Dans ce polar de
Michel Bussi sorti l'année dernière aux éditions
Presses de la Cité, on suit la commandante Marianne Augresse, 39 ans, qui piétine avec son équipe sur une enquête : un braquage à Deauville, deux complices en fuite et un magot de plusieurs millions d'euros volatilisé. Tandis qu'elle reste à l'affût de la seule piste dont elle dispose, elle rencontre Vasile Dragonman, psychologue scolaire, qui lui demande de l'aide. En effet, Malone, un petit garçon de 3 ans qu'il suit, affirme que ses parents ne sont pas ses vrais parents. Il parle de château à quatre tours, de fusée et de bateau pirate coupé en deux, des éléments étranges de sa vie d'avant. Par instinct ou intuition, Vasile le croit. Il doit agir avant que ses souvenirs disparaissent :
"(...) ce gamin s'accroche à des bouts de souvenirs pour me soutenir que sa mère n'est pas la sienne. Mais dans quelques jours, dans quelques semaines peut-être, aussi sûrement que ce gamin va vieillir, apprendre de nouvelles choses, (...), ses souvenirs plus anciens s'effaceront. Et cette autre mère dont il se rappelle aujourd'hui, cette vie d'avant dont il me parle chaque fois que je le vois, n'aura tout simplement jamais existé pour lui !" (page 39).
A la lecture des premières pages, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire. En effet, je ne comprenais pas vraiment l'intérêt de l'enquête sur le braquage. Je voulais en savoir plus sur l'histoire du petit Malone. Et franchement, les policiers dont Marianne, me faisaient penser aux personnages de la série policière du jeudi soir sur TF1... Pas foncièrement mauvais mais caricaturaux.
Heureusement, au fil des pages, l'intrigue s'étoffe, les rebondissements s'enchaînent, les personnages se dévoilent un peu plus.
Les personnages, justement, sont attachants. Marianne, à la tête d'une équipe composée d'hommes uniquement, a une forte personnalité et n'a pas froid aux yeux. Cependant, elle se révèle aussi sensible. Célibataire à l'aube de la quarantaine, elle rêve de trouver l'homme idéal et d'avoir un enfant, avant qu'il ne soit trop tard.
Malone, petit bonhomme de 3 ans, est adorable, on a envie de le protéger !
L'histoire d'Amanda, la mère de Malone, est touchante. On voit qu'elle est prête à tout pour protéger son fils. L'amour qu'elle lui porte est sans limite.
Enfin, Angélique a également un passé trouble et bouleversant.
Je ne veux pas dévoiler leurs histoires bien entendu, mais en tout cas, ces personnages ne laissent pas indifférents.
Des contes, retranscrits en italique, sont insérés dans plusieurs chapitres consacrés au petit Malone. Ils sont excellents et très bien menés. Bien entendu, une morale clôt chaque conte :
"(...) les vrais trésors ne sont pas ceux qu'on cherche toute sa vie, ils sont cachés près de nous depuis toujours. Si on les plante un jour, si on les cultive et on les arrose tous les soirs, en oubliant même pourquoi à la fin, ils fleuriront un beau matin alors qu'on ne les espérait plus" (page 45).
L'auteur a un véritable talent de conteur. Des éléments, des personnages de ces contes se révèlent être soit des indices sérieux, soit des fausses pistes. C'est déroutant et en même temps amusant. On pense à une ou plusieurs vérités, et qui sont aussitôt dans la seconde, balayées par une autre probabilité.
Le style est simple, un peu abrupte, un peu saccadé parfois.
Michel Bussi est adepte des phrases courtes, hachées, des retours à la ligne, des phrases averbales. On est dans l'instantané, un peu comme dans un film policier. La lecture est très agréable.
Les chapitres sont courts et les points de vue diffèrent parfois dans un même chapitre. J'aime bien ce procédé, ça change du plan typique un chapitre/un personnage. Je trouve cela plus vivant. Ce système nous oblige à se concentrer un peu car il y a beaucoup de personnages. Mais les points de vue alternés restent relativement simples à suivre.
En conclusion, "
Maman a tort" est un polar réussi. Tout y est : le suspense, les rebondissements, les fausses pistes. Les contes apportent une touche d'originalité au genre. Les personnages sont attachants, leurs blessures nous touchent. L'auteur fait, avec ce roman, l'éloge de l'amour maternel. En effet, l'amour d'une mère est plus fort que tout.
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