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L'histoire d'Alt-Life est comme un territoire inconnu. On entre dedans sans trop pouvoir savoir où on va tellement elle est foisonnante. C'est très bien comme ça d'ailleurs, car cette découverte page à page nous amène à mieux comprendre tout ce qui résonne en nous dans l'aventure de ces deux personnages qui évoluent dans un futur presque possible. de la SF proche on pourrait dire.
Ce qu'on voit ce sont des rêves d'humains, c'est ce qu'est, ou ce que peut être notre imagination, c'est notre rapport avec notre corps, c'est notre rapport avec l'image qu'on projette de nous, avec nos vies numériques... Bref Alt-Life est une réflexion ambitieuse de nos préoccupations collectives actuelles, de nos peurs aussi. Et elle fait du bien, un peu comme dans une thérapie de groupe on en sort en se sentant soulagé, même sans trop savoir expliquer pourquoi.
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Des dessins très colorés qui à travers l'ouvrage nous transportent dans de nombreux univers très variés. René et Josiane sont les deux premiers individus à laisser leur corps matériel derrière eux pour que leur conscience entre dans un monde artificiel dont ils deviennent progressivement maîtres. Leur rôle est d'explorer ce milieu avant que l'humanité entière n'entame cette transition. le roman graphique aborde des notions tel que, le consentement dans ce monde virtuel où tout est possible, la séparation du corps et de l'esprit, le désir sexuel (ainsi que son absence), la relation au corps… Un élément intéressant sont les deux typographies employées pour différencier les bulles de texte. J'ai particulièrement appréciée le rendu visuel de l'univers marin de René.
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Petit coup de coeur pour cette BD qui pose une réflexion sur l'avenir de notre planète. le virtuel est-il ce qui nous sauvera finalement de l'extinction ? Comment arriverons nous à nous adapter à cette forme de vie qui n'a finalement plus grand chose avoir avec notre condition actuelle ?

On se laisse entraîner dès les premières pages, d'autant que les illustrations sont superbes, colorées, fantasques et lumineuses. J'ai adoré.
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Cette bande dessinée, très riche en couleurs, évoque un monde virtuel que vont découvrir un homme et une femme, sortes d'Adam et Eve du futur, monde dans lequel ils côtoieront des êtres virtuels, avec un pouvoir infini de modifications des situations, des choses et même des corps, y compris le leur.

A partir de là un peu plus de 180 pages de fantasmes divers parmi lesquels, inévitablement, le sexe prédomine, la femme paraissant d'ailleurs beaucoup plus passionnée que l'homme, leurs relations sentimentales prenant quelquefois le pas sur l'aspect purement sexuel.

Cette histoire offre l'opportunité d'une réflexion métaphysique, à partir d'un univers onirique, sur le sens de l'existence, la souffrance, la physiologie et même la mort.

Les dessins très réussis sont suffisamment suggestifs pour que le lecteur embarque avec ses propres rêves ou fantasmes dans ce voyage sans fin qui paraît idyllique, mais présente finalement des risques pas seulement psychologiques.
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Deux jeunes gens des années 2050/2060, Josiane et René, sont les cobayes volontaires d'une expérience révolutionnaire pour l'humanité. Dans un monde devenu invivable, probablement à cause de la pollution atmosphérique, un projet d'immersion totale en réalité virtuelle et augmentée doit, à terme, faire quitter aux hommes leurs enveloppes charnelles. Tels les pionniers d'une aventure grandiose, Josiane et René sont chargés de tester les possibilités de cette réalité nouvelle. Leurs réactions, étudiées, doivent permettre de mieux appréhender ce changement complet dans la manière dont se conçoit l'humanité. Appuyé par un graphisme simple et efficace, Alt Life propose une réflexion sur le rapport au corps et le rapport à l'autre, lesquels induisent une réflexion sur le transhumanisme.

Le rapport au corps est d'abord un rapport au sexe. Certes, c'est bien le corps entier qui est parcouru de micro capteurs chargés de faire croire au cerveau que les sensations imaginées sont réelles. Mais toute la première - et majeure, et c'est là l'un des déséquilibres de ce roman graphique, puisque les autres parties apparaissent plus comme des appendices à la première que comme des parties à part entière - partie de la bande-dessinée montre Josiane et René aux prises avec leurs fantasmes sexuels, qu'ils satisfont ou non. C'est une constante : les deux jeunes gens ont des réactions diamétralement opposées. Tandis que Josiane explore son désir sans limites ni vergogne, assumant parfaitement l'irréalité physique de ce qu'elle vit, René, lui, perd pied dans un monde où tout est absolument possible, à condition d'oser le demander. Voilà un monde où il est loisible de demander à une femme de dévoiler sa poitrine, et où celle-ci s'exécute. Là où le désir féminin s'amorce de façon purement intellectuelle, le changement de paradigme ne pose pas de problème à Josiane ; mais le désir masculin, essentiellement physique, a du mal à s'affranchir d'une irréalité seulement sue. Car la perception, elle, est bien réelle. le rapport au corps embrasse bien sûr d'autres éléments. Dans la réalité augmentée, puisqu'on ne mange pas, le corps n'urine plus ni ne défèque ; il ne transpire plus non plus et, bien davantage, il ne souffre plus. du corps ne reste que l'image mentale. de fait, prisonniers d'étranges bulles flottantes, les corps de Josiane et de René, et bientôt ceux d'une grande partie de l'humanité, se révèlent inutiles. Ne demeurent actifs, comme dessinés sur la dernière planche, que le cerveau, le coeur et les poumons : le corps est réduit à ses fonctions vitales essentielles. Ces êtres littéralement désincarnés ne vivent que par l'esprit. de fait, ce nouveau rapport au corps physique induit une réflexion sur l'altérité : qui est l'autre s'il n'est pas un corps qui s'impose à moi physiquement, et auquel je ne peux m'imposer physiquement ?

Josiane et René sont les Eve et Adam d'un monde vierge. Ils l'habitent et le créent en même temps, et pourtant chacun habite et crée son propre monde. La nouvelle technologie ouvre un champ de possibles gigantesque. L'ubiquité, par exemple, n'est plus un don fantasmatique. Chacun peut mener une conversation sérieuse d'un côté et, de l'autre, expérimenter le base jump ou découvrir les Grandes Plaines du Midwest américain. Cette liberté nouvelle et absolue porte aussi le nom de solitude. René, plus que Josiane, en fait l'expérience. C'est aussi là l'un des déséquilibres de la bande-dessinée. le personnage de René est plus complexe et interroge bien plus son nouveau monde que ne le fait Josiane ; partant, celle-ci représente la réaction première et émerveillée que l'on imaginerait avoir soi-même. Si la liberté paraît absolue, la solitude l'est aussi. L'existence de lieux communs - figurés par des visuels connus, comme le restaurant ou les rues d'une ville - ne cache pas la disparition des liens sociaux et familiaux. Des programmes permettent de se cacher des personnes que l'on ne veut plus voir. Tout est possible, tout est accessible, les contraintes, physiques ou sociales, n'existent plus (ou presque). L'autre devient un objet : on l'appelle quand on le souhaite, on ne lui répond que si on le veut vraiment. Si l'objectivation des personnes est d'abord sexuelle - ainsi les premières scènes où Josiane et René découvrent leur nouveau monde -, elle est aussi sociale. On peut choisir de se promener dans un espace avec des personnes aléatoires - réelles ou inventées -, avec des personnes choisies ou seul. L'espace public n'existe plus. Seule existe la volonté individuelle. Alt Life, ou l'individualisme exacerbé. La réflexion peut être poussée plus avant. Dans un monde uniquement virtuel, il est légitime de se demander si l'autre existe encore, ou s'il n'est qu'une projection de l'esprit ou, pire, la projection sur notre esprit d'un programme artificiel, dans une sorte de mise en connexion d'esprits connectés non pas les uns aux autres, mais à un serveur informatique commun.

Sous des aspects de paradis virtuel, le monde présenté par Alt Life explore une possibilité transhumaniste inquiétante. Bien sûr, le champ des possibles s'ouvre pour chacun, qui peut alors exaucer ses souhaits. de la même façon, la virtualité du monde inclut une refonte totale des hiérarchies sociales, qui disparaissent. Sur l'une des planches, Josiane et René accueillent les premiers arrivants officiels dans le monde virtuel. Ils leur expliquent que leur position sociale dans le monde physique ne compte plus et qu'il convient, pour chacun et chacune, de se réaliser non plus en fonction des attentes sociales, mais des aspirations individuelles. Toutefois, face à ces avantages que présenterait le nouveau monde virtuel, plusieurs arguments en montrent aussi les dangers. le premier d'entre eux concerne le désir propre à chaque être humain. René l'éprouve lui-même : si tout est possible, le désir disparaît. Cela est vrai pour les relations sociales - ainsi les relations sexuelles - que pour les expériences matérielles. le deuxième argument vient des conditions d'accès à ce monde virtuel. Josiane et René, en tant que pionniers et cobayes, ont des possibilités illimitées, mais cela n'est pas le cas pour tout le monde. le mercantilisme s'invite aussi dans le transhumanisme, et les possibilités offertes dans le virtuel sont corrélées au prix qu'on a bien voulu mettre dans le monde physique. Et, dans un monde sans travail ni valeur, l'immobilisme apparaît comme un danger bien réel pour les moins favorisés.

Au-delà de considérations que l'on pourrait encore qualifier de matérialistes, c'est aussi une nouvelle conception philosophique de l'humanité qui s'impose dans cette Alt Life. Dans une sorte de revisite du mythe platonicien de la caverne, les sens sont bouleversés. Ce qui est perçu est-il réel ? Physiquement non, bien sûr, mais les expériences menées par les uns ou les autres - expériences sexuelles mais aussi aventures plus dangereuses, notamment dans la dernière partie du livre - détermine de façon réelle l'évolution psychologique des personnages. Les idées prennent le pas sur les choses, l'homme accomplit son destin de pure désincarnation. Partant, n'étant plus homme au sens animal du terme, l'être humain se rêve autre. Ainsi René, frustré de sa perte physique, crée d'autres mondes auxquels il impose les règles du monde physique. L'homme, maître de son propre univers, peut alors se faire démiurge, pour lui-même ou pour d'autres entités . Les auteurs annoncent ainsi le deuxième tome : transhumanité rime tant avec danger qu'avec divinité.
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Josiane et René sont de la génération 50/50 : à moitié dans le réel, à moitié dans le virtuel. Fuyant un monde à l'agonie, ils se portent volontaires pour la plus définitive des expériences : être les pionniers d'un nouveau monde, 100% virtuel, sans retour possible.

Un monde que leurs désirs façonnent et duquel ont disparu la douleur ou les besoins naturels. Cet univers où tout est possible (ou presque) va devenir l'aventure qui définira les contours de leur avenir et de celui de tous ceux qui choisiront de les rejoindre.



Déboussolant au premier abord par la thématique choisie et la façon dont elle est traitée et abordée – une longue réflexion sur le désir, sur la liberté débridée -, ce roman graphique apporte des réflexions intéressantes, une vision nouvelle sur les effets néfastes d'une disponibilité totale du monde (on pense aux théories d'Hartmut Rosa).

Étonnant et subjuguant du début à la fin, un point d'orgue magistral en conclusion, laissant la part belle à l'interprétation et à l'imagination. Faites ce que vous désirez de cette… dystopie?
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Un album assez étrange sur les mondes virtuelles façon Matrix. Cependant, on n'aura pas l'impression d'être dans de la pure science-fiction ou dans du cyberpunk.

C'est plutôt la part psychologique des deux personnages principaux qui va prendre le dessus à savoir un jeune homme René et une jeune fille Josiane. C'est en effet une bd portant sur la thématique des plaisirs du couple et la satisfaction des désirs sexuels.

Cette ballade sur le rapport à la réalité m'a paru à un moment donné un brin ennuyeuse. Par ailleurs, le graphisme est dans la ligne claire ce qui n'est pas trop mon dada. Mais bon, ces traits assez grossiers passent encore grâce à une étonnante diversité du décors.

Au final, une oeuvre assez singulière qui peut faire office de récit d'anticipation.
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Grâce à mon abonnement Izneo, j'explore le monde de la bande dessinée.

Dans Alt-Life de Thomas Cadène, il est question de réalité virtuelle.
Nous y suivons deux protagonistes, un homme et une femme, qui se sont portés volontaires pour être les pionniers d'un nouveau mode de vie, entièrement virtuel, censé sauver l'humanité d'un monde aux abois (l'intrigue se déroule dans les années 2030).

Avec un dessin chatoyant et onirique, l'auteur immerge le lecteur dans un univers où tout devient possible. Très vite, les personnages expérimentent, réalisent leurs fantasmes les plus fous (y compris et surtout sexuels).
Mais peut-on désirer ce qu'on crée de toute pièce ? Peut-on désirer sans altérité ? Se satisfaire du faux, de l'artificiel quand on a connu le vrai, l'humain ?

Une bande dessinée dans l'air du temps, entre Black Mirror et Westworld.
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Josiane et René...
Les pionniers d'un nouveau monde, Adam et Ève d'une sorte de paradis de tous les possibles, de tous les désirs, de tous les fantasmes.
Avant l'arrivée en masse des émigrants d'un nouveau genre, une femme et un homme explorent cette virtualité si réelle et tangible pressentie dans une trilogie de la fin du 20e siècle: Matrix.
Dans Alt-Life, ce sont les humains d'un monde atone qui vont partir pour un voyage sans retour. Pas de pillule à choisir! Juste un billet à prendre avec le forfait désiré.
L'aventure est séduisante, exaltante et inquiétante: Elle interroge le lecteur sur l'étrangeté d'un abandon de la condition biologique de l'être humain...
Sur une matérialité qu'il faut laisser, abandonner.
C'est le rêve permanent qui devient réalité: le continent virtuel et quasi-infini. Celui qui n'aura de limite que l'imagination.
Le livre est fascinant, parfois hypnotique, et je retournerai faire un tour dans ces pages, car j'ai le sentiment de n'en avoir pas fait le tour complet, du livre.
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Une BD très original, des dessins superbes.
J'aime également beaucoup le format un seul tome pour une BD. J'ai vraiment beaucoup apprécié découvrir cette histoire et à la fin on a qu'une envie c'est d'avoir une suite.
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