Gary, un jeune garçon analphabète de 15 ans, qui squatte avec sa famille, sans un sou, une vieille bicoque en rondins inhabitée depuis très longtemps du coté de London Hill.

Dans ce roman noir, l'auteur américain Larry Brown dépeint avec authenticité et cruauté la vie quotidienne d'une famille à la dérive, sous le joug du père de famille violent, voleur, puant et alcoolique évidemment.

Dans un style très propre et bien écrit, l'auteur prend tout son temps pour décrire le quotidien de ses personnages, donnant l'impression de marcher lentement, assoiffé sur un bitumé brûlant et sous les assauts des rayons du soleil, en compagnie de la famille de Gary ou bien encore d'être assis coté passager près de Joe conduisant son pick-up.

Même les personnages secondaires, comme John Coleman le gérant du magasin d'alimentation et de la station d'essence, sont traités avec justesse et beaucoup de tendresse.

Même si j'ai lu avec plaisir du début à la fin ce roman, j'ai préféré dans le même genre l'excellent roman de Woodrell « La mort du petit coeur » qui mettait également en scène un jeune garçon martyrisé et persécuté par son père ou bien encore le formidable et abominable « Rage noire » de Thompson dont la mère blanche terrorisait son fils noir. C'est vrai que j'ai placé la barre très haute mais les records sont fait pour être battus. Pas vrai mon cher Bubka !

Quoi qu'il en soit, après ce coup d'essai Brownien plus que correct, «Père et fils» ou encore «Fay» (la soeur de Gary) me tendent déjà les bras pour transformer la divine idylle en une véritable fascination. A très bientôt, Larry Brown !
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Fuyant le Texas et échouant fourbus et sans le sou dans une forêt du Mississippi, les Jones font peine à voir : Wade le père est une épave alcoolique, magouilleur et sans aucun scrupule ; sa femme a en partie perdu la tête au fur et à mesure qu'elle perdait plusieurs de ses enfants ; Fay l'aînée des filles ne pense qu'à fuir quand Dorothy la plus jeune a décidé une fois pour toute de ne plus parler. Et puis il y a Gary, le fils.

Il est celui qui va aménager la maison abandonnée dans la forêt pour leur servir de toit, qui va travailler pour ramener quelques dollars et nourrir les siens, qui va économiser pour s'offrir le camion dont il rêve symbole de plus de liberté, et qui va rencontrer Joe.

Lui aussi est alcoolique, meurtri par la vie et les siens qui l'ont quitté ne pouvant plus rien faire pour lui. Jamais loin de la castagne, il a un jour dépassé la ligne de trop et goûté au pénitencier. Ça l'a calmé, un peu, mais son équilibre reste précaire au regard des vieilles rancunes qui trainent dans la vallée. Mais à l'inverse de Wade, Joe est un battant, travaillant sans répit dans la forêt où il va rencontrer et embaucher Gary.

Joe de Larry Brown – traduit par Lili Sztajn – est une biture noire et ininterrompue de 300 pages, pourtant remplie d'espoir et d'humanité. Loin du misérabilisme de Wade ou de quelques locdus locaux, Joe et Gary se battent, ne fuient pas et trouvent dans leurs propres ressources l'énergie de continuer à rêver à la rédemption pour l'un, et à un avenir pour l'autre. C'est lourd, c'est très noir mais c'est beau, et le cadre naturel exceptionnel des forêts du Mississippi offre la possibilité à chacun de sombrer ou de réagir.

Un seul regret, la brièveté de ce roman car je serais bien resté quelques pages de plus avec Joe et Gary…
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‌Deuxième roman de Larry Brown pour moi et l'euphorie ne faiblit pas, que non. Ma caravelle est partie gonflée à bloc et cingla jusqu'à l'arrivée essoufflée.

Suçotant la dernière page dans un ultime agrippement foetal, je referme à contrecoeur un livre fantastique.
Un univers totalement pourri mais littérairement parfait : personnages en 3D, atmosphère capiteuse et dense, écriture au petit poil . C'est avec une aisance extrême que l'auteur passe du paquet de chips écrasé à la métaphysique, ça se fait tout seul.

On est dans l'Amérique des pauvres types, des familles brinquebalantes, des enfances copieusement ratées, des parents malhonnêtes.
Par un effet domino, la misère économique enclenche toutes les autres formes de dénuement humain, de même que le mal entraîne toujours comme des siamois bourreau et victime, aux rôles souvent interchangeables.

Quand une once de morale personnelle ou de courage éclot, on fond sur le personnage et il nous devient indispensable.

Larry Brown est un auteur ignoblement habile qui nous kidnappe prestement et nous précipite tête la première dans une orgie de destins déconnants, où l'empathie s'affole , cuisant sur plusieurs feux en même temps. Toutes affaires cessantes, il nous faut adopter les enfants Jones, splendides d'humanité et de ténacité.

Avec toujours le comique de répétition du fameux "plop!" des canettes de bière à un rythme si soutenu qu'on finit par avoir soif et décompter le temps avec ce nouveau rythme circadien.
Hésitant sous l'avalanche d' adjectifs élogieux qui me viennent, je dirais sobrement : top (et re-plop).
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La famille Jones, une bande de vagabonds, va nu pieds qui vit de rapines, déboule dans le Mississippi rural. Il y a Wade, le père, méchant, fainéant, ivrogne, la mère, abrutie et à moitié folle depuis qu'elle a perdu deux de ses enfants. Et surtout il y a Gary, jeune ado de quinze ans qui veut s'en sortir, échapper à sa condition et surtout à son père. Il rencontre Joe, un homme qui dirige une équipe de forestiers qui détruit des parcelles de forêt pour replanter des pins à la place, beaucoup plus lucratifs. Joe va proposer du travail à Gary. Une amitié va naître entre eux. Joe va prendre le jeune garçon sous sa coupe et va devenir un père de substitution pour lui.
Larry Brown dresse un portrait tres fouillé du personnage Joe. Homme de quarante ans, ayant fait de la prison pour des petits délits, joueur invétéré, mauvais père et mari, bagarreur, il vit seul désormais avec son chien. Joe va prendre Gary sous son aile et le jeune garçon qui est en manque de repères, va s'attacher à lui.
Larry Brown, avec son sens des détails et ses personnages au profil très fouillé nous livre un roman noir où une petite étincelle d'espoir jaillit quand Gary recontre Joe.
Avec L. Brown les "gentils" ne sont jamais des super héros, beaux et sans défauts. Ce sont des humains, profondément humains avec leurs doses de défauts, de bons et mauvais cotés, de failles, de zones d'ombre. Joe est un personnage attachant.
L. Brown sait nous embarquer dans des virées au coeur du Mississipi rural, dans des endroits perdus où vivent des petits blancs pauvres , alcooliques, à la gâchette facile et nous raconter d 'extraordinaires histoires, loin des contes de fées.
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Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir. N'en cherchez pas la moindre lueur dans ces pages, Il n'y en a pas.
Alors, pourquoi ai-je tellement aimé ce livre, moi qui recherche souvent un peu de légèreté ?

Parce que Larry Brown n'a pas son pareil pour nous faire pénétrer au plus profond de l'Amérique des laissés pour compte. J'aime son écriture âpre tour à tour minimaliste et terriblement précise.

Parce que ces personnages sont hors du commun. Grands blessés de la vie, ils continuent d'avancer vers un univers incertain qui ne saurait être pire.

Parce que Joe est un personnage rude avec malgré tout un côté attachant.

Parce que j'ai aimé Gary, gamin paumé dans une famille d'ivrognes.

Parce que ces deux-là vont se rencontrer.

Parce que peut-être qu'au fond il y a en chaque individu une part d'humanité qui fait la différence.

Parce que Larry Brown est à mon sens l'un des plus grands écrivains américains.

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♪ Hey Joe, where you goin' with that gun in your hand ? ♫ (*)

Oui, Joe a un flingue sous le siège de sa voiture et oui, faut pas emmerder Joe

Joe, il faut aussi le taxi, chargeant ses journaliers, des pauvres hommes Noirs, qu'il emmène faire bosser dans la forêt où ils doivent empoisonner des arbres afin d'en planter des autres, de ceux qui rapporteront du fric.

Le titre du roman est court, peu recherché, mais l'important est ce qui se trouve dedans : un pur roman noir de chez noir, aussi sombre que dans le trou du cul d'une taupe, occupée à creuser une galerie, au fond d'une mine, à minuit, par une nuit sans lune.

Tous les niveaux de sombritude sont cochés et on ne ressort pas de cette lecture en sautillant gaiement. Oubliez le pays des Bisounours, ici, c'est l'alcool qui sert à supporter des vies de misères, des boulots de merde, où l'on trime beaucoup pour gagner peu.

L'auteur prendra le temps avant de nous amener à la rencontre entre Joe Ransom, quadra qu'il ne faut pas faire chier et Gary Jones, gamin de 15 ans, analphabète qui ne sait rien de la vie, trop occupé qu'il fut à suivre ses parents dans plusieurs états.

Les descriptions des différents personnages qui hantent ces pages sont flamboyantes, profondes, détaillées. Des vies de misère, de crève-la-faim, de débrouillardises, de petits trafics en tout genre sont décrites au scalpel et les décors sont grandeurs nature, pollués aussi, puisque tout le monde jette ses canettes ou bouteilles par la fenêtre de son pick-up.

Dans cette petite ville du Mississippi que l'on pourrait appeler Bouseville ou Ploucville, le temps semble s'être arrêté. C'est une chape de plomb qui pèsera sur les épaules du lecteur qui a osé s'aventurer ici. Sans compter les tripes qui vont se serrer en voyant tout ce que Wade fait subir à ses enfants, notamment à son gamin, Gary.

Le père Jones, le fameux Wade, est LE personnage que l'on a envie de noyer dans la rivière du coin avant de creuser un grand trou pour l'y enterrer. Si les autres personnages traînent des casseroles à leurs culs de bouseux, lui, il a la collection complète.

Cet homme est égoïste, fainéant, alcoolique, voleur, menteur, exploiteur et j'en passe. Décapsuler une bière dans son périmètre est aussi dangereux que d'ouvrir une boîte de thon dans une pièce remplie de chats affamés.

Certains romans noirs sont poisseux de sang, "Joe" est un roman noir poisseux de misère. Les portraits sont esquissés avec justesse, ils sont fouillés, réalistes, certains sont même fait avec tendresse (John Coleman). Mais c'est noir de chez noir, sans espoir. Criant de vérité, de désespoir, de sueur, de sang, de saloperie…

Bref, la ruralité que l'on n'a pas envie d'arpenter en vrai, mais qui nous plait vachement bien en version littéraire. Ce roman noir, c'est l'Amérique archi profonde, pauvre, alcoolique, minable où les gens triment du matin au soir pour gagner quelques sous.

(*) Hey JoeJimi Hendrix

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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C'est le livre des occasions manquées, des choix malheureux et des mains tendues que l'on ne sait pas saisir, la « loose » complète !
L'histoire est très bien amenée, les personnages sont « ploucs » à souhait et les scènes sont pétries de détails.
Larry Brown, nous fait vivre son roman.
Pas besoin de vous faire languir, c'est un très bon livre. de belles et fidèles descriptions des choses et des êtres, nous sont proposées.
Avec le talent de l'auteur, j'aurais osé mettre 100 pages de plus pour fouiller certains « cadavres dans les placards », comme on dit chez nous autres les ploucs (les personnages de John Coleman, Willie Russel et les événements de la famille Jones avant leur retour) mais peut-être est-ce voulu par Larry Brown pour laisser notre imagination voyager ?
Et puis le roman est tellement bien écrit, c'est formidable !
Si vous aimez, comme votre Grybouille, le style « Winter's bone » vous allez vous régaler.

Les personnages qui m'ont touchés :

Joé a tout pour vivre une vie sympa mais ne peut résister à ses travers. C'est un peu, vous me passerez l'expression, un « chercheur d'emmerdes ».
Gary, pour moi, est atteint du syndrome de Stockholm, car sa jeune existence est parsemée de maltraitances dont l'origine est le chef de famille et au sein de cette famille tous sont blessés physiquement et psychologiquement. Une meute prête à exploser.
Wade, le père, est une « ordure » de la pire espèce. Sincèrement vous aimerez le détester.
Willie Russel, le taré, le « gars du cru », à qui il ne faut pas se fier.
John Coleman, le sage, le grand-père que l'on voudrait avoir.
Charlotte, les ouvriers journaliers, les Fowler, Connie, le sheriff…Tous superbes.

Pour vous donner envie, des petits passages de cette superbe écriture :

« Un peu de pluie doit tomber dans chaque vie, mais peut-être la sienne est-elle condamnée à la mousson ».
« Gary, un gosse errant échoué sur le rivage de la bonté des hommes ».
« La terre semblait dégager de la fumée, elle n'avait pas de couleur tant elle était sèche, comme si elle n'avait jamais connu la pluie. Elle semblait aussi morte que de vieux os ».
« le kudzu, jungle verte impénétrable qui avale tout, maisons, poteaux, carcasse de voiture, sans domicile fixe endormi à proximité… Cela pour décrire l'atmosphère, les terres qui ne sont pas cultivées en sont envahies ».
« Joe qui se lave les dents du bas et son dentier… C'est la première fois dans un roman, que je lis, que le personnage principal montre les ravages d'une vie à l'hygiène négligée ».
« La souffrance imprégnait si profondément ses yeux qu'elle en devenait une couleur, celle d'un ancien amour déçu ». GÉNIAL !

Mais dans cette Amérique profonde, alcoolisée, de « petits blancs », de la pauvreté, de la démerde, les histoires se règlent à coups de poings ou de fusils au choix.

« Ah quand çà va mal, çà va mal.. . Cette boue rouge du Mississipi n'a pas fini de nous coller aux pieds, moi j'vous l'dis ! Tiens ressers-moi une bière ou un verre de bourbon, le temps que je me rallume une clope que je reste dans l'ambiance ».
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Relire ce roman permet de relativiser sur le niveau littéraire de beaucoup de romans actuels et je me demande si on ne devrait pas parler plus souvent des oeuvres essentielles. Joe de Larry Brown est à classer comme un classique de la littérature américaine et le fait qu'il soit si peu connu chez nous est juste incompréhensible. Les mots me manquent pour qualifier ce livre, et un seul mot me vient à l'esprit : Monument. Au même titre que Père et Fils, d'ailleurs, autre roman de cet auteur.

S'appuyant sur trois personnages forts, Larry Brown ne se contente pas d'analyser l'illusion du rêve américain, mais situe son roman au niveau de l'Homme et de son envie ou besoin de liberté. Construit comme une rencontre entre Gary, un jeune adolescent illettré mais travailleur vivant dans une famille extrêmement pauvre et Joe, un bucheron alcoolique et foncièrement indépendant, libre et indépendant, le roman fait partie de ces témoignages sur la vie de ceux qui sont oubliés par le rêve Américain.

Le personnage qui marque le lecteur est bien entendu Wade Jones, le père de Gary, un fainéant alcoolique, violent, qui martyrise sa famille pour justifier sa position de Chef. Les Jones n'ont pas de maison, et errent à la recherche de travail pour payer l'alcool du père. Gary veut travailler pour gagner de l'argent et partir loin de cet enfer. Il rencontre Joe qui place sa liberté au-dessus de tout et de tous, ayant abandonné sa famille et même ses relations avec les autres, au profit de l'assouvissement de ses envies.

Roman d'émancipation, d'éducation et de rédemption, ce roman présente l'avantage de ne pas opposer des gentils avec des méchants. Tous les personnages ont leurs propres motivations et sont tous blâmables, dans une société « normale ». Larry Brown nous montre la société des libertés qui pousse chacun à ne penser qu'à lui avant tout, et à renier sa responsabilité collective, quitte à payer les conséquences de ses actes.

Avec une plume brutale mais formidablement évocatrice, cette histoire faire d'alcool et de bagarres, de sueur et de haine nous montre que même avec des personnages extrêmes, l'espoir d'une vie en société peut exister ; et qu'avec de l'éducation, on peut aboutir à une société vivable. Joe est un hymne littéraire à l'humanisme, sans concession, et d'une formidable force. On n'est pas prêt d'oublier ni ces personnages, ni ces forêts, ni cette intrigue terrible.

Coup de Coeur !
Lien : https://blacknovel1.wordpres..
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Que de souffrances dans cet état du Mississipi. Au début, on se croirait au siècle dernier et quand les voitures ou la machine à laver apparaissent dans le décor, on se dit avec horreur que ça pourrait être aujourd'hui. le jeune héros est émouvant de courage, de bonté et d'innocence. Fidèle à sa famille de « pauvres blancs » américains, désespérante et révoltante, il se bat dans tous les sens du terme. Cet ado va être initié à la vie par un homme en proie à d'autres souffrances. La nature n'est pas en reste mais elle est habilement sublimée. Un livre dur et passionnant sur des luttes individuelles au destin imprévisible.
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