A priori, dans un couple, on peut dire non. Au lycée, on a eu une conférence sur la sexualité. Faut y aller seulement si les deux sont d’accord et qu’aucun des deux n’a d’ascendant sur l’autre. Mon corps est à moi. Pourquoi Mondjo dit toujours que je suis à lui ?
J’aime avoir dix ans, en vacances chez Jeanne, avec ses parents qui baissent d’un ton quand on entre dans une pièce alors qu’ils évoquent des sujets pouvant nous choquer, nous faire peur. On est des petites filles. On nous traite comme des petites filles.
J'ai envie que maman monte [dans ma chambre] et nous trouve là, dans les bras l'un de l'autre, qu'elle comprenne, dénoue les bras, dénoue les coeurs et les esprits, puis que nous quittions la pièce dans trois sens différents. Ou deux, si maman veut toujours de moi.
[ un peu plus tard ]
Il sort de table pour descendre aux toilettes. Qu'est-ce qui m'empêche d'attraper maman par le bras et de l'obliger à s'évader avec moi ? Pourquoi je n'arrive pas à lui dire "Viens, maman, viens vite, on s'en va, il faut que je te parle !" Pourquoi je ne peux pas crier avec les yeux, l'alerter, la secouer ?
On pourrait arrêter le sexe quelques temps, parce que j'ai de plus en plus mal, mais je n'ose pas le lui demander. On pourrait juste aller se promener, ou au cinéma, même dormir ensemble aux prochaines compétitions, mais on n'est pas obligés de le faire à chaque fois. A priori, dans un couple, on peut dire non. Au lycée, on a eu une conférence sur la sexualité. Faut y aller seulement si les deux sont d'accord et qu'aucun des deux n'a d'ascendant sur l'autre.
Mon corps est à moi. Pourquoi Mondjo dit toujours que je suis à lui ?
Quand l’amour a fini de donner les joues rouges, il donne les joues blanches, et les filles deviennent des fantômes. Parce que la nourriture ne passe plus, le secret prend trop de place dans le ventre.
Les mamans savent à peu près. D'instinct, elles devinent. À peu près.
Est-ce que j'ai le droit de préférer un garçon de mon âge ?
(p. 108)
Sur la porte de l'infirmerie [du lycée], une inscription indique "Frappez, je suis toujours là." Donc je peux y aller, entrer, tout dire à Mme Liota. Mais si on arrête maman pour mauvaise maternance ? Et si la police ne me croit pas ? Et si c'est maman qu'ils enferment ?
(p. 23)
Au lycée, on nous a parlé de prédateurs sexuels. Des gens qui prennent l’ascendant. Puis qui font des choses. Souvent des connaissances. Cousins, oncles, amis de la famille. Parents, tous proches de l’enfant. Mais moi, j’ai quinze ans et je ne suis plus une enfant. C’est différent puisque je vis une histoire d’amour au long cours. Un jour, avec Mondjo, on se mariera. On a commencé tôt, d’accord, mais on se mariera.
Je n'ai la liberté de rien, même pas celle de m'enfuir.