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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Intriguée par les citations postées par Le_Bison je me suis lancée à l'aveugle dans cette lecture. En quelques minutes je me suis retrouvée balancée au beau milieu de la célèbre prison de San Quentin aux Etats-Unis. Un univers violent, brutal qui m'a tenu entre ses griffes jusqu'à la dernière ligne. Edward Bunker se charge de faire voler en éclat l'idée que se fait le péquenot moyen d'un séjour en prison.

Quand Ron arrive à San Quentin ce n'est un petit bourge qui a essayé de se faire de l'argent facile en vendant de la drogue et à qui maman a payé un bon avocat. A priori, s'il fait profil bas il ne devrait pas traîner ses fesses trop longtemps derrière les barreaux. Ses fesses justement sont au coeur du problème. Un petit nouveau trop mignon qui tombe dans la cage aux lions je ne vous fais pas un dessin. Mais sous ses airs angéliques il en a sous le pied le petit Ron et il n'est pas prêt à se laisser faire. Pas encore, mais la prison en a brisé plus d'un. Il y a peu d'options à son problème.

Sérieusement la prison a ses propres règles : une balance ne survit pas, un faible ne survit pas, et soyons honnête un être humain ne survit pas. Non si Ron veut survivre il va devoir faire appel à son instinct, se comporter en animal et comme tout animal intégrer une meute. Si Ron est plutôt solitaire il va avoir de la chance sur ce coup là, Earl une des figures emblématiques de la prison va le prendre sous son aile. Earl est un vieux détenu et la prison il en connaît les moindres recoins et toutes les ficelles. D'ailleurs il a des potes fiables sur qui il peut compter : des membres de la fraternité aryenne, quelques uns de la fraternité mexicaine et quelques potes noirs mais de loin. Il faudrait voir à ne vexer personne. Ça vous choque ? Moi aussi j'avoue que ça me donnerai même un peu la gerbe. Plutôt crever que de traîner avec des types pareils ? On est d'accord. Mais tout n'est pas toujours tout noir ou tout blanc (sans mauvais jeu de mots!) et ni Earl ni Ron ne partagent les idées des suprémacistes blancs même si la prison s'évertue à faire naître cette haine en eux. Et oui, on est en taule aux États Unis et l'une des règles de la prison est la ségrégation. Aussi tacite soit-elle cette règle est incontournable. le principe est simple : les blancs avec les blancs, les noirs avec les noirs, les… enfin vous avez compris l'idée. Simple et efficace. En plus au moindre pépin l'administration de la prison peut s'empresser de tout coller sur le dos des guerres raciales. L'art d'entretenir la haine entre des hommes qui, s'ils savaient qu'ils ont plus de choses en commun que de différences, pourraient se retourner contre l'administration de la prison. Diviser pour mieux régner, classique.

Devenir paranoïaque, être toujours sur le qui vive, intégrer la haine ambiante, la faire sienne, la subir, humer l'air pour jauger les risques, se fabriquer un masque, changer son regard, faire attention à sa démarche, ne pas devenir fou... et tout cela en restant humain et en ne perdant pas de vue sa réincarcération ? Peine perdue. Vous y entrez en petite frappe et vous ressortez brisé ou terriblement endurcie. Pour peu que vous ayez commencé par l'étape maison de redressement les codes de la prison ont été intégrés plus sûrement que ceux de la société des hommes libres et il y a fort à parier que ce soit définitif !

Ce livre est une critique véhémente et musclée contre le système carcéral américain. Mais c'est aussi une histoire d'amitié et d'humanité. Une histoire en demi teinte ou la frontière entre le bien et le mal est brouillée par la nécessité impériale de survivre. Loyauté, code d'honneur, relations humaines ambiguës, Edward BUNKER décode pour nous le quotidien de la vie de taulard et il sait de quoi il parle il l'a vécu.

Ce livre je ne l'aurais jamais ouvert si j'avais su qu'Edward BUNKER avait été membre en prison de la fraternité aryenne et je n'aurais jamais su que les choses sont loin d'être aussi simples.
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Des hommes, des noirs et des hispanos, combinaisons oranges, le regard vague, le sourire narquois se retrouvent, là, enchaînés dans la poussière. Et parmi eux, Ron, le beau Ron, le jeune Ron, sa première incarcération à San Quentin. Assis sur les docks, la brume qui s'élève et masque encore le soleil, pour quelques minutes. Quelques secondes encore où je respire une dernière fois, cet air frais et pur s'élevant de la baie de San Francisco. L'endroit est si beau, si lumineux, si silencieux au milieu des vagues qui s'échouent contre la roche blanche, entre écume et calcaire. Si magnifique, et si cruel d'avoir créer une prison, la plus grande, la plus renommée après la mythique et cinématographique Alcatraz, juste en face, fermée quelques années avant avec son dernier évadé. Les autorités avaient le choix, Folsom ou San Quentin. Me voilà donc sous le soleil de Californie et le ciel gris, comme ses murs.

Mais revenons à Ron, ce gamin. Pas sûr que sa belle gueule d'ange va lui servir à grand chose, mais par contre, son cul nul doute qu'il va intéresser du monde. Et pas qu'un peu. Tout le monde se voit déjà y fourrer sa bite dedans, noir ou blanc, s'il y a bien un domaine où le racisme s'efface temporairement, c'est bien dans la sodomie. Et ce n'est ni son parfum Orange Blossom Special ni ses gardiens, qui vont détourner du regard cette horde de bêtes, des animaux nettement plus sauvages qu'une horde de bisons dans un pré d'herbes à vodka, devant la fragilité d'une belle proie isolée.

La première sensation qui me prend est cette puanteur qui se mélange à la poussière. Elle te reste en travers de la gorge, elle t'enveloppe comme un air de Johnny Cash, elle te sature en haine et en sueur. La haine de l'autre, la haine de la société, la haine du gardien, du noir ou de ce couloir qui t'amène vers ta minuscule chambre avec vue... sur la baie. Earl, à ses côtés, comme un ange gardien, un protecteur de tous ces détraqués. Earl qui lit Dostoïevski et Céline, Hesse et Camus. du beau monde dans les livres, seule échappatoire qui se distille à travers les barreaux comme un rayon de lune, ou l'ampoule de la coursive jamais éteinte. Il y a du courage, il y a du déchaînement, mais il n'y a plus aucun espoir. Une fois pénétré l'antre de ces lieux, l'usine pénitentiaire ne fabrique plus que des bêtes sanguinaires assoiffées de vengeance par la poussière de la misère humaine.

Mais ce qui me frappe est surtout l'immersion dans cet univers, la plongée en apnée que l'auteur me propose, la véracité des faits, de l'ambiance. Je suis à San Quentin, je ne sais pas quand je vais ressortir, ni même si j'en ressortirai un jour. Innocent un jour, je deviens une bête le lendemain, lorsque l'avenir n'est représenté plus que par une lame de couteau. Il faut dire que Edward Bunker connaît bien les lieux, incarcéré pour la première fois à San Quentin à l'âge de 17 ans, faisant de lui, le plus jeune détenu. Il a tout de même réussi en s'en échapper par deux fois, survivant à cet enfer au sein de la fraternité aryenne. du vécu dans ce bouquin.
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« Fait trop beau pour rester enfermé, marmonna-t-il, appréciant à sa juste valeur la douleur douce-amère d'encore aspirer à la liberté. »

Descente dans l'univers carcéral de San Quentin. Un excellent roman avec des personnages rugueux, complexes, notamment Earl que j'ai beaucoup aimé dans son rôle paternel vis-à-vis du bleu, qui a dans cette tôle, la malchance d'être jeune, beau et donc bien alléchant. La sympathie qui nait entre Ron et Earl pour devenir amitié constitue le fil conducteur de cette histoire. L'auteur parle de la drogue, du sexe, de l'homosexualité et de la violence qui traverse les cellules. Il explique aussi l'évolution du racisme au travers de l'existence de gangs qui est devenu un classique dans les prisons au fil des années. Il y a aussi tout un pan du roman qui évoque les relations entre détenus et matons, autant de temps dans un monde clos implique évidemment des échanges parfois bons, parfois mauvais. Et toujours cette envie de sortir... Et cette peur qui lui est liée, parce que celui qui est proche de la sortie est aussi un vulnérable en sursis, que ce soit avant l'ouverture de la grille, que ce soit après.
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Une brique de concentré de prison américaine. Ce roman retrace l'histoire d'une amitié et la vie dans une prison américaine, on cite la loi de la jungle, mais dans ce cas on peut parler de code des prisons et c'est peut être pire. Où comment un jeune dealer des beaux quartiers se retrouve dans l'enfer pénitentiaire entouré par des tueurs, des condamnés à perpétuité, etc. L'auteur réussit à expliquer le système de survie, les regroupements et la haine raciale. Tout devient extrême. le taux de meurtres et d'agressions dans ces établissements reste un tabou. Une plongée dans un univers glauque, ultra violent mais réel !

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Bon alors attention là on est dans le haut de la hôte, un de mes auteurs favoris.
"La bête contre les murs" de Edward Bunker fait parti d'une trilogie. Ils peuvent se lire indépendamment, le 1er opus "aucune bête aussi féroce" est un veritable chef d'oeuvre à mes yeux.
Ici, c'est l'histoire d'un jeune dealer qui rentre en taule, il va faire la connaissance d'un vieux taulard qui va le prendre sous son aile.
Scenario des plus basique mais bouquin d'une puissance rare et un auteur dont l'oeuvre est malheureusement trop courte.
Ecriture au scalpel, sans concession. On a l'impression d'être au milieu des détenus. Les personnages sont inoubliables et il dépeint l'univers carcéral comme personne bon il y a passé lui même 18 années de sa vie, ceci explique sûrement cela .
Un film a été adapté (animal factory) avec W.Defoe et E.Furlong .
Bref si vous aimez le noir, les prisons, les matons... et surtout si vous aimez les grands auteurs vous devez lire E.Bunker
Tcho
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Ron Decker est un jeune homme très mignon, incarcéré de frais pour une bête histoire de came. Heureusement pour lui, Earl Coppen, caïd-intello local, le prend sous son aile et le sauve ainsi de la sauvage dépravation ambiante. Ce roman fait presque figure de documentaire ; le jeune Ron suit un véritable itinéraire initiatique, et nombre de ses certitudes sont mises à mal.

Bunker montre une fois de plus de façon implacable comment la prison fabrique des bêtes sauvages (pourquoi ce titre français imbécile ? Il aurait mieux valu garder l'original: Animal factory), et comment cette institution agit comme un véritable cancer pour la société en général. Très fidèle adaptation de Steve Buscemi au cinéma.
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LA BÊTE CONTRE LES MURS de Edward Bunker

le me disais qu'il fallait en avoir fait l'expérience pour raconter la prison avec autant de précision. Une vérification sur Wikiperdia m'a confirmé que Bunker y avait séjourné et, ce roman ne donne absolument pas le goût d'y aller...

Edward Bunker est l'exemple même de l'enfant éduqué par les services sociaux dans les années 1940. À partir de ses 4 ans et jusqu'à ses 17 ans il n'a cessé de jongler entre maisons de redressement, fugues et maisons pour jeunes criminels. Il est incarcéré pour la première fois à 17 ans, dans la prison d'État de San Quentin, Big Q, réputée comme étant l'une des plus dures aux États-Unis.

Il est le plus jeune homme à y avoir été détenu, mais réussit à s'en évader à deux reprises, dont une fois pour une cavale de plus de deux ans. Durant ses années de prison, il a appartenu au gang de la fraternité aryenne, connu pour ses agissements et ses meurtres sanglants dans les prisons californiennes. Wikipedia

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