Citations sur Le Premier Homme (248)
Les séances de cinéma réservaient d'autres plaisirs à l'enfant... La cérémonie avait lieu aussi le dimanche après-midi et parfois le jeudi. Le cinéma de quartier se trouvait à quelques pas de la maison et il portait le nom d'un poète romantique comme la rue qui le longeait. Avant d'y entrer, il fallait franchir une chicane d'éventaires présentés par des marchands arabes et où se trouvaient pêle-mêle des cacahuètes, des pois chiches séchés et salés, des lupins, des sucres d'orge peints en couleurs violentes et des "acidulés" poisseux.
Et puis, tels qu'ils étaient tous deux autour de lui, silencieux et tassés sur eux-mêmes, vides de souvenirs et fidèles seulement à quelques images obscures, ils vivaient maintenant dans la proximité de la mort, c'est-à-dire toujours dans le présent.
La mémoire des pauvres déjà est moins nourrie que celle des riches, elle a moins de repères de l'espace puisqu'ils quittent rarement le lieu où ils vivent, moins de repères aussi dans le temps d'une vie uniforme et grise. Bien sûr, il y a la mémoire du cœur dont on dit qu'elle est la plus sûre, mais le cœur s'use à la peine et au travail, il oublie plus vite sous le poids des fatigues.
« Vous avez raison. Moi je l'ai aimée, je l'aime avec avidité. Et en même temps, elle me paraît affreuse, inaccessible aussi. Voilà pourquoi je crois, par scepticisme. Oui, je veux croire, je veux vivre, toujours.»
Cormery se tut.
« À soixante-cinq ans, chaque année est un sursis. Je voudrais mourir tranquille, et mourir est effrayant. Je n'ai rien fait.
– Il y a des êtres qui justifient le monde, qui aident à vivre par leur seule présence.
– Oui, et ils meurent. »
la mémoire des pauvres déjà est moins nourrie que celle des riches, elle a moins de repères dans l'espace puisqu'ils quittent rarement le lieu où ils vivent, moins de repères aussi dans le temps d'une vie uniforme et grise.
Le temps perdu ne se retrouve que chez les riches. Pour les pauvres, il marque seulement les traces vagues du chemin vers la mort. Et puis pour bien supporter, il ne faut pas trop se souvenir, il fallait se tenir tout près des jours, heure après heure , comme le faisait sa mère ...."
Les hommes font semblant de respecter le droit et ne s'inclinent jamais que devant la force.
« si il avait peur mais il ne le disait pas, fasciné par cette solitude où ils se trouvaient, entre le ciel et la mer »
La mémoire des pauvres déjà est moins nourrie que celle des riches, elle a moins de repères dans l'espace puisqu'ils quittent rarement le lieu où ils vivent, moins de repères aussi dans le temps d'une vie uniforme et grise.
La mémoire des pauvres déjà est moins nourrie que celle des riches, elle a moins de repères dans l’espace puisqu’ils quittent rarement le lieu où ils vivent, moins de repères aussi dans le temps d’une vie uniforme et grise. Bien sûr, il y a la mémoire du coeur dont on dit qu’elle est la plus sûre, mais le coeur s’use à la peine et au travail, il oublie plus vite sous le poids des fatigues
Il n’était plus que ce coeur angoissé, avide de vivre, révolté contre l’ordre mortel du monde qui l’avait accompagné durant quarante années et qui battait toujours avec la même force contre le mur qui le séparait du secret de toute vie, voulant aller plus loin, au-delà et savoir, savoir avant de mourir, savoir enfin pour être, une seule fois, une seule seconde, mais à jamais