Je me rappelle avoir lu
Junk, de
Melvin Burgess, quand j'étais ado, mais c'est à peu près tout (et il ne m'a pas laissé un souvenir impérissable). Je me suis donc lancée dans
La Sorcière oubliée sans attente particulière, principalement me divertir et passer le temps en attendant de bonnes nouvelles.
Le roman commence très fort puisque dès le premier chapitre, notre héroïne, Bea, découvre lors d'un trajet en voiture qu'elle possède des pouvoirs ; et pas n'importe lesquels, puisqu'elle peut invoquer des esprits. Suite à ce départ sur les chapeaux de roue, on se retrouve plongé dans n'importe quel roman où le héros /l'héroïne découvre le monde de la magie : déni, colère, acceptation, émerveillement et -oh mon dieu il y a des chasseurs de sorcières il faut quitter le domicile familial !
Niveau divertissement, j'étais au top, mais niveau originalité, j'étais au point mort. Surtout que
Melvin Burgess ne prend pas vraiment le temps de nous expliquer grand chose ; j'ai manqué d'informations tout au long du roman, les précisions arrivant parfois d'on ne sait où. Dur de s'attacher, dur de se concentrer.
Et puis, après que La Chasse ait failli lui mettre la main dessus, Bea se retrouve à passer plusieurs mois en huis clos avec Lars, un garçon qu'elle a rencontré au skate park et qui lui avoue qu'il est lui aussi sorcier. Pour la transformer en enfant soldat au service de la cause des sorciers, il va aller très loin. C'est là que le roman prend toute sa dimension et que
Melvin Burgess s'éloigne un peu du sentier traditionnel. Il y a entraînement à la « magie », certes, mais il y a aussi manipulations, perte de repères, isolement. Bea devient un personnage plus intéressant, plus complexe. J'ai préféré la lecture à partir de la deuxième partie, où le lecteur est invité dans une histoire plus sombre, plus nébuleuse. Cependant, par rapport à cette partie 2, je pense qu'il est important de rappeler qu'il ne s'agit pas uniquement d'une « relation toxique », cela va un peu plus loin que ça. Il y a violence verbale et physique, séquestration et viol. le choix des mots est mauvais, de la part de l'auteur… Rappelons tout de même que son héroïne n'a que 13 ans.
Sans tout raconter (je n'irai pas plus loin que ce que nous dit la 4ème, qui s'avance déjà beaucoup), je pense que le twist est quand même très attendu, de même que la fin. Rien de bien surprenant, malgré le virage narratif de la partie 2. Toutefois, je trouve qu'il s'agit d'un roman qui pose de bonnes questions : jusqu'où est-on prêt à aller pour nos convictions ? Comment vivre après avoir été trompé ? Bea n'est pas ce personnage lisse qui va défendre le bien à tout prix, et ça, c'est agréable. Elle est humaine. Elle fonctionne beaucoup à l'instinct, se retrouve malgré tout prisonnière d'une relation dangereuse. Elle est comme nous. Et à côté de cet aspect social, moral,
Melvin Burgess nous pose aussi la question de notre rapport à la nature. J'ai été bien émerveillée de contempler la vie partout autour de Bea. Peut-être que si nous aussi voyions les esprits de toutes les choses vivantes, nous les traiterions un peu mieux…
Pour résumer,
La Sorcière oubliée est un roman assez stéréotypé qui réussit à s'émanciper peu à peu. Il interroge notre sens moral tout en restant un bon divertissement.
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