C'est le livre des occasions manquées, des choix malheureux et des mains tendues que l'on ne sait pas saisir, la « loose » complète !
L'histoire est très bien amenée, les personnages sont « ploucs » à souhait et les scènes sont pétries de détails.
Larry Brown, nous fait vivre son roman.
Pas besoin de vous faire languir, c'est un très bon livre. de belles et fidèles descriptions des choses et des êtres, nous sont proposées.
Avec le talent de l'auteur, j'aurais osé mettre 100 pages de plus pour fouiller certains « cadavres dans les placards », comme on dit chez nous autres les ploucs (les personnages de John Coleman, Willie Russel et les événements de la famille Jones avant leur retour) mais peut-être est-ce voulu par
Larry Brown pour laisser notre imagination voyager ?
Et puis le roman est tellement bien écrit, c'est formidable !
Si vous aimez, comme votre Grybouille, le style « Winter's bone » vous allez vous régaler.
Les personnages qui m'ont touchés :
Joé a tout pour vivre une vie sympa mais ne peut résister à ses travers. C'est un peu, vous me passerez l'expression, un « chercheur d'emmerdes ».
Gary, pour moi, est atteint du syndrome de Stockholm, car sa jeune existence est parsemée de maltraitances dont l'origine est le chef de famille et au sein de cette famille tous sont blessés physiquement et psychologiquement. Une meute prête à exploser.
Wade, le père, est une « ordure » de la pire espèce. Sincèrement vous aimerez le détester.
Willie Russel, le taré, le « gars du cru », à qui il ne faut pas se fier.
John Coleman, le sage, le grand-père que l'on voudrait avoir.
Charlotte, les ouvriers journaliers, les Fowler, Connie, le sheriff…Tous superbes.
Pour vous donner envie, des petits passages de cette superbe écriture :
« Un peu de pluie doit tomber dans chaque vie, mais peut-être la sienne est-elle condamnée à la mousson ».
« Gary, un gosse errant échoué sur le rivage de la bonté des hommes ».
« La terre semblait dégager de la fumée, elle n'avait pas de couleur tant elle était sèche, comme si elle n'avait jamais connu la pluie. Elle semblait aussi morte que de vieux os ».
« le kudzu, jungle verte impénétrable qui avale tout, maisons, poteaux, carcasse de voiture, sans domicile fixe endormi à proximité… Cela pour décrire l'atmosphère, les terres qui ne sont pas cultivées en sont envahies ».
«
Joe qui se lave les dents du bas et son dentier… C'est la première fois dans un roman, que je lis, que le personnage principal montre les ravages d'une vie à l'hygiène négligée ».
« La souffrance imprégnait si profondément ses yeux qu'elle en devenait une couleur, celle d'un ancien amour déçu ». GÉNIAL !
Mais dans cette Amérique profonde, alcoolisée, de « petits blancs », de la pauvreté, de la démerde, les histoires se règlent à coups de poings ou de fusils au choix.
« Ah quand çà va mal, çà va mal.. . Cette boue rouge du Mississipi n'a pas fini de nous coller aux pieds, moi j'vous l'dis ! Tiens ressers-moi une bière ou un verre de bourbon, le temps que je me rallume une clope que je reste dans l'ambiance ».
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