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sur 1521 notes
Amsterdam, automne 1686. Nella, 18 ans, tout juste arrivée de son petit village, frappe à la porte de ce qui sera sa nouvelle demeure. Mariée quelques mois auparavant, elle rejoint enfin son époux, Johannes Brandt, un riche marchand de la place. Mais ce jour-là, submergé de travail, il n'est pas présent pour accueillir sa jeune épouse. C'est Marin, la soeur de Johannes restée célibataire, et les deux serviteurs, Otto et Cornelia, qui reçoivent Nella. Froidement. Très froidement. Plus tard dans la journée, la jeune femme verra son époux, et les jours suivants aussi, mais toujours en coup de vent, et sans que le mariage soit jamais consommé. En cadeau de mariage, et peut-être pour occuper la jeune femme désoeuvrée, il lui offre une maison de poupée, à l'image de leur propre demeure, à charge pour Nella de la meubler à sa guise. Celle-ci écrit à un miniaturiste et lui passe une commande. Les objets qu'elle reçoit sont troublants de réalisme, jusque dans les détails les plus infimes. Puis d'autres objets sont envoyés à Nella, sans qu'elle les ait sollicités. Des objets fascinants, qui semblent porter de mystérieux messages et d'obscurs présages.

Après un début laborieux, j'ai fini par entrer dans le roman pour ne plus le lâcher et savoir comment l'histoire allait se terminer. J'en ressors perplexe. Quel est donc le message de l'auteure ? A-t-elle voulu écrire une histoire féministe, dont l'une des héroïnes, croyant que le mariage va l'élever dans sa condition, s'oppose à l'autre, qui au contraire voit le mariage comme un frein à sa liberté ? le rôle de l'insaisissable miniaturiste m'a semblé très flou, tantôt positif, tantôt négatif, tantôt libérateur tantôt oppressant. J'ai eu l'impression bizarre que cette partie de l'histoire, pourtant le sujet principal, était artificielle et superflue, et ne servait qu'à donner une aura fantastique à l'ensemble, que j'ai trouvée inaboutie. L'auteure réussit un peu mieux le portrait d'Amsterdam l'opiniâtre, fondée sur un marécage, toujours en sursis, ainsi que le mélange entre puritanisme et les péchés capitaux que sont la luxure et l'avarice, la course à l'argent, l'hypocrisie des apparences, le racisme, bref une atmosphère mesquine et conservatrice, malsaine, dans laquelle les esprits modernes ont bien du mal à ne pas suffoquer.

Une histoire tragique et fantastique donc, mais nébuleuse et restant à la surface des choses, qui se traîne en longueurs et langueurs, répétitive et peu fluide. Une déception.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Aujourd'hui, la charmante capitale des Pays-Bas incarne la tolérance, la mixité et la liberté. Au moins pour les touristes.
En 1686, Amsterdam est une ville austère - opulente et ouverte au commerce, certes, mais verrouillée par des principes sociaux et religieux rigoureux et castrateurs.

Lorsque Nella Oortman quitte son village de province à dix-huit ans pour épouser Johannes, un riche marchand, elle ne s'attend pas à être accueillie aussi froidement. Quels secrets cachent son mari, sa belle-soeur, les domestiques, les voisins ? Pourquoi cette maison de poupée en guise de cadeau de mariage, comme si elle devait se contenter de jouer comme une enfant à la vie de femme, de mère et de maîtresse des lieux qu'on lui refuse ? D'où viennent les objets et figurines, étonnamment ressemblants, qu'elle reçoit pour peupler cet univers parallèle miniature ?

Beaucoup de mystères dans ce roman à la fois riche et étouffant. On devine certaines clefs, on en découvre d'autres, mais il reste des questions en suspens à la fin.
Il est excellemment écrit, l'atmosphère est troublante à souhait, les miniatures fascinent, questionnent, et font penser à nos modes de vie actuels par procuration (la télé, internet) et aux accompagnements auxquels on peut avoir recours pour tracer sa route, affronter ses difficultés (l'artiste-miniaturiste comme coach, psychothérapeute ?).
Je me suis émerveillée du contenu, des idées, des messages, mais je me suis surtout ennuyée, trouvant l'intrigue beaucoup trop lente...

• En tête tout au long de ma lecture : « Play-mo-bil, en avant les histoires... ♪♫ » - j'adore les Playmo et les détails dans les petits accessoires ! ♥

- pour voir la maison : http://canelkili.canalblog.com/archives/2017/06/04/35328780.html
Lien : http://canelkili.canalblog.c..
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Un roman profondément original, envoûtant et magnifiquement écrit...

On est en 1686, la jeune Nella Oortman a dix-huit ans et frappe à la porte de sa future maison.
Elle vient de quitter sa campagne, où sa mère devenue veuve, vient de la marier à un riche marchand d' Amsterdam qui a le double de son age . Ils ne se sont vus , tout au plus, que deux fois...
Son mari est absent pour affaires, seuls sont présents , sa belle-soeur célibataire ( Marin) , une jeune domestique Cornelia (orpheline) , et un ancien esclave, "acheté " et libéré par le mari de Petronella, Johannes. L'accueil est glacial...
Lorsque son mari revient, il ne semble pas s'intéresser à elle , mais lui offre en guise de cadeau de mariage, une maison de poupée , en tout point identique à leur propre maison. Peu à peu , l'artisan miniaturiste prend une immense place dans la vie de Nella, car ses cadeaux s'avèrent coller au plus prés à l'actualité de Nella...

Pour écrire ce premier roman, l'auteur s'est inspirée d'une magnifique maison de poupée vue dans un musée à Amsterdam, appartenant à une certaine Nella Oortman, et à partir de là, son imagination s'est emballée... Et quelle imagination !
C'est ce qui fait tout le charme de ce roman, pleins de contrastes . Cet Amsterdam de la fin du dix-septième siècle, coincé entre ses richesses que les marchands ont envie d'étaler à la vue de tous, et la profonde bigoterie qui tient les gens prisonniers dans leur propre corps , dans leurs maisons, la peur de la dénonciation, du voisin...La puissance de l'église et la profonde méchanceté de ceux qui prétendent agir en son nom...
Dés le départ , le ton est donné. Nella débarque dans une maison riche mais sombre : la lumière du soleil est avare aux Pays-Bas , les vitres sont opaques , les bougies à la cire d'abeille sont sorties pour les grandes occasions, les autres éclairent mal. Et les membres de la maison surgissent de l'obscurité, tels des acteurs de théâtre, tels des poupées dans une maison de poupée...Nella a peur, a toujours l'impression d'être observée.
[ "Ce n'est pas un homme qu'elle a épousé, mais un monde - argentiers, belle-soeur, curieuses relations, une maison dans laquelle elle se sent perdue, une autre plus réduite qui l'effraie. Bien qu'à l'évidence, beaucoup lui soit offert, Nella a au contraire l'impression qu'on lui retire quelque chose" .]
A commencer par un mari, qui se refuse à elle et qui lui offre une maison de poupée, comme si, jeune mariée de dix-huit ans, elle n'était encore qu'une enfant....
[" On dit à Nella que c'était bien qu'elle quitte Assendelft (...), mais cela n'endigue pas la déception qui l'inonde à cet instant, assise près de son lit nuptial vide, à Amsterdam, comme une infirmière prés d'un malade. A quoi cela servait-il qu'elle soit là si son mari ne pouvait même pas l'accueillir convenablement ? "].
Frustration, isolement, incompréhension, solitude morale sont le lot quotidien de cette nouvelle vie . A cela va s'ajouter , la peur. Une peur qu'elle cachera , car elle concernera son cadeau, sa maison de poupée, son seul bien dans cette maison qui lui est hostile, et que pour l'instant elle ne sent pas sienne... "The "miniaturiste semble tout savoir de cette maison alors qu'il n'y a jamais mis les pieds, de la composition de la maison, aux meubles, en passant par les marchandises de Johannes... "The "miniaturiste prévoit ce qui va arriver ... des taches apparaissent et disparaissent sur les poupées. Nella veut savoir, Nella veut comprendre .
Et si le roman prend une dimension de conte fantastique et magique avec cette histoire de miniaturiste mystérieux, il n'est pas que ça. Pleins d'autres histoires le traversent , dont certaines sur des problématiques plus "actuelles" .
Un roman , donc, très riche et foisonnant, qui possède cette ambiance de clair-obscur si chère aux peintres flamands, magnifiquement écrit. Un roman qui se "voit" aussi , à commencer par cette magnifique photo sur la couverture qui interpelle par son étrangeté, jusqu'à la photo de la véritable maison de poupées de Nella Oortman, en première page, comme un hommage. Et bien que l'auteur nous prévienne qu' à partir de là, tout est le fruit de son imagination, on ne peut ,en refermant ce livre, que se demander , tel un certain M Levy : " Et si c'était vrai"...
PS : Je suis restée pour ma part, après la dernière page lue, un certain temps, les yeux dans le vague, encore dans le roman, avant de "redescendre" du Miniaturiste et de reprendre ma vraie vie ...

Challenge mauvais genres.

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Fin du XVIIeme siècle aux Pays-Bas. Nella Oortman, dix-huit ans, débarque à Amsterdam pour rejoindre son mari, récemment épousé. C'est une toute autre vie qu'elle découvre, largement différente de celle qu'elle avait dans son village aux côtés de sa mère, frère et soeur. Quand son mari lui offre une maison de poupées, elle s'investit totalement dedans alors que son mari est en perpétuel voyage...
J'ai beaucoup aimé ce livre qui est un mélange de portrait de femme, roman historique et fantastique. Nella est particulièrement jeune pour une épouse (dans les standards de l'époque sans doute) et est un peu maladroite dans ses premiers contacts. Pourtant, elle prend de l'assurance, petit à petit. J'ai aimé les différents personnages, mystérieux au premier abord mais on apprend à les connaitre. Plusieurs histoires se croisent, les histoires de commerce de Johannes Brandt, les figurines de la maison de poupée... sur lesquelles reposent vie des Amsterdamois de l'époque.
J'ai appris que Nella Oortman a réellement existé mais il y a peu d'informations sur la vraie, qui semble avoir eu une vie légèrement différente de celle du roman de Jessie Burton. Un livre très agréablement à lire, je n'ai pas trouvé de longueurs à celui-ci et la touche de fantastique donne un peu de peps au livre.
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J'avais apprécié " Les secrets de ma mère" et encore plus " Les filles au lion", je vais un peu à contre-courant en découvrant enfin le premier roman de Jessie Burton, qui a eu beaucoup de succès. Auprès de moi aussi, je l'avoue!

Je ne suis pourtant pas très attirée par les romans historiques, mais je me suis complètement fondue dans la population de cette Amsterdam florissante du 17 ème siècle. Fabuleux don de l'auteur de nous transporter dans le temps , et grand travail de recherche, pour rendre aussi bien l'atmosphère de cette ville et l'époque. Et une écriture sensuelle, des dialogues énigmatiques.

Une toute jeune femme, Nella, sera le personnage principal de cette étrange histoire, inspirée à l'auteure par une véritable maison miniature exposée au Rijskmuseum . J'y suis allée mais ne me souviens pas l'y avoir vue...

Nella vient d'épouser un riche négociant de la ville, Johannes Brandt , mais leur relation distante la froisse. Son mari lui offre cette version miniature de leur habitation, et une mystérieuse femme aux cheveux clairs lui envoie des éléments symboliques pour remplir ce " jouet", cette " distraction"...Les autres protagonistes de cette histoire envoûtante sont originaux, difficiles à cerner.

Bien des secrets seront révélés , bien des masques tomberont; néanmoins, comme d'autres lecteurs, j'ai été un peu déçue par les révélations concernant la fameuse miniaturiste.

Peu importe! J'ai adoré marcher frileusement le long des canaux, dans cet hiver amstellodamois, où les eaux sont de glace, de même que les règles rigides des dévots, où les florins s'échangent contre du sucre. J'ai aimé me régaler par procuration de ces olie-koecken, beignets aux épices et aux pommes. Une immersion troublante et délicieuse ! Un livre atypique et addictif!
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Quel étrange roman que celui-ci. Nella Oortman rejoint son mari, Johannes Brandt, riche marchand, à Amsterdam.

Elle est accueillie par sa belle-soeur, assez froide, et par deux domestiques, Cornelia et Otto qui est noir. Quant à son mari, il l'évite un maximum.

Arrivera-t-elle à se faire aimer par Johannes ? Et sa belle-soeur, quels secrets cache-t-elle ?

Quelque temps après son arrivée, Johannes, lui offre une maison en miniature, qui ressemble en tout point à celle qu'ils habitent. Mais elle est vide. Elle fait appel à un miniaturiste pour la meubler. Mais cela suffira-t-il à Nella ?

Et si on était loin de la vérité ? Et que tout ce à quoi l'on pensait était en dessous de tout ce que l'on peut imaginer ? Quel rôle joue le miniaturiste au sein de cette ville ? Ville qui a peur de perdre de sa superbe et surtout ses richesses ? Organisée, structurée, en cette année 1686, en sorte que les voisins espionnent les voisins ?

Ficelé comme un thriller, captivant, vous ne le lâcherez pas avant la fin.
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Nella n'est âgée que de 18 ans à peine quand elle arrive à Amsterdam, découvrir son nouveau foyer et apprendre à vivre avec son mari, Johannes. Ce dernier est un riche marchand, qu'elle n'a pu apercevoir qu'une fois, le jour de leur mariage. Alors qu'elle attend sur le seuil de cette nouvelle demeure, il est absent. C'est donc accueillie par sa belle-soeur, Marin, une femme froide et mystérieuse, des deux serviteurs Cornelia et Otto, que Nella comprend toutes les difficultés qu'elle devra affronter pour se faire sa place. Aider d'une étrange miniaturiste, la jeune épouse va au devant de son destin, passant de chagrins en sourires, s'accrochant à l'amour et à la vie...
Même si l'histoire et les personnages ne prennent réellement forme qu'au bout de 200 pages, c'est un roman très bien construit et qui possède ensuite un rythme plutôt soutenu. L'écriture rend pleinement l'atmosphère de l'époque et les secrets donnent du relief aux liens qui unissent les personnages. Un très belle lecture et un beau portrait de femme...
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Amsterdam au 17ème siècle est une ville prospère.
Lieu d'échange de la plupart des marchandises qui transitent dans le monde et place financière très active, elle vit son "âge d'or".
Mais Amsterdam, à cette époque, c'est aussi un esprit puritain peu enclin à la tolérance, une ville ou le pendule oscille entre Dieu et florins.
Fraîchement débarquée d'Assendelft, petit bourg campagnard, Petronella vient rejoindre Johannes Brandt qu'elle a épousé quelques mois plus tôt et qui fait commerce sur le Herengracht.
Elle est reçue froidement par sa belle-soeur Marin ainsi que par Cornelia et Otto, tout deux au service de la maisonnée.
Délaissée par son mari, la jeune femme trouve refuge dans le cadeau pour le moins original que lui fait celui-ci, une maison de poupée en tout point semblable à leur propre maison.
Elle entreprend de la meubler à l'aide de petits objets qu'elle commande à une miniaturiste de la ville.
Face aux évènements tragiques qui s'abattent sur la famille, Nella s'interroge sur le rôle prémonitoire de ces objets qui semblent de funestes présages.

Roman historique un brin mystérieux, Miniaturiste nous plonge dans la vie trépidante d'une ville portuaire dont le puritanisme des habitants semble être le garant de leur perennité.
Comme si la lutte constante qu'ils mènent contre les flots ne pouvait être remportée qu'au prix de la rigueur de leur foi et de leur ardeur au travail.
Une société dans laquelle la femme n'a que peu de place et aucune légitimité.

J'ai rarement lu des romans historiques se passant dans Les Provinces Unies des Pays-Bas et je dois dire que ce fut un plaisir d'imaginer tous ces personnages déambulant le long des canaux et des maisons à pignon en gradin.
Un plaisir de lecture en dents de scie, le récit tirant parfois un peu en longueur, mais avec des moments très forts, telle la relation de l'accouchement de...( je ne dévoilerai pas qui..) que j'ai lu en apnée, à la fois horrifiée et fascinée.
Un livre qui se démarque assûrément par sa singularité.
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Fin du dix-septième siècle, Amsterdam est la capitale mondiale du commerce et de la finance. Au coeur de cette cité à l'apogée de sa puissance, où la population est mise en coupe réglée par un calvinisme puritain implacable, Jessie Burton, jeune néo-romancière britannique, place une fiction imaginative à la limite du fantastique... Et je ne jurerais pas que cette limite ne soit pas par instant franchie.

En ouverture du livre, une scène de conclusion funèbre préfigure l'opacité trouble des événements du récit. On pourrait pourtant croire à une histoire banale. Johannes Brandt, riche homme d'affaires d'âge mur, célibataire endurci ayant enfin décidé de prendre épouse, a jeté son dévolu sur une jeune fille issue d'une famille modeste de province. C'est ainsi que Petronella – Nella pour les intimes – s'installe dans la maison de sa nouvelle famille, au bord de l'Herengracht, le canal des Seigneurs. Une somptueuse demeure régentée avec autorité par Marin, la soeur de Johannes, une femme belle, imposante, sévère, restée elle aussi célibataire.

Nella ne voit jamais son mari. Jamais ! Les affaires de Johannes – qu'on qualifierait aujourd'hui d'import-export – semblent le contraindre à de nombreux voyages et, entre deux, lui imposer une charge de travail incessante, dans son bureau ou en réunion à la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales, dont les bateaux sillonnent les mers par centaines.

« … Vois sur ces canaux / Dormir ces vaisseaux / Dont l'humeur est vagabonde ; / C'est pour assouvir / Ton moindre désir / Qu'ils viennent du bout du monde… »

Dans la maison, Nella découvre une atmosphère étrange, pesante, étouffante. Frôlements de tentures, d'étoffes, de draperies. Bruissements ou craquements de matières riches, soie, velours, bois précieux. Propagation d'odeurs insistantes, les unes agréables, d'autres incommodantes.

« … Des meubles luisants / Polis par les ans / Décoreraient notre chambre ; / Les plus rares fleurs / Mêlant leurs odeurs / Aux vagues senteurs de l'ambre, / Les riches plafonds, / Les miroirs profonds, / La splendeur orientale, / Tout y parlerait / A l'âme en secret / Sa douce langue natale... »

Dans la grande bourgeoisie amstellodamoise, Johannes et Marin tiennent le haut du pavé. Craints, respectés et admirés, ils cachent toutefois de lourds secrets, dont la révélation pourrait compromettre leur position. Car la stricte morale calviniste qui régit les âmes locales se veut un acte collectif de rédemption ne souffrant pas d'exception. Une sorte de contrat tacite avec Dieu : en échange de piété et de vertu, il garantirait la prospérité de la cité et la protègerait d'une montée des eaux qui la submergerait. Chacun surveille donc son voisin et n'hésite pas à dénoncer les comportements déviants.

A son arrivée à Amsterdam, Nella s'est vu offrir par Johannes un étrange cadeau ; une reproduction à échelle réduite de leur demeure. Une sorte de maison de poupée, un chef d'oeuvre de miniaturisation, reconstituant fidèlement tous les aménagements intérieurs. A l'initiative de Nella – qui s'interroge sur le sens de ce cadeau –, s'ajoutent des figurines à l'image des personnages du roman. Figurines et personnages semblent inexplicablement assujettis. Quelle est la nature du mystérieux miniaturiste sollicité par Nella ? Témoin ou prophète, démiurge ou devin ?

En dépit de longueurs dans la narration et de lenteurs dans l'action, je suis resté accroché à la lecture de Miniaturiste. A la fin du livre, on ne sort pas de la confusion engendrée par des indices contradictoires et des discours fumeux. En fait, il faut accompagner l'auteure dans son voyage dans le temps, ne pas chercher à interpréter les choses en s'appuyant sur notre rationalité et notre bon sens d'aujourd'hui. Les lumières de Descartes et de Spinoza n'avaient pas encore rayonné sur les esprits, profondément cupides et bigots, qui s'accommodaient mieux des clair-obscur de Rembrandt, où pouvaient se dissoudre secrets et ambiguïtés.

Seule Nella semble capable de s'élever. Mais prisonnière de son temps, elle ne comprend pas tout. Est-ce un problème ? A la différence d'aujourd'hui, l'on savait à l'époque qu'on ne pouvait tout comprendre. On l'acceptait.

Etonnant de voir comme Amsterdam a évolué ! Que reste-t-il du moralisme étroit de l'ancienne oligarchie calviniste, dans l'Amsterdam chantée par Jacques Brel ou dans l'image libertaire et bobo affichée aujourd'hui par la cité ?

J'ai pensé que Baudelaire, lui aussi, avait vu Amsterdam : « Là tout n'est qu'ordre et beauté / Luxe, calme et volupté… » Pour la volupté, on repassera !...

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Véritable coup de coeur pour ce roman! Je me suis totalement laissée emportée par cette histoire qui se déroule à Amsterdam fin du XVII siècle. Nella arrive avec ses 18 ans et son perroquet dans la demeure de Johannes Brandt, son tout nouvel époux, riche marchand de la ville qu'elle ne connaît pas. Il n'est pas là pour l'accueillir et l'ambiance n'est pas ce qu'elle en attendait. Elle va faire progressivement connaissance avec les habitants de cette maison: Marin, sa belle soeur, Otto le serviteur noir ( véritable phénomène à cette époque), Cornelia la servante et les deux chiennes de son mari.La nuit de noce ne sera pas "consommée" ni les suivantes. Johannes lui assure qu'il ne lui fera jamais de mal et lui offre un "cabinet": maison miniature reproduisant la leur. Ainsi,"elle pourra se distraire ". le lien qui va se tisser entre toutes ces personnes , la reception enigmatique de miniatures pour peupler la maison de poupée, les activités secrètes de Johannes sont décrits dans une athmosphère très particulière qui m'a tenu en haleine de la première à la dernière page. J'ai découvert avec gourmandise les délicieuses pâtisseries hollandaises confectionnées par Cornélia, mais aussi la rigidité et la fermeture d'esprit des guildes et du prédicateur de la ville, l'importance du commerce pour la notoriété d'Amsterdam. J'ai beaucoup aimé les portraits de ces femmes fortes dont la sensibilité doit demeurée cachée pour ne pas devenir danger et été touchée également par la beauté équivoque de Johannes, personnage captivant et troublant. Réellement un super moment de lecture .Je recommande vivement ce livre à ceux qui ne l'ont pas encore lu!
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