Gilles Caillot est un écrivain que je suis de près depuis que j'ai lu l'excellente quadrilogie « le cycle du mal ». Ce que j'aime chez cet auteur c'est le fait de partir sur une histoire qui parait simple à la base et d'en faire quelque chose de très brutal, par son écriture tranchante il sait embarquer mon coeur de lectrice, fan de romans bien noirs.
Cassant les codes de mes habituels thrillers, il instaure un climat particulier, déroutant, étouffant, glauque et macabre, il me tardait de découvrir ce qu'il nous réservait dans ce nouvel opus.
Il a l'art de raconter les histoires les plus sordides dans des descriptions qui frôlent l'innommable, mais c'est également ce qui le rend si addictif. Une fois l'histoire commencée on est saisi à la gorge et on ne peut plus s'en détacher !
Je trouve ce livre –ci légèrement différent de ses oeuvres précédentes. En effet, je le trouve plus en retenue dans les sévices infligés, dans le côté habituellement insoutenable de ces propos au profit d'un développement beaucoup plus pointilleux sur la psychologie des personnages.
Cependant même en ayant affaire à un Gilles un tantinet plus sage, je n'ai pas plus me sortir cette histoire de la tête avoir d'avoir effleuré la dernière page.
Nous allons suivre l'histoire sous deux parties différentes, la première va nous ramener à une triste année, celle de 1989 avec en parallèle une plongée dans un début d'enquête pour disparition d'enfants en 2017.
Nous allons vivre le calvaire de Marc, un flic de la P.J. Une sordide histoire arrive au sein des locaux de la police, ce qui ne sera pas sans lui rappeler son propre passé.
Faisant remonter à la surface de violents souvenirs et le faire plonger inconsciemment dans les méandres de son enfance.
Alors que son père s'apprête à sortir de prison après avoir purgé une peine de presque trente ans pour avoir commis l'irréparable, Marc sa vie ruinée entre les mains, va devoir lutter contre ses terribles visions.
D'autant que cette nouvelle affaire qui leur tombe dessus va le pousser au fin fond de ses derniers retranchements, exposant ainsi ses cicatrices qu'il se force tant à panser en silence.
Deux enfants kidnappés, des lettres envoyées aux parents relatant l'horreur de la situation, quel est le lien avec l'enfance de Marc ?
Pourtant, de nombreuses années plus tard les deux affaires se ressemblent, s'il veut trouver le meurtrier il n'aura d'autres choix que de laisser ressurgir les démons de son passé.
Son écriture reste sombre et profonde, mais bien plus centrée sur le côté psychologique que dans les actes inimaginables pour lequel nous connaissons bien l'auteur.
L'acte de fond n'est cependant pas tendre, car il est question de pédophilie et de cannibalisme.
Même si le côté descriptif et voyeurisme ne sont pas poussés à l'extrême comme à l'accoutumée, il reste un livre à ne pas mettre entre les mains d'âmes sensibles.
Il est dérangeant certes, surtout sur la partie concernant les enfants, mais on doit bien se l'avouer que dans le contexte global de l'histoire, le soufflé prend et nous nous transformons en justiciers avides de vengeance. le côté très détaillé sur les aspects psychologiques des différents protagonistes est très intéressant.
Nous allons nous plonger dans les souvenirs douloureux d'un personnage principal très torturé qui se bat au quotidien contre son passé, là encore la construction est très bien menée.
Le récit vacille entre un passé et un présent qui comporte trente années d'écart. le fait que nous suivons deux histoires en parallèle pousse toujours plus loin notre curiosité, renouvelant ainsi sans cesse notre envie de poursuite dans le chapitre suivant.
Le fin mot de cette histoire Gilles ne nous le donne qu'en tout dernier, entretenant ainsi le suspense jusqu'au bout.
Une lecture que j'ai adorée et qui confirme une fois de plus mon intérêt pour cet auteur.
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