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3,9

sur 310 notes
Derrière ce titre intriguant, « Les femmes n'ont pas d'histoire », se cache un roman âpre, d'une terrible violence. Mais il s'en dégage aussi un étrange charme, un peu envoûtant, qui en a fait pour moi une lecture (d'été) captivante.

En Virginie-Occidentale, région désolée de la Rust Belt américaine régie par la religion et le moonshine (whisky de contrebande), la vie de Wren se passe dans une certaine dureté entre son père Briar, une espèce de prédicateur dont le prêche religieux se fait en levant des serpents venimeux dans les bras, et sa mère Ruby, dont la vie tourne autour d'Ivy, son amie d'enfance. On comprend rapidement que le couple que Ruby forme avec Briar ne fonctionne plus très bien, notamment parce que celui-ci est enfermé dans sa foi, forgée après un accident réputé dû à la foudre qui lui a laissé un oeil blanc, le faisant être un mari et un père défaillant. Mais le jour où un accident terrible arrive à Ivy, c'est le début d'un enchaînement de catastrophes qui signera la fin de l'enfance de Wren, et qui lui apprendra — à la dure — que la vérité a toujours de multiples facettes…

Cette vérité à facettes vaut également pour le lecteur : le récit est partagé en plusieurs parties racontées par différents personnages qui donneront chacun leur version de l'histoire, venant éclairer celle de Wren, forcément partielle.
Pourquoi Briar a-t-il exilé sa femme puis sa fille loin dans les montagnes, les forçant à vivre à l'ancienne (troublante sensation quand on comprend que l'action se passe dans les années 2000 et non pas dans les années 1930 !) et obligeant Wren à étudier en cachette ? Pourquoi Ruby et Ivy, si avides de liberté plus jeunes, se sont laissées enfermer dans les montagnes de Virginie-Occidentale pour ne plus jamais en sortir ? Pourquoi les femmes sont-elles condamnées à être fille ou femme d'un homme, au point que leurs histoires personnelles voire même leur nom, sont oubliées ?

« Les hommes de la montagne pouvaient se soûler n'importe où […]. Mais s'ils voulaient un morceau de la montagne, tiré du sol sur lequel ils se tenaient et de l'eau qu'ils buvaient, un alcool de maïs blanc doux de Virginie-Occidentale, égrené et moulu à maturité par les mains d'un père aimant, avant d'être cuit jusqu'à ce qu'il né en reste que le plus robuste, alors il leur fallait le moonshine de Sherrod. C'est pour ça qu'ils le choisissaient : pour y trouver le goût de la vie qu'ils menaient. »
Si la religion et le moonshine, domaines jalousement masculins en Virginie-Occidentale, donnent un cadre (écrasant) à cette histoire, ce sont bien aux personnages féminins qu'Amy Jo Burns donne le premier rôle, pour contrer cette vie faite d'obligations et de contraintes que les hommes réservent aux femmes, dont Ruby : « Nous, les femmes, on est pas aussi libres que vous de faire ce qui nous chante. Pour vous autres, ça va tellement de soi que ça m'écoeure. Mais je peux pas dire que ça m'étonne. Toi et Briar, tous les deux, vous faites toujours exactement ce qui vous plaît, sans prendre qui que ce soit en considération. […] Tous les deux, vous pensez que je suis un bestiau qu'on marchande, parce qu'on vous apprend que le monde est à vous, que vous avez qu'à vous servir. Et que mon monde à moi, c'est de me faire prendre. »
Car malgré tout, qu'on ne s'y trompe pas, malgré son titre, « Les femmes n'ont pas d'histoire » est un roman aux accents féministes : si l'histoire ne se souvient pas d'elles, les légendes si, prouvant que malgré tout ce sont les femmes qui oeuvrent en sous-main, notamment pour que les choses changent peu à peu. Wren aura-t-elle le choix que sa mère Ruby et Ivy n'ont pas eu, celui de mener sa vie comme elle le veut ?

« Les femmes n'ont pas d'histoire » est un premier roman impressionnant de maîtrise, notamment dans sa structure qui vient éclairer peu à peu l'histoire de Ruby, d'Ivy et de Briar. Une histoire pleine de croyances, de fatalité, de désespoir et d'amertume, seuls sentiments qui restent quand la foi est partie. Les mots sont secs et durs comme cette terre montagnarde arrosée de soleil et de foi, seules richesses qu'elle possède, mais parfois aussi doux et remplis de poésie que le moonshine que les hommes produisent à partir de son maïs et de son eau. Liquide qui semble avoir le pouvoir de rendre fou ou de remplir d'amour.
La lecture de ce roman n'est pas des plus simples, par les thématiques traitées que par la construction adoptée par l'auteur, qui révèle ses vérités au fur et à mesure. Mais il constitue un roman saisissant, et fait partie de ces lectures que l'on n'oublie pas.
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Dans cette semaine découlant du 8 mars, on a envie de mettre en avant des romans écrits par des romancières qui nous ont profondément marqué ces derniers temps cest le cas pour ce roman " Les femmes n'ont pas d'histoire "

Il est l'oeuvre dune romancière, l'américaine Amy Jo Burns qui pour son premier roman , frappe très juste fort en situant l'intrigue de son roman dans les Appalaches entre rivière et montagnes, une terre chère à un écrivains comme Ron Rash qui en a fait son royaume.



Ici, dans le roman Amy Jo Burns on est en plein coeur de Appalaches dans une zone un peu désoeuvrée que l'on appelle la Rust Belt, mais plus qu'aux romans de Rash, on pense surtout pendant notre lecture à ces romanciers américains plutôt récents qui sondent l''Amérique profonde, des laissés pour compte comme les formidables David Joy ou Michael Farris Smith, romanciers publiés en France chez Sonatine comme la primo romancière américaine.

Elle n'a pas vraiment belle mine, cette terre des Rust Belt vue par le prisme du regard d'Amy Jo Burns, cette terre dans laquelle le whisky de contrebande et les hommes, souvent très pieux, qui le trafiquent font la loi, où comme le titre du roman lindique, les femmes n'ont pas d'histoire.

Élevée dans l'ombre de son père, un prêcheur charismatique mais violent la jeune Wren, comme du reste sa mère avant elle, semble suivre un destin tout tracé dans l'ombre des hommes .

Jusqu'au jour où un évenement particulier va lui faire prendre son destin en main . Est-ce que finalement tout ne serait pas écrit à l'avance? Dans cet épatant roman initiatique, on suit deux générations de femmes qui tentent de devenir elles-mêmes dans un pays en pleine désolation, et régie par des société patriarcales .

Dans ces paysages sauvages et magnifiques, nagent en eaux troubles des protagonistes aussi abîmées que prometteuses.

Amy Jo Burns décrit ces vies brisées et corsetées qui tentent de s'accrocher aux branches et de s'affranchir des diktats avec énormément de talent, avec une plume pleine de désillusions, et en même temps pleine d'une poésie qui ne dit pas son nom.

Surtout, la romancière réussit largement à éviter l'écueil du sensationalisme et du misérabilisme et son récit fulgurant annonce à coup sûr la naissance d'une auteure au talent incontestable.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Wren vit dans un coin perdu dans les Appalaches , c'est son père qui a décidé de leur mode de vie loin de tout confort moderne , on comprendra le pourquoi de cette décision radicale un peu plus tard dans le roman . C'est un monde violent où la jeune fille devra trouver sa place .
Elle est jeune , a des rêves et un jour se rend compte qu'avant elle , sa mère et la meilleure amie de cette dernière ont été jeunes et avaient des rêves d'une vie meilleure qui ne se sont jamais réalisés .
Mais la vie de Wren va voler en éclats , elle devra quitter ses montagnes , affronter les secrets de sa famille et pourra enfin écrire sa propre histoire .
Un roman sombre qui ne m'a pas vraiment conquise , je ne me suis pas attachée aux personnages .
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C'est une histoire d'adolescente coupée du monde moderne dans une montagne des Appalaches, de moonshiners, d'un père prêcheur et manipulateur de serpents, d'une femme immolée par accident et soignée par miracle, de deux familles en proie à la religion, aux drogues, à la déchéance... La quatrième de couverture annonce la révélation de secrets et de non-dits, mais je n'ai pas été jusque là... J'ai abandonné à la page 86, n'arrivant à m'attacher ni à l'histoire, ni aux personnages, ni au style. Ce n'est pas mal écrit, au contraire, mais trop lent à mon goût. Je l'ai emprunté dans le cadre d'un club de lecture ayant pour thème "Le droit des femmes", mais je n'y ai pas trouvé ce que je cherchais. Les thèmes auraient pu m'intéresser mais la lassitude a eu raison de ma curiosité...
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Les Appalaches… Je n'y ai jamais mis les pieds, mais j'ai l'impression de les connaître par coeur, tant je les ai découvertes au travers de la littérature.

Pas avec de la littérature joyeuse, mais au travers de la Noire, celle qui parle de conditions sociales miséreuses, de gens qui boivent, qui distillent leur alcool, qui se droguent, qui vivent chichement, certains étant à la limite des hommes des bois tellement ils vivent dans un isolement quasi total.

Ici, le patriarcat fait loi. Comme partout ailleurs, vous me direz… Oui, mais ici, c'est pire qu'ailleurs !

Comparées aux femmes qui vivent là-bas, nous sommes des reines pourvues de multiples droits, car celles du livre n'ont souvent que le droit de la fermer et de se taire, tout en pondant des chiards et en s'occupant de leurs maris, pauvres petits gamins qui ont besoin d'une mère pour essuyer leur merde.

Dans ce récit, on se prend la ruralité de plein fouet. Et la religion dans la gueule. Les gens vont à l'église le dimanche et certains pratiquent encore le culte avec des serpents.

Bizarrement, même si les femmes sont résignées, ce ne sont pourtant pas des femmes faibles, sans volonté. Elles auraient voulu changer de vie, mais les montagnes des Appalaches ne leur ont pas permis de se libérer et celles qui voulaient foutre le camp se retrouvent mariées avec des enfants, vivant dans un mobile-home ou dans une cabane en rondins.

Ce qui marque le plus, dans ce roman noir profond, c'est la puissance des personnages, qu'ils soient adultes ou adolescente, comme Wren, la fille du manipulateur de serpent qui la garde dans sa cabane, perdue au fond des bois, régnant tel un dictateur sur ce petit territoire et sur deux sujets : son épouse et sa fille.

Malgré le fait que je ne me sois pas vraiment attachée à Wren, malgré le fait que le récit soit assez lent, qu'il n'y ait pas vraiment d'action, j'ai apprécié cette lecture en apnée, cette descente dans l'intimité de deux familles où les hommes ne foutent pas grand-chose et où ce sont les femmes qui portent tout à bout de bras.

Dans d'autres romans, je me serais ennuyée, mais ici, jamais. L'atmosphère est oppressante, sans jamais l'être trop et la construction du récit est intelligente. Si la première partie concerne le récit vu aux travers des yeux de Wren, les parties suivantes seront pour les récits de sa mère, Ruby et de sa meilleure amie, Ivy, avant de passer à Flynn, le moonshiner (il distille de l'alcool).

Ces différentes trames temporelles apportent un éclairage intéressant sur le récit, nous apporte des réponses sur le pourquoi ses deux femmes sont restées sur ces collines boisées, sur leur vie d'avant et d'après, leurs rêves…

Un roman puissant, sans pathos aucun, avec des personnages tout en nuance, désespérés, perdus, cherchant leur voie dans cette "Rust Belt" qui ne fait de cadeau à personne et n'offre pas du travail à tous. Alors on boit pour oublier, parce que c'est plus simple de se laisser porter par la vie, que d'être acteur de la sienne.

Un roman noir porté par une belle écriture, simple, sans fioritures, trempée dans une encre très sombre, décrivant ces vies fracassées, cette Nature imposante, cette société où le fait de naître femme vous condamne déjà à être ce les hommes voudront que vous soyez et ne vous laissera aucune opportunité de changer de vie (à moins qu'une bite ne vous pousse).

Une histoire ancrée dans un réalisme qui fait frissonner, car nous avons beau être dans une fiction, elle n'est guère éloignée de la réalité.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Un premier roman qui aborde la condition des femmes et l'abandon d'une région.
Cela se déroule dans les Appalaches. C'est une histoire de pauvreté, de désolation, d'alcool, d'emprise et de violence.
C'est aussi l'histoire d'une amitié qui brave tout.
Il y a beaucoup de noirceur dans ce récit.
Il est néanmoins difficile de s'attacher aux personnages.
Les paysages sont poétiquement décrits.
L'écriture est sombre et pesante.
Un réussite pour une première.
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Je suis beaucoup plus mitigé sur ce récit que les avis précédemment mentionné, nous sommes ici dans un roman noir ce n'est pas mon genre favori, avec une ambiance glauque et poisseuse de l'Amérique profonde des moonshiners.

J'ai eu beaucoup de mal avec l'ensemble des personnages et surtout le père de Wren prêcheur qui a une cabane aux serpents et qui passe sa vie dedans tout en étant constamment imbibé d'alcool à longueur de journée.

Nous suivons aussi d'autres personnages féminin que sont ceux d'Ivy et Ruby qui vient également à proximité de chez Wren et dont la vie est tout autant difficiles pour elles.

Beaucoup y ont vu un roman d'émancipation des femmes dans ce récit mais je n'ai pas du tout eu ce ressenti à aucun moment de mon côté, voir même j'ai eu le ressenti contraire.

Un récit court mais qui m'a paru interminable, dans la veine de ce qui marche actuellement.





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Dans la même veine que Betty, ce roman raconte les femmes des Appalaches, leur force muselée, leur corps et leur coeur au service des hommes là où leur âme voudraient s'évader. le père de Wren est un prêcheur dangereux aux paroles plus étincelantes que les écailles des serpents qu'il manie pour ravir les foules et se rapprocher de Dieu. de la même manière, il est parvenu à capturer Ruby, son épouse, et Wren, à les hypnotiser, jusqu'à ce que les secrets enflent et éclatent... (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/03/03/les-femmes-nont-pas-dhistoire-amy-jo-burns/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Dans les montagnes de la Virginie-Occidentale, les hommes distillent encore leur whisky, poison presque moins nocif que les eaux polluées par les mines de charbon, et les femmes passent de leur père à leur mari. « J'ai pas tellement d'occasions de boire, mais j'ai un tas de raisons de le faire. » (p. 134) Wren, la fille du prédicateur et manipulateur de serpents, veut échapper à cette vie, lire des livres et voir au-delà de sa maison cachée dans les bois. Quand son père réalise un miracle en sauvant une femme du feu, tout se précipite et plus rien ne sera comme avant. « Son accident avait ouvert en grand mon monde désert. Il m'avait rendue téméraire. Vivante. »(p. 52) le récit explore alors l'amitié indéfectible de Ruby et Ivy, résolue à ne pas subir le destin de leurs mères dans cette région perdue. « Les hommes de la montagne tenaient la barre de leur propre histoire, et les femmes leur tenaient lieu de rames. » (p. 12) Des secrets lovés dans le passé se déploient soudainement et les crocs de la vengeance ont des conséquences terribles sur les vivants.

Entre Betty et My Absolute Darling, ce roman dresse le portrait d'une jeune femme qui combat son destin en l'embrassant pleinement. « Nous, les femmes, on est pas aussi libres que vous de faire ce qui nous chante. Pour vous autres, ça va tellement de soi que ça m'écoeure. » (p. 12) La relation profonde entre Ruby et Ivy est l'illustration même de la sororité : chacune sait les frayeurs de l'autre, ses fautes et ses failles, mais reste loyale en dépit de tout. « Dans un monde d'hommes méchants, nous nous sommes battues pour être bonnes l'une envers l'autre. » (p. 154) L'histoire est racontée par Wren, adolescente à un point de bascule. Son propos est sincère, sans concession et généreux : tous les protagonistes seront cités, même les moins glorieux, même les plus honteux. En se délestant de son récit, Wren se donne la chance de poursuivre sa vie. « La vérité s'aigrit si elle s'attarde trop longtemps dans nos bouches. Les histoires, comme les bouteilles de moonshine, sont faites pour être distribuées. » (p. 10)

Je tiens sans doute là mon premier coup de coeur de l'année. La plume est forte et très évocatrice. « Par-delà ces collines, les miens sont connus pour le mordant de leur gnôle et la pauvreté de leur coeur. » (p. 8) Et, surtout, les personnages féminins sont puissants, inoubliables.
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Lorsque j'ai commencé ce roman qui se situe dans les Appalaches, dans un petit village de montagne très pauvre, je me suis demandée à quelle époque se passait l'histoire. J'aurais dit 19 ème siècle à cause des vêtements portés par les femmes et de la pauvreté, de la mentalité des hommes. mais non, cela se passe de nos jours. Wren est la fille d'un prêcheur qui manipule les serpents et aurait le pouvoir de guérir les gens et de Ruby, femme au foyer. Elle a 15 ans et n'aspire qu'à découvrir le monde situé au-delà des montagnes. Sa vie est rude, la vie des femmes en général puisqu'elles sont vouées à rester auprès d'hommes qu'elles n'aiment pas ou plus et ne savent rien faire elles-mêmes pour gagner leur vie.
C'est un roman éprouvant. le sujet principal est l'amitié très forte entre Ruby (mère de Wren) et Ivy, son amie d'enfance. Des secrets et des histoires nous seront révélés au fil du roman. C'est noir, violent, assez désespérant. Mais fort.
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