Encore une fois, Albert avait mis en évidence l'hypocrisie de cette fraction du genre humain qui se sent "normale" juste parce qu'elle ne tue pas les fillettes innocentes en leur tranchant un bras. Mais qui est capable d'un crime tout aussi grave : l'indifférence.
Avant d'accuser, il faut avoir des certitudes
Nous avons tous des secrets
Du reste, Roch le disait toujours : « Quand les médias ne savent pas, ils inventent. »
— Monsieur Feldher, je suis certain que vous vous amusez bien à accueillir les policiers qui viennent vous voir et leur refiler du thé dans lequel vous avez peut-être pissé, pour ensuite profiter de leur tête tandis qu’ils se tiennent là comme des cons, le verre à la main, sans avoir le courage de boire.
L’agent se pencha vers lui. C’était une technique d’interrogatoire, même Mila la connaissait. À moins d’avoir des liens particuliers d’affection ou d’intimité, on tend toujours à respecter une limite invisible. L’interrogateur quant à lui s’approche de la personne interrogée pour envahir sa sphère et la mettre mal à l’aise.
L’homme est le seul animal qui a la capacité de rire ou de pleurer.
Boris s’approcha. Il n’y avait pas de sonnette, il frappa donc, énergiquement, avec la paume de la main. Le bruit servait à intimider, mais Boris parlait d’une voix volontairement calme. — Madame, c’est la police. Ouvrez, s’il vous plaît… C’était une technique de pression psychologique pour désorienter l’interlocuteur : s’adresser à lui en se feignant patient, tout en mettant la pression.
Mila avait depuis longtemps vidé son cœur et son esprit. Elle n'aurait jamais d'amour, de mari, de fiancé, ou d'enfants, même pas d'animal. Parce que le secret est de n'avoir rien à perdre. Rien qu'on puisse vous prendre. Pour entrer dans la tête des gens qu'elle cherchait, elle créait autour d'elle le vide qu'il y avait autour d'eux.
Goran n'avait pas de réponse. Et, même s'il avait eu une opinion sur le sujet, il n'aurait pas su traduire en terme humainement acceptables la cruauté de devoir se partager entre la pensée de ces morts atroces et le désir cynique que l'assassin frappe à nouveau. Parce que - et tout le monde le savait - la seule possibilité pour le prendre était qu'il ne s'arrête pas.