HUMANISME
Au sens philosophique, ce terme désigne l'attitude de pensée qui consiste à affirmer l'éminente valeur de l'homme, et d'abord l'invite à développer les virtualités qu'il porte en lui.
A la Renaissance, on a désigné du nom d'humanistes les traducteurs qui ont fait connaître à l'Occident chrétien, et les lui ont fait admirer, les œuvres littéraires, philosophiques, artistiques des Anciens, qui avaient cependant oublié la Rédemption du Christ. Cela explique que l'humanisme ait pu apparaître comme une réaction de libération à l'égard de la religion chrétienne. Cependant l'humanisme renaissant n'en a pas moins essayé de conjuguer les philosophies platonicienne et stoïcienne avec la foi judéo-chrétienne: la sagesse antique avec le personnalisme chrétien, la visée de la cité terrestre idéale avec l'avènement de la cité de Dieu toutes deux dépendantes du perfectionnement intellectuel et éthique de chaque homme. Espérance qui est encore celle au XVIIIe siècle d'un Montesquieu, d'un Rousseau et d'un Kant, avant que le basculement de la pensée des Lumières vers le matérialisme, sous l'impact des succès de la science moderne et de l'espérance de la maîtrise de la nature qui en découle, ne conduise l'humanisme à s'identifier à un progressisme, techno-scientifique et politique, lequel, en libérant l'homme des servitudes matérielles et sociales et des superstitions religieuses, doit le rendre automatiquement heureux et bon, ainsi que vers un athéisme et à un relativisme libertaires qui font de l'homme, l'unique créateur de ses règles de conduites et des finalités de sa vie. Ce qui va le conduire à se considérer comme une machine manipulable à merci et comme un démurge solitaire. Contradiction qui est au cœur de notre modernité et que l'homme tente d'oublier dans le nihilisme hédoniste individualiste et consumériste de la post-modernité.
Tout se passe comme si l'homme, dans la conquête de son autonomie intellectuelle et morale, ne pouvait, sans tomber dans l'anomie, récuser une part d'hétéronomie au sens de la visée et de la recherche pragmatique et raisonnée d'un possible éthique universel, naturel ou divin, partageable par tous. Pas plus que pour la science, l'homme ne semble pouvoir inventer entièrement sa morale. page 147