Très bon roman que voilà. Entre polar, thriller, drame psychologique et littérature blanche, la fameuse, inclassable, chère à mon coeur.
Pourquoi ai-je pensé à ce genre alors que le roman nous plonge de suite dans du sombre, voire du sordide avec des scènes de crimes qui nous laissent imaginer la violence extrême avec laquelle ils ont été perpétrés. Probablement grâce au soin tout particulier accordé par l'auteur à ses personnages.
Le duo de flics, Bacem Marouani et David Pinetta, n'a rien du couple Good cop, bad cop, tant leur personnalité est complexe et loin des profils monolithiques trop souvent croisés dans la littérature du genre. Quant à Léo et Manon, ils sont aussi attachants que troublants, une fois leur vie et leurs secrets dévoilés à doses homéopathiques, leur histoire subtilement effeuillée au fur et à mesure de la progression du roman.
La construction est intelligente : 3 unités, 3 histoires, et au sein de chacune d'elle, des personnages qui évidemment finissent par se croiser, se télescoper dans un rythme assez soutenu avec suffisamment de pions posés de-ci de-là, pour conserver tout du long, force et crédibilité. Quelques parenthèses et allers-retours chronologiques nous apportent également quelques pièces pour reconstituer le puzzle mais aussi apporter de l'épaisseur au récit mais aussi et surtout aux personnages, les rendant parfois plus humains, mais également plus complexes, voire ambivalents.
Le roman est de plus très visuel, l'auteur plante le décor et c'est un film qui se déroule devant nos yeux. Et bien que l'on aille de surprises en surprises, point de twist sorti du chapeau. On est bien dans une fiction très crédible.
Si je suis passée à côté de son second roman pour diverses raisons évoquées à l'époque,
le dernier acte est selon moi une vraie réussite. le travail, l'écoute, la remise en question semblent avoir porté leurs fruits. Cédric a un véritable potentiel de conteur. Quelle progression selon moi entre les deux romans !
Mes seules petites remarques se situent d'une part dans un petit tic d'écriture qui consiste à répéter le prénom des personnages à la manière des « Petit ours brun », ce fut trop redondant selon moi, alors qu'il y aurait moult procédés qui pallieraient ces répétions inutiles. D'autre part, j'ai eu l'impression que l'auteur tergiversait à la toute fin de son histoire. Bien que la fin soit remarquable. Ces deux détails soulevés, et je parle bien de détails, je me suis régalée de bout en bout. Waouh !
Et cerise sur le cheesecake : une magnifique cover signée
Brian Merrant, qui nous propose, une vraie création artistique. Chapeau. Une de mes préférées.