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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au XVIIe siècle, la fistule anale est un mal fréquent – touchant les cavaliers, elle peut aussi être liée à l'utilisation trop fréquente des clystères –, mais il est redoutable : on sait le soulager, parfois, mais pas le soigner. Et quand un roi, en l'occurrence Louis XIV, en est atteint, l'affaire est grave.


En 1686, le Roi-Soleil est au faîte de sa gloire, il s'est imposé face aux autres grandes nations européennes et à ses courtisans. Mais un roi affaibli c'est une France en danger. Bien que Louvois, ministre de la Guerre, ait demandé la plus stricte discrétion à d'Aquin, le premier médecin du roi, il est patent que le roi va mal : il maigrit, semble fatigué, il a le teint cireux et reste assis lors de ses apparitions publiques. Alors les rumeurs les plus folles se répandent au sein de la Cour : empoisonnement, tentative d'assassinat par des protestants, maladie vénérienne... Pendant ce temps, ses proches, Louvois, Madame de Maintenon, d'Aquin, son confesseur La Chaise, cherchent un moyen de le soigner. En désespoir de cause, Félix de Tassy, premier chirurgien de Versailles, est mandaté pour ausculter le roi. Le verdict est sans appel. Il va falloir l'opérer, mais l'intervention n'est pas sans risque...


Un sujet pour le moins étonnant
Partir de la fistule anale pour proposer un aperçu du pouvoir et de la Cour du Roi-Soleil est pour le moins original. Je connaissais l'existence de cette intervention, mais je n'avais pas imaginé ses incidences. Au-delà du roi, c'est de l'avenir de la France dont il s'agit et tout le monde scrute le roi dans l'attente d'un signe, de force ou de faiblesse. Les espions pullulent à la cour, les courtisans sont prêts à retourner leur veste, d'autres, trop investis dans le pouvoir, ont peur de ce qui pourrait leur arriver si le roi venait à mourir, les prétendants veillent... Bref, cette Cour est un véritable panier de crabes !


Un aperçu des connaissances médicales
Au XVIIe siècle, l'étude du corps humain et de son fonctionnement n'en sont qu'à leurs balbutiements et la saignée est encore le principal remède, même si l'on sait aujourd'hui qu'elle ne faisait qu'affaiblir davantage les organismes malades. Ne parlons même pas de la chirurgie qui se trouve bien décriée face à la médecine, la profession étant encore assimilée à celle des barbiers. L'anesthésie n'existe pas, les instruments ressemblent à des objets de torture et ne sont pas désinfectés... Bref, tout cela est bien improvisé et artisanal. Ainsi Félix de Tassy est obligé de se rendre à la Bastille et à l'Hôpital général pour s'entraîner à cette opération sur des condamnés et des indigents, perfectionner sa technique opératoire et ses instruments chirurgicaux. À travers le personnage de Félix et du pharmacien, on assiste à leurs tâtonnements, leurs hypothèses (bactéries dans l'air...).

La narration de l'histoire de la mâchoire de Louis XIV (page 29) est particulièrement intéressante car bien décrite, ce qui n'est pas le cas généralement dans les autres romans qui ne font qu'évoquer au mieux ce fait alors qu'il a eu une importance dans la vie de Louis XIV.

En faisant des recherches sur l'opération de Louis XIV, je suis tombée sur une page présentant les instruments utilisés lors de l'opération de Louis XIV (scalpel et écarteur) et conservés au musée d'histoire de la Médecine, mais ils n'ont rien à voir avec l'instrument figurant en couverture... étrange, je me demande bien ce qu'est cet instrument. La vidéo est très intéressante !
http://sciences.chateauversailles.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=148&Itemid=470_&lang=fr


Un contexte tracé à grands traits
L'auteur ouvre le roman par plusieurs apartés sur des sujets touchant la royauté, nous permettant de nous remettre dans le contexte d'alors : relation du roi avec Madame de Maintenon, révoltes en région liées à la révocation de l'Édit de Nantes, ambassade du Siam, Masque de fer (intéressante interprétation de l'auteur), description de Madame La Palatine, relations entre jansénistes et jésuites...
Un bon point : le post-scriptum qui fait le point historique sur certains points abordés dans le roman. En revanche, l'auteur ne cite pas ses sources et sur certains thèmes cela m'a un peu gênée, notamment en ce qui concerne le Masque de Fer.

Une anecdote très amusante racontée dans la postface : "[...] pour fêter le succès de l'opération, Jean-Baptiste Lully a mis en musique un motet qui était chanté dans les églises de France et qui commençait par ces mots : « Grand Dieu, Sauvez le Roy ! » On raconte que Georg Friedrich Haendel, de passage à Paris, copia la partition et fit traduire les paroles à l'intention du roi d'Angleterre qui était alors Georges Ier. C'est ainsi que l'opération de la fistule serait à l'origine du God Save the King, hymne national anglais.
Les historiens sont divisés quant à l'authenticité de cette anecdote."


Un style direct et simple
Ce roman se lit très facilement du fait de sa structure et du style employé : les chapitres sont courts, les phrases sont également courtes, sans aucune afféterie, les mots sont simples. L'auteur ne cherche en aucun cas à faire de l'effet, il va au plus simple, utilisant même parfois des mots anachroniques pour que son texte reste facilement accessible malgré le sujet. C'est parfois un peu brutal et lapidaire, mais c'est efficace et explicite, et le récit reste paradoxalement très vivant.
L'utilisation d'un narrateur omniscient nous donne l'impression de regarder la scène par le petit trou de la serrure.


On en veut plus !
Il s'agit ici du premier roman de Christian Carisey, ancien professeur de philosophie et actuellement directeur de l'international et des affaires institutionnelles chez Presstalis (société de messagerie de presse). Le sujet aurait mérité d'être approfondi et aurait permis un développement plus poussé et un roman plus long si les personnages avaient été davantage détaillés, si des intrigues secondaires étaient intervenues. Le récit de l'opération de Louis XIV est trop vite abordé et le récit s'interrompt brusquement sans qu'on sache la suite. Évidemment, chacun sait que Louis XIV a survécu à cette intervention, mais il aurait été intéressant de connaître la réaction des courtisans et des cours européennes, les suites de l'opération, l'avenir de Félix... Là, cela manque encore un peu de consistance.
Mais ce premier roman est fort prometteur et plaisant, j'attends avec impatience le suivant !
Lien : http://romans-historiques.bl..
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Aussitôt reçu, aussitôt lu ! C'est comme ça que je pourrais résumer cette lecture car j'ai dévoré ce roman. Il a une réalité historique, Louis XIV a bien été opéré pour une fistule annale et tout son entourage a dû faire avec, même si chacun a réagi différemment. Ce sont ces réactions que l'on découvre alors que le roi va de plus en plus mal.


L'auteur ne prend pas le temps de s'attarder sur la psychologie de chaque personnage (même pas pour les personnages centraux comme Louis XIV et Felix, le chirurgien du roi) mais il nous fait quand même partager quelques-unes de leurs pensées. Etrangement, c'est largement suffisant pour les apprécier. Ce sont des personnages réels, ils ont donc une existence concrète qui dispense de devoir leur donner une consistance. Hormis deux ou trois, tous les intervenants du récit ont existé et il m'a suffi de le savoir pour les apprécier (ou non).


L'élément central de l'histoire est vraiment la maladie du roi. Je n'aurais pas cru qu'on pouvait faire un roman là-dessus mais si. Et ça fonctionne, c'est hyper intéressant. Ça l'est parce qu'on apprend des choses sur la politique étrangère, sur le conflit entre catholiques et protestants, sur l'influence de Mme de Maintenon, sur la visite de l'ambassade de Siam mais aussi sur l'évolution de la chirurgie et l'envie de comprendre le monde.

Si tout cela tient dans ce court roman, c'est parce que ce n'est pas enrobé de détails. Les dialogues et la narration vont à l'essentiel et c'est ce qui rend le récit aussi passionnant : j'aime l'Histoire (mais souvent les livres d'histoire sont ennuyeux) et j'aime qu'elle soit romancée (même si parfois ça part dans tous les sens et on ne distingue plus le vrai du faux). Et ici, l'auteur conjugue parfaitement les deux, c'est raconté simplement et efficacement. Il a inventé certaines choses et nous propose par exemple une des explications sur le mystère de l'homme au masque de fer, mais ça s'intègre parfaitement.


Ce fut un vrai coup de coeur ! Et c'est bien la première fois que je trouve la narration au présent agréable, ça donne l'impression de vivre un morceau d'Histoire comme si on y était.
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