Citations sur La Mère (59)
Au ,moment critique, elle appelait sa cousine qui, à son tour, lui demanderait le même service.
Elle savourait sa vie : enfanter, travailler la terre, manger, boire et dormir, balayer et mettre un peu d'ordre dans sa maison, s'entendre louer par les autres femmes pour son adresse au travail, ses talents de couture, et même se quereller avec son mari, ce qui aiguisait leur amour, autant de jouissances pour elle ; c'est pourquoi, chaque matin, elle se réveillait avec entrain.
Se lever à l'aube, nourrir sa maisonnée, soigner les animaux, ensemencer la terre et récolter ses fruits, puiser l'eau à boire et ramasser, des journées entières, l'herbe sauvage sur la montagne, tandis qu'on est baigné de soleil et balayé par le vent ; cela lui suffisait.
Elle restait étendue, tranquille, son corps vigoureux plein d'une saine lassitude. Couchée dans le noir, elle n'était plus que tendresse. Malgré ses impatiences, ses courtes colères durant la journée, sa bonté seule subsistait la nuit venue : passionnément tendre pour l'homme lorsqu'il se tournait vers elle dans son désir, tendre envers ses petits abandonnés au sommeil, tendre aussi avec la vieille femme.
Oui, cette pauvre créature lui manquerait une fois morte. Mais les regrets sont superflus. La vie vient et s'en va à l'heure fixée, et l'on ne peut rien contre cet arrêt. C'est pourquoi la mère poursuivit tranquillement son chemin.
C'est ta femme qui t'a mis cette idée en tête, mon fils. Tu dors seul dans cette chambre avec elle ; vous causez ensemble ; la nuit, elle t'empoisonne par ses propos et te monte contre ton propre sang. Et toi, tu es comme tous les hommes : mou comme la vase d'un fossé, quand tu couches avec une femme.
Nous ne risquerons rien tous les deux. Je n’ai pas entendu parler de brigands dans les environs ces temps-ci, en dehors de cette nouvelle sorte de gens en ville qu’on appelle communistes. Mais on prétend qu'ils n'en veulent pas aux pauvres.
Couchée dans le noir, elle n'était plus que tendresse.
Depuis son mariage, elle avait enfanté environ chaque printemps. Cette fois-ci, sa chair était stérile. Cela semblait si naturel autrefois de porter un enfant; une chose qui devait sans cesse recommencer. A présent, cela lui parut être une joie qu'elle n'avait pas su comprendre jusqu'ici, et le sentiment de sa solitude l'envahit, devint une souffrance, ses seins lui firent mal lorsqu'elle y songea - si son mari ne revenait pas, jamais plus, dans cette saison, elle ne porterait d'enfant.
Oui, cette pauvre créature lui manquerait une fois morte. Mais les regrets sont superflus. La vie vient et s'en va à l'heure fixée, et l'on ne peut rien contre cet arrêt. C'est pourquoi la mère poursuit tranquillement son chemin.