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Pourquoi ai-je deterre ce billet? Suite a des demangeaisons furieuses. Un desir non refrene d'aiguillonner des amis lecteurs (et une certaine lectrice en particulier). Un besoin subit de lire leurs ressentis.


Alors? Alors ouvrez grand vos Oreilles! Ouvrez grand votre Esprit! Laissez vous penetrer par le foisonnement musical de cette partition ou les lettres remplacent les notes. Car Alejo Carpentier nous a donne la un vrai concerto ou les mots et les phrases se deguisent, se melangent, se battent, se font l'amour a un rythme effrene. Il faut le lire a haute voix.

Et l'histoire aussi est baroque: un magnat mexicain voyage en Europe pour y sentir l'esprit de ses ancetres espagnols, ou tout simplement pour le plaisir. Decu par Madrid il pousse jusqu'a Venise ou il rencontre en pleine periode de carnaval Vivaldi (le pretre roux, le venitien), Scarlatti (le napolitain) et Haendel (le saxon), qui cooperent et s'affrontent en une orgie musicale. Il convainc Vivaldi de composer un opera sur le theme de la conquete du Mexique par Cortes et la perte du dernier roi azteque, Moctezuma (ou Montezuma dans le livre). Assistant a l'opera, il s'indigne contre les libertes que prend le livret sur la verite historique, mais la musique finit par transformer sa plus intime verite: "Je suis le petit fils d'espagnols qui virent le jour a Colmenar de Oreja et Villamanrique del Tajo, fils d'un estremegne baptise a Medellin comme Hernan Cortes. Et pourtant… plus se deroulaient les accords de la musique… plus vif etait mon desir de voir triompher les mexicains… j'epousais le parti des americains, brandissant les memes arcs, souhaitant la ruine de ceux a qui je dois mon sang et mon nom."


Dans un curieux et delirant mélange de styles et de temps, on s'assoiera sur la tombe de Stravinsky, dont Vivaldi denigrera la musique, et on s'extasiera aux sonorities plus-que-baroques de la trompette de Louis Amstrong. Alejo Carpentier (un patronyme a sonorite tres francaise. Ah! Ses aieux!) prend un malin plaisir a melanger toutes les facettes de sa culture musicale en une petulance toute cubaine. Pour notre plus grand Bonheur!

P.S. Je mets un exemple de la prose baroque de Carpentier en citation.



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Roman où il est question en premier lieu de musique et tout particulièrement de l'opéra d'Antonio Vivaldi "Montezuma". Dans ce livre la musique tient la première place, mais le lecteur y trouve beaucoup d'informations ayant trait à la culture, L Histoire, la littérature. L'auteur évoque la conquête du Mexique par Cortès et la capitulation de Montezuma. Au 18 ème siècle, un créole mexicain, part en voyage vers la vieille europe. Après un séjour en Espagne, il se pose pendant un temps à Venise où il rencontre plusieurs grands musiciens baroques, notamment Vivaldi... Mais dans ce roman étrange car ne respectant pas du tout la chronologie, un pique-nique est organisé dans le cimetière Saint-Michel à proximité de la sépulture d'Igor Stravinski. La villégiature se déroule à l'époque du Carnaval ou toutes fantaisies et badinages sont permis... Rêve, fable? Louis Amstrong, lui même, fait résonner sa trompette dans une salle de concert de Venise... alors qu'une locomotive, tirant des voitures des Wagons-lits Cook, venait à peine de quitter la gare de la Sérénissime.
Un peu plus de 100 pages pour une écriture intense et un récit touchant au merveilleux.
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Une bulle de champagne ! Un tourbillon de musique, de couleurs, de sons. Entrez dans le monde d'Alejo Carpentier et laissez-vous bercer par la musique.

Je n'ai peut-être pas toutes les clés pour comprendre toutes les subtilités de ce livre à sa juste valeur, n'étant pas musicienne et n'y connaissant pas grand-chose, mais j'ai aimé l'écriture et les sensations procurées par cette lecture. Je me suis simplement laissée porter.
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Tout est baroque dans ce roman, à commencer par l'histoire. Au XVIIIème siècle, un riche mexicain d'origine espagnole se rend au carnaval de Venise. Il fait escale à La Havane où son valet (qui est aussi son musicien) meurt de la peste. Il engage pour le remplacer un jeune noir cubain doué pour la musique. Ils s'ennuient durant leur première étape en Espagne puis s'embarquent pour Venise, le maître déguisé en Montezuma et le valet en lui-même. Ils rencontrent un prêtre, Vivaldi, qui les présente à Haendel et à Scarlatti. Les époques s'entrechoquent et s'entremêlent : ils se retrouvent dans un cimetière près de la tombe d'un compositeur nommé Igor Stravinsky et le final du roman est un concert de Louis Armstrong (il y est aussi question de tour Eiffel et de wagons-lits !). Je ne m'y connais pas assez ni pour repérer toutes les références ni pour apprécier cette tentative de transposer la musique dans une oeuvre littéraire, mais il émane du texte une grande vitalité et le lecteur est embarqué dans un tourbillon de sensations. Cette histoire déjantée rend un très bel hommage au métissage culturel, musical et littéraire. Quant au style d'écriture, il arrive à créer un texte déjanté, échevelé, rythmé et virevoltant, plein de sons et de couleurs. le lecteur n'a qu'à se laisser porter, emporté dans une joyeuse sarabande baroque. Une très belle découverte !
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Ma première découverte de cet auteur cubain et français, romancier mais aussi musicologue, l'un des écrivains qui a revendiqué l'emploi du « réel merveilleux » ce qui se nomme maintenant je crois, « réalisme magique » si caractéristique de nombreux auteurs sud-américains.

Au 18ème siècle, un Mexicain, dont on ne nous dit pas s'il est basané, mais c'est sûr, il est très riche, prépare son embarquement pour aller au Carnaval de Venise à bord d'un riche vaisseau, en y entassant toutes sortes d'objets.
Et durant ces préparatifs, le serviteur attitré du Maître, tombe malade et meurt.
Il lui faut trouver un remplaçant de qualité, et il le trouve en la personne d'un noir, Filomeno, avec lequel s'engage une collaboration fructueuse, et les dialogues entre ces deux-là, parfois philosophiques, ne manqueront pas de nous ravir.
Et, sans entrer dans les détails, le Maître, accompagné de Filomeno, arrive d'abord en Espagne, pays d'une partie de ses ancêtres (le reste ce sont des Indiens si j'ai bien compris). L'Espagne le déçoit, il trouve Madrid sale et triste. Et donc, il repart vers Venise, dans laquelle les festivités du Carnaval battent leur plein, comme on dit chez nous.
Et il y rencontre un « trio musical » de choc, composé de Georg-Friedrich Haendel, Alessandro Scarlatti, et le « local », Antonio Vivaldi. Je vous passe toutes les péripéties de cette rencontre, dans laquelle les beuveries sont nombreuses, dans laquelle les musiciennes et chanteuses du Prêtre Roux, jouent un rôle, pas que musical. Sachez qu'ils discutent d'un certain Igor Stravinsky, né deux siècles plus tard, sur la tombe duquel ils se rendent, que Vivaldi va composer un opéra (qui existe réellement), Montezuma, à la demande du Maître mexicain, opéra relatant les déboires de celui-ci dans sa lutte contre l'envahisseur espagnol Herman Cortès, dont la représentation mettra le Maître en colère.
Et puis, notre mexicain repartira en train (sic) vers son pays natal, tandis que Filomeno partira pour Paris et sa Tour Eiffel (re-sic), pour aller écouter un concert de Louis Armstrong!!!(re-re-sic).

Cette histoire ne serait que loufoque, baroque, s'il n'y avait pas, en filigrane, de multiples réflexions, sur la musique d'abord et la diversité culturelle qu'elle implique, sur la colonisation, le rapport entre les peuples, et sur ces thèmes éternels, la vie, l'amour, la mort.

J'avais d'abord été déconcerté et un peu lassé par les premières pages, avec leur accumulation de descriptions, noms, adjectifs. Mais, vite, le roman trouve son rythme de croisière, et même devient formidable. Et je l'ai perçu comme beaucoup plus profond que son « réel merveilleux » le laisserait supposer, à première vue.
Il y a aussi dans le rythme des phrases quelque chose de musical, et les références aux oeuvres de ces trois grands musiciens sont à la fois justes et pleines de fantaisie.

Un court roman que j'ai bien apprécié, il ne faut pas s'arrêter à la pesanteur des premières pages, et un hommage à la diversité culturelle, toutes époques confondues.
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Au coeur de ce roman jubilatoire, il y a « Montezuma », un opéra de Vivaldi joué en 1700 et dont Alejo Carpentier (1904-1980) s'amuse à imaginer l'histoire. Une histoire en forme d'errance, qui nous mène des rivages du Mexique au carnaval de Venise. C'est au milieu des masques et des feux d'artifice que le Cubain Filomeno et son maître, un riche Indiano* mexicain, font la rencontre d'une bande de joyeux fêlés ayant pour noms Haendel, Scarlatti et Vivaldi.
A partir de là, ce qu'on avait d'abord pris pour un roman historique comme tant d'autres change subitement de dimension. Aux côtés des deux voyageurs, l'on assiste médusé à une sorte de « retour vers le futur » à la faveur duquel (et sans quitter la Venise du XVIIIè siècle) il nous arrive de croiser l'ombre de Stavinsky, la silhouette de la Tour Eiffel ou la trompette d'Armstrong.
On l'a compris, cette histoire déjantée est pour l'auteur l'occasion de questionner les rapports d'influence entre Europe et Amérique – rapports qui ne sont pas à sens unique, loin de là, comme le prouve l'opéra précédemment cité, ou bien encore les « Indes Galantes » de Rameau, quelques années plus tard.
Mais ce roman est aussi une manière de remonter aux sources de l'identité latino-américaine : ainsi, lorsqu'il assiste à la première de « Montezuma », curieusement, ce n'est pas pour ses ancêtres espagnols que le maître prend parti mais bien pour le malheureux monarque aztèque :
« J'eus l'impression que le chanteur était en train d'interpréter un rôle qui m'était destiné, et que moi, par mollesse, par trouille, j'eusse été incapable d'assumer. Tout à coup, je me sentis déplacé, exotique dans cet endroit, étranger, comme éloigné de moi et de tout ce qui fait que je suis moi. »
Très souvent drôle, parfois érudit, ce court roman d'Alejo Carpentier est un vibrant éloge du métissage (musical, littéraire, culturel…), en même temps qu'une fête des mots et de l'intelligence.

* Indiano : C'est ainsi qu'on nommait au Siècle d'or les colons espagnols enrichis aux Amériques (ou leurs descendants) et qui revenaient au pays les poches pleines.
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Ce conte musical et baroque, vous jette tout d'abord un sortilège et vous entraîne dans une course échevelée et déjantée de sons et de couleurs.

Mais , tout comme Josephine2, je n'ai pas, malgré l'inspiration débordante de l'auteur, où l'histoire est sublimée au son des cordes et des cuivres, su apprécier à sa juste valeur (n'étant pas musicienne), toutes les subtilités de ce
récit où la chronologie s'enchevêtre et touche au merveilleux.

Un vocabulaire riche en couleurs dans de longues phrases descriptives.

Cependant, ce petit livre d'une centaine de pages,
m'aura laissée sur le bord de la scène !
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Et voilà la magie d'un livre poétique, sonore, qui nous vient de la Havane. Les phrases d'Alejo Carpentier, musicologue, écrivain, se déroulent et s'enroulent, allegro, andante, et le concert baroque se fait concerto grosso ou s'enfuit le temps d'une fugue. Quelques regrets en lisant ce livre : ma formation musicale – bien insuffisante - ne me permet pas de voir dans ce texte toute la science, l'art musical de l'auteur, et le fait de ne pas l'avoir lu en espagnol, hormis quelques extraits – c'est également dommage parce que l'espagnol est chantant ( la plata acababa por parecer plateada) - mais je dois dire que la traduction française est savoureuse, parce que le texte a un rythme ultra-maîtrisé, surprenant, qui nous entraîne dans la danse des mots. le texte foisonne de références, à l'opéra notamment ( parce que les compositeurs se rassemblent pour un concert baroque), à l'Espagne (le pays d'origine du Maître, ou le pays des conquistadors), au Mexique (où le Maître vit), surtout autour de Montezuma, l'empereur aztèque, qui fera l'objet d'une pièce d'opéra, à Cuba (d'où viennent les percussions de Filomeno, cet initiateur d'une jam-session entre Vivaldi, Haendel, Scarlatti) cet amoureux de la trompette et ce fou d'Armstrong – et son concert c'est celui qui clôt le roman) mais le concert se fait à Venise, la Sérénissime, lors du carnaval. C'est un dialogue interculturel, qui estompe les frontières terrestres, temporelles, entre réel et imaginaire. Et le Maître fait l'analogie lors de ses méditations les plus sombres entre ce Royaume du Danemark où l'on verse non plus de la musique mais du poison dans l'oreille et le Mexique, où l'on sort les têtes des morts, à la Fête des Morts. C'est magique oui, cette harmonie, cette symphonie, ce baroque foisonnant tout en effervescences, en volutes, en circonvolutions, en courbes et en obliques (comme un serpent qui danse).
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Dans une langue pure - on écrit plus, malheureusement, comme cela aujourd'hui- l'auteur nous emmène à Venise en compagnie d'Antonio Vivaldi, d'un Cubain noir d'un Mexicain et de Haendel. Avec beaucoup d'humour, il manie les expressions familières et la "haute" langue. Je me suis régalé à lire ce roman. (simple opinion)
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Ce livre est dédié aux amateurs d'art, de musique, du baroque et aux amoureux de l'intemporelle Venise. Il nous emporte par la musique et la magie de la Sérenissime au moment du grand carnaval de l'Epiphanie à travers un temps où les chronologies se mêlent pour mieux nous sublimer. A la fois drôle et merveilleux, ce petit livre est un enchantement qui se lit en écoutant Vivaldi, Scarlatti et Händel, Bien entendu.
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