La maladie du roi ou l'histoire de France vue par le petit trou (désolé !).
1686 : le Roi-Soleil est malade, entre ses crises de goutte et sa fistule anale, qui le font souffrir énormément ; et par suite, la France est en danger.. Louvois, le principal conseiller du roi, sait que les faiblesses affichées du roi seront repérées par les espions des puissances étrangères et exploitées. «
La maladie du roi » traite bien du contexte politique de l'époque.
De son côté, le chirurgien Félix de Tassy doit soigner la fistule à une époque où l'opération cause généralement la mort du malade.
Voilà en gros l'histoire. le roman est source de nombreuses informations sur l'époque, la situation européenne, la vie à la Cour, sous l'influence désormais de Madame de Maintenon, … mais il n'est pas romanesque. En fait, on se soucie peu des inquiétudes de Louvois, des douleurs du roi, des hésitations de Félix car les évènements sont décrits mais pas racontés. Aucune compassion ne transparait pour les personnages principaux, ni sur les nombreux embastillés ou hospitalisés sur lesquels Félix fait ses expériences, dont la plupart feront les frais de
la maladie du roi pour la grandeur de la science. A aucun moment, on ne s'inquiète du succès de l'opération (surtout quand on sait dès le départ que
Louis XIV mourra en 1715, soit près de 30 ans après).
De plus à certains moments, concernant des personnages annexes pour le récit, l'auteur nous fait part d'évènements postérieurs – très étonnant dans un roman historique.
« Les jansénistes ne sont pas en reste et ils se réjouissent par le voix du Grand Arnauld de cette bataille contre la religion réformée. Pour autant, ils ne l'emporteront pas au paradis. Leur tour viendra et un jour, l'abbaye de Port-Royal sera rasée. »
« Elle [Sophie Alexeievna, régente de Russie] vit enfermée dans son château et demande qu'on empoisonne ses amants successifs. En dépit de ces précautions, elle sera quand même chassée du trône. C'est
Pierre le Grand qui décidera un jour de récupérer son héritage.»
Au final, «
La maladie du roi » se lit vite, sans déplaisir. Il y manque juste une trame romanesque plus poussée.
Soulignons toutefois cette anecdote très amusante racontée dans la postface : « Pour fêter le succès de l'opération, Jean-Baptiste Lully a mis en musique un motet qui était chanté dans les églises de France et qui commençait par ces mots : « Grand Dieu, Sauvez le Roy ! ». On raconte que
Georg Friedrich Haendel, de passage à Paris, copia la partition et fit traduire les paroles à l'intention du roi d'Angleterre qui était alors Georges 1er. C'est ainsi que l'opération de la fistule serait à l'origine du God save the King, hymne national anglais.
Les historiens sont divisés quant à l'authenticité de cette anecdote. »
Parlez-en à vos amis anglais …