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J'ai tardé à lire ce livre, n'ayant pas vraiment d'ailleurs envie de lire.
Mais, finalement, c'est une critique postée sur Babelio, une critique dérangeante et choquante dans le ton comme dans la forme qui un peu malgré moi m'a fait ouvrir l'ouvrage.
C'est que je lis peu d'ouvrages du genre.
Étant AMP et ASG, ayant travaillé, et travaillant toujours en soins de jour comme de nuit, en structure et à domicile, en accueil de jour, en PASA et aussi en animation auprès de personnes âgées en EHPAD et en UHR, "les fossoyeurs" me paraissaient être un ouvrage de plus sur le sujet.
C'est que les livres succèdent aux émissions télés qui elles-même précèdent à des faits divers dans les journaux sans même jamais provoquer de véritables remous dans la société.
De temps à autres, il y a bien un petit bouillonnement de protestations.
Mais finalement rien de si important qui ne soit oublié dès l'agitation du lundi matin ...
"Les fossoyeurs", donc, est un livre terrible, tragique, un de ces livres que l'on aimerait ne jamais avoir à ouvrir.
C'est le résultat d'une véritable enquête qui paraît sérieuse et sincère, et qui, même pour quelqu'un du métier, est effarante.
Le livre a cependant quelques défauts, mais au-delà des titres de chapitres un peu racoleurs, il se lit rapidement et provoque révolte et hauts le coeur !
Quelques détails m'ont paru surprenants comme cette ancienne infirmière des "Bords de Seine" qui donne rendez-vous au journaliste dans son bureau de la nouvelle structure où elle travaille ...
L'emploi d'un certain vocabulaire perturbant, quelques imprécisions, de petites contradictions ont aussi un peu gêné ma lecture.
Par exemple une jeune femme présentée à la première page comme AVS est devenue quelques pages plus loin AS ... ?
Cependant ce livre est un livre d'utilité publique puisqu'il dénonce des pratiques impardonnables et inhumaines, des maltraitances et des dysfonctionnements provoqués par l'avidité d'un système libéral appliqué sans vergogne à l'accompagnement de nos aînés.
De plus, il explique très clairement le fonctionnement et les financements d'un EHPAD.
Et ne craint pas de mettre chacun devant ses responsabilités.
Victor Castanet est, semble-t-il, un journaliste obstiné, intègre et courageux.
Les personnes qui l'ont aidé dans son enquête aussi certainement.
Et, il ne faut absolument pas que ce livre soit un de plus sur le sujet.
Il faut qu'il devienne un marqueur de l'avant et de l'après ! Il faut que chacun rende compte et que ces pratiques disparaissent et soient reléguées dans la honte.
Mais de cela il ne faut pas déduire que tous les EHPAD sont des endroits infâmes.
Dans de nombreuses maisons, les équipes pluridisciplinaires font l'impossible, avec peu de moyens il bien dire, pour entretenir le dernier bien précieux qu'il nous reste lorsque tout nous a été enlevé : notre humanité ...

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Pendant trois ans, entre 2019 et 2021, Victor Castanet a interrogé de nombreux anciens salariés de la société Orpéa, plus de 250 personnes, pour obtenir des témoignages sur les conditions de vie des personnes âgées qui occupent ses Ehpad (Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes), et les conditions de travail de ceux qui sont au coeur du système.

Puis, ces témoignages ont été recoupés et vérifiés, pour ne pas commettre d'impair.

Car en face, la société Orpéa n'est pas n'importe quelle société.
C'est 110 000 lits, répartis sur plus de 1110 établissements, sur 23 pays et 3 continents.
C'est le numéro un mondial du secteur des Ehpad, dirigé par un trio :
-le docteur Jean-Claude Marian, fondateur du groupe ;
-Yves le Masne, directeur général ;
-Jean-Claude Brdenk, directeur général délégué en charge de l'exploitation.
En démarrant dans un établissement réputé de Neuilly-sur-Seine, "Les Bords de Seine", Victor Castanet ne s'attendait sans doute pas à dérouler le fil d'une pelote qui allait le mener dans toute la France et à l'étranger, pour y trouver chaque fois des preuves d'un système organisé pour faire du profit, y compris au détriment des personnes qu'il est censé protéger.

A mon avis :
Ce livre n'est pas seulement à charge de la société Orpéa, même si elle est au centre de l'enquête. Il met également en lumière les carences des services de l'Etat, en charge des contrôles et qui ont montré leur manque de moyens et leur incompétence.

Et ce qu'on découvre au sein de ces établissements est épouvantable !

Des personnes âgées traitées comme des numéros, comme des boulets, comme des moins que rien, comme des machines à cash ; l'or gris. Pas dans l'esprit des soignants, qui font un travail manifestement remarquable au regard des moyens qui leur sont donnés. Plutôt ici dans celui des trois grands manitous de la société.

Le rationnement, la maltraitance institutionnelle, par manque de personnel, manque de couches, de dispositifs médicaux, ne sont que la partie émergée de l'iceberg.

Car plus haut, c'est un système d'optimisation économique, poussé à son paroxysme par des cost-killers professionnels dont le leitmotiv est de trouver toujours plus de moyens de réaliser des économies, quitte à tricher et à voler l'argent public.

Et gare à ceux qui se mettront en travers de leur route ou qui n'obéiront pas aveuglément aux consignes...

C'est donc un livre qui fait peur. Car il concerne des familles qui ont cru bien faire en emmenant leurs ainés finir leur vie en enfer. Car nul ne pouvait deviner à quel point le système était perverti.

Mais c'est aussi un livre qui donne la rage. Celle qui vous fait détester l'époque dans laquelle on vit. Une époque où l'argent est roi et où ceux qui en possèdent se sentent et sont parfois invulnérables. Où ceux qui n'en n'ont pas ou peu sont des victimes, des proies.

Une époque où certains hommes ont perdu toute humanité, au bénéfice de l'argent.

J'ignore si tout ce qui est raconté dans ce livre sera vérifié et pris en considération par les autorités. J'ignore si les trois bandits qui sont à la tête d'Orpéa auront suffisamment d'explications à fournir pour se disculper, mais je sais qu'au regard de la quantité d'informations livrées ici et des preuves manifestes, ils ne peuvent être totalement blanchis. La démission du directeur général suite à la publication de ce livre est un signe fort. Un aveu.

Et rien que pour valoriser le travail de ce journaliste qui a passé trois ans à faire ce que les autorités de contrôle auraient dû faire à sa place, je recommande ce livre.

Achetez-le, lisez-le, en priant pour que notre société finisse par se débarrasser de ces hommes et ces femmes qui sont devenus des nuisibles...

Retrouvez d'autres avis sur d'autres lectures sur mon blog :
https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
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Bienvenue aux Bords de Seine... Un hall d'accueil presque paradisiaque, fleuri, orné d'un tapis rouge qui t'amène ensuite vers les jardins où les pensionnaires dans leurs fauteuils roulants sirotent leur café à l'abri sous des parasols, entourés d'arbustes. Plus loin encore, une salle d'ergothérapie et un programme affiché promettant des animations journalières (gym douce, lecture, chants, couture, spectacle....). Pour peu que l'on ait les moyens de se l'offrir (le prix des chambres variant de 6500€ jusqu'à 12000€ par mois), les Bords de Seine semblent l'endroit idyllique pour passer ses derniers jours...

S'il n'y avait pas eu cette enquête choc de Victor Castanet qui, durant trois ans, a enquêté sur certains Ehpad du groupe Orpéa, notamment les Bords de Seine, numéro un mondial du secteur des Ehpad (avec 1110 établissements sur 23 pays). Avec l'aide de nombreux témoignages (salariés d'Ehpad et du siège, directeurs d'établissement, familles, fournisseurs, anciens ministres de la santé...), il met en lumière de nombreux comportements douteux, dérives et déviances. Et c'en est terrifiant, sidérant, honteux, révoltant, vertigineux...

Maltraitance, négligence, rationnement (produits de toilette, nourriture...), manque de moyens (médicaux, personnel) cachent en vérité un système extrêmement rôdé, intelligemment mis en place depuis 30 ans, où marges, taux de remplissage, RFA, rentabilité sont les maîtres-mots. Ajoutez à cela des méthodes managériales douteuses, pression, liens douteux avec les apporteurs d'affaires, certains élus ou hauts fonctionnaires, ARS peu regardantes... et voilà comment le docteur Jean-Claude Marian, fondateur d'Orpéa (pour ne citer que lui), visiblement fort bien entouré, règne depuis tout ce temps sur le marché des maisons de retraite privées.

Il est à espérer maintenant que ce livre, passionnant, fouillé et édifiant, qui a suscité de nombreux débats et secoué la France, ira bien au-delà d'un bien triste constat...
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Sidéré.... Je suis abasourdi. Bon tout le monde a entendu parler de ce livre, une onde de scandale dans la société, le #metoo de la maltraitance dans les Ehpad, mais le lire est l'expérience du choc.
Du journalisme d'investigation en livre papier, ça donne l'avantage pour le journaliste de prendre le temps de détailler, l'avantage des moyens d'une maison d'édition impliquée, pour nous lecteur l'avantage de s'y plonger quand on veut, l'avantage de revenir sur les révélations pour bien comprendre, quand ça devient un peu technique. Parce que ça l'est, oui par moments. Orpéa a mis au point un système tourné à 100 % vers la bourse, dans l'impunité et la terreur. On leur accordera bien l'ingéniosité en qualité. Optimisation salariale, rétrocessions faramineuses sur des achats financés par le public, prélèvements sur les intervenants extérieurs.... Tous les moyens sont bons pour gagner un centime d'euro, et ça n'est pas une expression. Ça peut aller jusqu'à la marge arrière et cachée sur le café des employés. On croit rêver. Pourtant on parle bien d'un groupe leader mondial dans le secteur de la dépendance, au chiffre d'affaires record de 4 milliard d'euros.
Et en bout de chaîne de gigantesque scandale, il y a l'humain. Des familles apeurées, ravagées par la colère impuissante. Un personnel soignant à bout de souffle. Des licenciés sous anxiolytiques. Des mamies et des papis aux pensions qui se soldent en milliers d'euro pour risquer mourir beaucoup plus tôt. Une histoire de maltraitance institutionnelle et systémique, mise en place par des haut dirigeants grisés par le pouvoir et au sentiment de toute-puissance, aux méthodes terrorisantes avec des licenciements abusifs à la pelle, parfois pour un simple bonjour. Mais Victor Castanet démontre que c'est aussi un système mûrement réfléchi, sophistiqué, centralisé, mettant directement en danger de mort les résidents, face à qui les pouvoirs publics de contrôle sont inadaptés. Il y aurait tant à dire (notamment qu'il ne s'agit ici que d'Orpéa essentiellement). le livre regorge de faits accablants, validés par une équipe, un avocat, un éditeur et d'autres journalistes d'investigation, avant publication par Fayard. C'est pour moi un grand texte de journalisme d'investigation, superbement écrit, comme il se doit pour une enquête de cette ampleur, c'est à dire sur un ton neutre, un rythme fluide, les faits présentés se suffisant à eux-mêmes. Pour la petite histoire, Orpéa n'a pas porté plainte pour diffamation.....
Victor Castanet remercie plein de gens à la fin de son livre, mais c'est la société qui devrait remercier, lui et les courageux témoins.
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C'est un livre que je n'aurais pas acheté personnellement, mais un proche souhaitant le lire, je me suis plongée dedans.
Il est vrai que c'est édifiant, bravo à Victor Castanet de son courage et d'avoir été au bout de son enquête de trois ans.
J'espère que les pouvoirs publics vont réagir et que pourront cesser ces abus.
La première partie est réservée aux résidents des « Bords de Seine », un de ces EPHAD de luxe et aux témoignages de leurs familles.
C'est glaçant.
Cette résidence fait partie des 1150 établissements gérés par le groupe ORPEA.
Groupe engendrant des milliards de bénéfice.
Groupe qui n'accorde que trois couches par jours aux résidents, qui compresse le personnel, qui rogne sur chaque centime pour faire du profit.
A la tête de ce groupe, trois immondes personnages : Jean-Claude Marian, Yves le Masne, Jean-Claude Brendk.
Internet m'a permis de mettre un visage sur eux.
Trois voyous de la finance qui méritent d'être derrière les barreaux et de rendre jusqu'au dernier centime, les profits colossaux qu'ils ont engrangé sur le dos des personnes âgées.
Ils n'ont aucun scrupule.
Trois gangsters adoubés par les services publics puisqu'ils ont pu agir si longtemps sans que rien ne leur soit opposé.
Trois requins qui font du « parcage de vieux », selon l'expression de l'un d'eux.
Des gestionnaires sans scrupules qui usent de tous les stratagèmes financiers possibles.
Il y a la maltraitance des résidents, mais aussi celle du personnel pressuré et éjecté si pas conforme aux objectifs du groupe.
Tout cela est malheureux, honteux, révoltant.
La puissance de l'argent dépasse tout sentiment humain.
Le service public se dégrade de même au profit des bénéfices, il n'est qu'à voir dans les hôpitaux.
Un livre pas réjouissant dans ces périodes troubles, mais un livre salutaire.
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Chronique quasi « télégraphique » sur ce livre extrêmement documenté, absolument édifiant ET terrifiant de Victor Castanet, qui fait beaucoup de bruit.

Ce n'est pas un x ième livre sur les maltraitances en Ehpad. C'est une énorme enquête sur les ehpad gérés par les groupes privés, ici Orpea.
Mon bouquin est hérissé de marque pages- signets. Les groupes privés qui gèrent des Ehpad comme on gère un hypermarché, voire pire, sont tous « marrons ». Certaines ARS (agences régionales de santé) sont impliquées, savent . Preuves pour l'ARS Ile de France. Ce bouquin est REMPLI de preuves, enregistrements, documents « exfiltrés » par des témoins dans toute la chaine de l'organigramme de ces grands groupes dont les plus puissants sont Korian et Orpéa. Les directeurs d'établissements n'ont aucun pouvoir. Ni sur les achats ni sur l'embauche de personnel. C'est affreux. C'est épouvantable.
Par contre les établissements qui ne fonctionnent pas comme ca sont ceux gérés par les Mulliez (Auchan etc) et la plupart des Ehpad publics, et ceux gérés par des associations.
Le système entier est géré par le siège, c'est à dire 3 personnes. Les cadres de santé en régions et la plupart des directeurs d'établissements sont menés par la terreur, l'unique but est le chiffre d'affaire.
Il n'est ni question des résidents et des familles, pour les dirigeants, qui font comme s'ils dirigeaient une usine de petits pois. Pas une once d'humanité pour les employés non plus. Ce sont des « tueurs ». Marche ou crève. Ils renvoient pour faute grave le moindre employé qui les embête. Ou a le culot de réclamer des protections ou des biscottes. Ils inventent la faute, si besoin.


C'est une enquête sur 3 ans avec documents, témoignages, enregistrements que Victor Castanet a collectés pour la Justice. Pour les procès à venir.
Les grands dirigeants et probablement des hauts fonctionnaires du public vont être poursuivis.
Tout le monde est mouillé dans de l'argent sale, argent donné par ces familles pour leurs ainés, qui en sont morts,.
C'est une bombe.

Les témoins sont des anciens cadres de chez Orpea, des anciennes infirmières qui se sont fait renvoyer, aides soignantes, medecins, tous renvoyé pour délit de sale gueule, délit de grande gueule, délit de réclamations, délit d'humanité. et des gens encore en place qui en sont malades. Des gens qui témoignent en leur nom, ou anonymement à leur demande. Des familles. Que des gens effarés.

Les questionnaires de satisfaction des familles dont Orpéa se vante lors des réunions des actionnaires sont pour une bonne moitié écrits par les directeurs ou les cadres : la justification interne est que « de toutes manières les familles ne les renvoient jamais »… alors tout est pipeauté.

Achetez ce bouquin, c'est un concentré d'horreurs. À connaître pour les éviter, si possible, pour nos parents, grands parents ou nous-mêmes.

Ce qui m'a le plus choquée, c'est le management par les menaces, à tous les niveaux. On ne craint pas de pousser les gens jusqu'à la dépression. Marche ou crève, ça pourrait être leur devise.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Chaque page est encore plus atterrante que la précédente (et on en entendait sur les EHPAD depuis des années).

Un système comptable qui, jusqu'à l'os, va chercher le moindre profit, la plus petite économie, la meilleure rentabilité, une machine à cash bien rodée, et tout cela sur le dos de l'être humain, sans aucune considération, « on fait du parcage de vieux ».

Les seules choses qui comptent : le TO (taux d'occupation) et le NOP (net operating profit).

Des pouvoirs publics impuissants à contrôler un groupe devenu plus puissant qu'eux. Des pouvoirs publics complices avec un mélange des genres dérangeant, avec ces renvois d'ascenseur et les propositions d'emplois juteuses à la clé.

Des détournements d'argent public, de la fraude fiscale, des rétrocommissions opaques, des pratiques RH qui ne respectent aucune ligne du code du travail (même Bolloré peut prendre des leçons, c'est dire), faux et usage de faux, faux contrats de travail, fausses déclarations lors des contrôles, faux plannings, de l'exploitation, du mépris, un rouleau compresseur.

En 30 ans, les patrons d'EHPAD sont devenus millionnaires, du jamais vu au sein d'une profession.

Les mots qui viennent à la lecture sont : organisation criminelle, mafia, cupidité, rapacité, homicide…

Tout est permis pour faire le plus grand profit. Faut que ça crache !
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"C'est la version ultime de l'entreprise capitaliste"

Formidable enquête de Victor Castanet dont la version poche offre un bonus très instructif sur les coulisses et les moyens employés pour contrer le journaliste. Hallucinant.
J'ai bien fait d'attendre que l'onde de choc provoquée à parution il y a tout juste un an s'apaise. La lecture n'en est que plus choquante, percutante.
Ce qui se déploie sous nos yeux c'est la quintessence du système capitaliste ; ce que j'ai pu observer dans d'autres secteurs côté management, pilotage par les chiffres, violence latente par la contrainte et l'absurde prend ici une dimension horrifique qui donne souvent envie de vomir.

"C'est la version ultime de l'entreprise capitaliste"

L'auteur se garde bien de toute généralisation ou de tout raccourci mais la photographie qu'il prend de notre société n'est pas très jolie. Que penser d'un secteur soi-disant surveillé qui produit un nombre si élevé de multimillionnaires enrichis grâce à l'argent économisé (volé) sur des produits de soins aux résidents des Ehpad qu'ils gèrent, qui plus est payés par l'Etat (c'est à dire nous) ?

"C'est la version ultime de l'entreprise capitaliste"

Un système qui broie ses employés, les use jusqu'à la corde avant de les jeter brutalement. Qui profite des lacunes des organismes de contrôle, voire de la connivence de certains politiques dont les vues à très court terme prennent le pas sur la décence.

Voulons-nous vraiment d'un monde où le contrôleur de gestion est prince tout puissant au service des actionnaires rois ? Ce que nous montre ce livre c'est à quoi mène ce principe suivi à la lettre et à l'extrême. Et ce n'est pas très ragoûtant.

Ce livre est un fantastique travail d'enquête et de pédagogie, superbe exemple de ce que peut produire le journalisme d'investigation. Indépendant. Malgré les pressions.
Respect et admiration à celles et ceux qui ont témoigné à leurs risques et périls et continuent à se battre au quotidien.
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Edifiant. Choquant. Révoltant !! Même les mots semblent ne pas être assez forts pour exprimer le ressenti durant la lecture de cet essai « Les fossoyeurs » de Victor Castanet ayant pour sujet les pratiques scandaleuses du 1er groupe des Ehpad privés ORPEA.
Même après plus de 70 critiques, alors que tout a été largement résumé et commenté précédemment, il est pourtant nécessaire de continuer à en parler, et cela passe par les billets. Pour ma part durant ma lecture, je l'évoquais à bon nombre de mes connaissances, en le racontant de mon mieux et conseillant vivement cette lecture. Et ma voix était chevrotante d'émotion et de rage face aux pratiques immorales de ce groupe.

Le journaliste Victor Castanet a enquêté pendant 3 ans, réussissant à interviewer 250 témoins, souvent des anciens salariés du groupe (à tous les niveaux hiérarchiques), récupérant des documents (comptables, etc.), des enregistrements pour appuyer son investigation.
Enquête de longue haleine pour réussir à contacter ne serait-ce que des premiers salariés, réaliser des entretiens clés ou encore obtenir des documents essentiels à la compréhension des pratiques ; entretiens et documents qui ouvraient souvent une autre porte sur d'autres malversations du groupe. On mesure toute la difficulté de cette enquête, le courage des actuels et anciens salariés pour parler, témoigner, (notamment ceux qui acceptent que leur nom soit cité), lorsqu'on comprend le pouvoir de ce groupe, l'influence qu'il a, les manoeuvres employées pour faire peur et manipuler à tous les niveaux – des salariés, aux fournisseurs en passant par les organismes de contrôle…
En commençant ma lecture, j'avais déjà entendu parler des enquêtes réalisées par Mediapart, Envoyé Spécial et des scandales autour des Ehpad privés. On apprenait qu'ils avaient plus à coeur de faire du chiffre que de prendre soin de nos ainés (utilisant diverses méthodes : salariés en sous-effectifs, manque de matériels, de protections, repas réduits (les ‘'fameuses'' biscottes au nombre limité).
Mais, c'était bien loin de ce qu'on pouvait imaginer, bien plus grave et honteux. A chaque chapitre, Castanet nous révèle des pratiques qui me paraissaient tellement choquantes qu'il m'arrivait parfois de me croire dans une série télévisée des plus cyniques en plein coeur des mafieux, des JR qui pouvaient surgir dans n'importe quel couloir d'un établissement, laissant derrière eux des salariés terrorisés et usés, des personnes âgées maltraitées, des familles démunies, en colère, effondrées.

Les dirigeants du groupe Orpéa ne reculaient devant -absolument- rien pour faire des économies de quelques centimes. Faire du chiffre et ce, sans aucun scrupule, c'était le mot d'ordre. Une fois qu'on sait ça, on ne devrait plus s'étonner, et pourtant… En 35 ans, le groupe a réussi de manière machiavélique à affiner leurs malversations et trafics pour gagner toujours plus. A la tête d'Orpéa, le trio sans foi ni loi : le docteur Jean-Claude Marian (fondateur du groupe), Yves le Masne (DG du groupe) et Jean-Claude Brdenk (DGE).
Cela passait par le trafic des chiffres comptables, par des rétrocessions (RFA) sur le dos des aides de l'Etat (bref des résidents et de l'argent public), des manipulations des contrats (CDD), des fausses factures, des sous-effectifs, un nombre de lits supérieurs aux normes, un manque de soins allant jusqu'à la maltraitance des résidents, des licenciements à tour de bras des salariés les plus récalcitrants et ce, par l'intermédiaire notamment de « directeurs nettoyeurs » en passant par des lobbying politiques pour acquérir de nouvelles autorisations jusqu'à des contrôles de l'Etat via l'ARS peu efficaces (soit n'ayant pas assez de contrôleurs et de connaissances pour mener à bien ces contrôles, soit parce que les Ehpad sont prévenus suffisamment à l'avance pour avoir le temps de cacher toutes les fraudes, soit tout simplement par de « bonnes » relations que les dirigeants d'Orpéa ont su nouer avec certains institutionnels, au point que certaines demandes, plaintes restaient sans réponse !).

C'était plus que du malaise et de la révolte, c'était de l'écoeurement.
Un essai capital qui permet de comprendre en détails toute l'organisation du groupe Orpéa (mais le 2ème, Korian, prenait également le pas avec les mêmes pratiques)… On aimerait se dire que les choses vont changer, que les contrôles seront plus sévères et efficaces, que de tels dysfonctionnements et malversations seront désormais impossibles. On aimerait pouvoir le penser...
Il reste heureusement des journalistes tenaces, comme Victor Castanet, des lanceurs d'alerte, des salariés courageux (de l'aide-soignante au directeur d'Ehpad) pour témoigner ; des salariés qui, malgré le manque de moyens et de faibles rémunérations, ont à coeur de prendre soin des résidents, de nos ainés, de nous.

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Une enquête en tout point remarquable, courageuse qui met en lumière un scandale de plus, de ceux qui provoque l'aberration, l'inimaginable et surtout une immense colère envers une entreprise (ORPÉA et sa direction cynique, inhumaine), régnant sur le marché privé des maisons de retraites depuis trente ans. Et alors que les euros coulent à flots, nos ainés sont maltraités, livrés pour certains à eux-mêmes , à d'horribles souffrances (la fin de vie de Françoise Dorin en est le parfait exemple), tout cela parce que le Docteur Marian (le fondateur d''Orpea) et sa clique prive de moyens ses établissements, moyens matériels, personnels, tout est bon pour s'enrichir sur le dos de nos anciens. Dotations publiques détournées , remises de fins d'années honteusement exorbitantes, management ignoble (harcèlements, menaces, licenciements abusifs, ARS, élus ou hauts fonctionnaires complaisants (complices ?), tout y est savamment organisé, protégé, caché.
Victor CASTANET livre un travail journalistique passionnant, exigeant, édifiant, qui glace les sangs, qui doit être lu et dévoilé au plus grand nombre pour que nos fins de vies méritent bien mieux que leurs profits. le constat est terrifiant !
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