Ce que murmure la mer nous embarque dans une réécriture du conte de la petite sirène d'Andersen.
Une petite sirène rêve de la surface de l'océan : quand elle y parvient et aperçoit un marin, Yvon, elle n'a qu'une idée en tête : rejoindre le monde terrestre et le suivre.
Elle va alors trouver la sorcière qui lui donnera des jambes… et lui coupera la langue.
Yvon, de retour sur la terre ferme, plonge dans la dépression et l'amertume. Quand il en vient à secourir une jeune femme muette sur la plage, sa vie prend un autre tournant…
Une douce et piquante réécriture de la petite sirène, travaillée dans une écriture toute en ondulations, riche en vocabulaire marin. L'alternance des points de vue internes permet de vivre le récit de l'intérieur, mais aussi d'être bercé par le flux des vagues. On est au coeur de l'océan.
J'ai apprécié, au-delà de la simple réécriture, la réinterprétation qui est faite du conte.
On retrouve des éléments typiques du conte (une sorte de récit universel, pas daté ni vraiment localisé, dont on se demande quand il se déroule, la morale de fin et puis le dénouement pas joyeux du récit --> ce n'est pas un spoiler, on s'en doute bien).
Mais il y a un travail conséquent sur la métamorphose des personnages, vraiment captivante. Les personnages consistants et très humains. C'est un aspect intéressant de la réécriture, qui permet de sortir des personnages très archétypaux. Ici, ils ont des failles, des caractères, et évoluent aussi.
On aborde aussi le sujet de la différence (mer/terre, mais aussi différence physique, avec la sirène muette), de l'importance de la communication orale (dont l'absence peut amener quiproquos, rejet, incompréhension, malentendus, douleur et violence etc.) et de la pollution des eaux (cela paraît un peu actuel mais j'ai trouvé ça intéressant de confronter une petite sirène à des cotes dégueulasses qui la mettent en danger).
Enfin, la romance est intéressante, car feutrée, pas mignonne, ni frontale. Derrière l'aspect joli et poétique de ce roman, il y a quelque chose de très violent dans les ressentis des personnages, amplifié par le silence de la sirène.
Cette petite sirène m'a touchée par sa douce naïveté, puis par sa violence contenue. Galathée : un joli prénom empli de poésie, mais qui révèle aussi une petite sirène au caractère bien trempé, et consumée par une violence contenue. La métamorphose de cette sirène est bien menée, et laisse comme un goût amer en bouche. J'aime bien ressentir des choses en lisant et ce roman a réussi à me transmettre des émotions. Il m'a fait l'effet d'un petit bonbon sucré qui devient acidulé et piquant en son coeur.
Alors ce n'est pas un coup de coeur, parce que j'ai moins aimé certaines choses (le niveau de langage d'Yvon, sa personnalité aussi, les coquilles dans le texte…), mais cela reste un roman à découvrir, que j'ai trouvé réussi et joliment écrit.
Un instant de poésie mélancolique hors du temps, magnifié par le travail remarquable de
Mina M.
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